Comment les stations préparent l’avenir : l’exemple de Monts Jura

Avec environ une année sur trois sans neige, la moyenne montagne (soit 40 % des stations françaises) ne veut pas être condamnée pour autant. Dans les Monts Jura, le ski reste primordial. Mais les investissements en la matière doivent être réfléchis différemment pour ne pas dilapider l’avenir. Le domaine alpin de Lélex-Crozet, le plus emblématique du Jura, qui a aussi le plus gros dénivelé, est réparti sur deux versants distincts avec une liaison au sommet. Il s’apprête à muter… Voici quatre actions qui vont être mises en œuvre.

Les chiffres de la station

La station des Monts Jura

À 20 minutes de Genève, dans le Pays de Gex et sa station Monts Jura, on peut pratiquer le ski alpin sur trois domaines : Lélex-Crozet, Mijoux-La Faucille et Menthières. Et le nordique à la Vattay. Sur les 5 millions d’euros de chiffre d’affaires de la station, le domaine de Lélex-Crozet représente à lui seul 3,5 millions.

Le domaine Lélex-Crozet

  • 20 kilomètres de pistes et 21 pistes.
  • 53 hectares dont 33 avec de la neige de culture.
  • 10 remontées mécaniques dont 4 téléportés.
Photo Le DL/Catherine Mellier
Photo Le DL/Catherine Mellier

1. Investir massivement

La télécabine de Lélex, la Catheline, qui vous hisse de 900 m à 1 450 m d’altitude, va être remplacée… et raccourcie en 2026 d’après un premier calendrier. « Il y a une obsolescence programmée de l’infrastructure, avec un écart trop grand entre la réglementation d’aujourd’hui et ce type d’appareil », explique Laurent Thélène, ancien directeur du Syndicat mixte des Monts Jura (SMMJ), aujourd’hui consultant, qui a dévoilé le projet d’aménagement en réunion publique la semaine dernière. La gare d’arrivée positionnée à 1 450 m sera abaissée au niveau du départ du télésiège des Loges à 1 303 m. On pourra rejoindre le sommet en deux coups : télécabine plus télésiège. Quid de l’avenir du restaurant La Catheline ? Des contacts ont été pris avec les gérants assure Laurent Thélène. « Mais ça fait sens de garder un restaurant en altitude. »

« Aujourd’hui, sans l’aide de l’Agglo et du Département de l’Ain (à travers la compensation financière genevoise – CFG), la recette des forfaits ne sert pas à couvrir les frais de fonctionnement et d’entretien des Monts Jura. Mais on ne peut pas regarder que la rentabilité. La valeur ajoutée créée fait vivre plein de gens sur la montagne […] Avec le nouveau plan d’aménagement, le Département a promis un effort d’1,5 millions d’euros par an supplémentaire dans l’enveloppe CFG. »

Sur l’autre versant, face à Genève, on a la télécabine de Crozet de 35 ans d’âge qui est utilisée comme un ascenseur. À son arrivée un bâtiment panoramique est aujourd’hui fermé « et l’on pourrait imaginer un tas d’activités loisirs dedans. L’entrée de Crozet est importante. »

Du même côté, le Télécombi des Bergers, qui a coûté 8 millions d’euros au SMMJ en 2018, a un taux d’utilisation de 15 % (au lieu du double prévu). L’idée est de dynamiser ce secteur autour de l’unique piste de ski. « On a la nécessité absolue de maintenir la bascule entre Lélex et Crozet, mais c’est loin d’être simple car la piste jonction est exposée au vent et pas sécurisé en neige de culture. » Les travaux sur Crozet se feront en dernier, en 2027.

2. Continuer de miser sur le ski

« Imaginer l’extension d’un domaine skiable sur la moyenne montagne, ça n’existe pas. Aujourd’hui, si vous démontez des infrastructures, les PLU ne vous permettent pas de reconstruire, rappelle Laurent Thélène. Mais on considère que le ski est primordial ». Les espaces débutants de Lélex et de Crozet seront agrandis et améliorés, en optimisant le réseau de neige de culture. Ça passe aussi par la création de modules en bordure des pistes pour les rendre ludiques.

3. Développer les quatre saisons

En raccourcissant la télécabine de la Catheline, l’objectif est de pouvoir la faire fonctionner toute l’année avec plus d’agilité, même avec des vents soutenus, dans l’optique d’une station quatre saisons. Les principales remontées mécaniques sont déjà équipées pour monter des VTT.

Le projet prévoit de créer plusieurs aires contemplatives, notamment au sommet pour profiter du plus beau panorama de la station. Car aujourd’hui on est obligé de mettre les fesses dans la neige ou sur la terre en été. « Ces aires de détente ou pique-nique font pleinement partie des attentes des clients ». On pourrait les voir arriver dès 2025. De même, des espaces ludiques (comme un toboggan randonnée) sont prévus en 2026.

« Dans ce plan à 30 millions d’euros, il n’y a rien de figé. Le Département de l’Ain et Pays de Gex Agglomération ont donné leur feu vert, mais la commune reste souveraine dans la décision qui conduira à une révision du plan local d’urbanisme et des études d’impact. »

Photo Le DL/Catherine Mellier
Photo Le DL/Catherine Mellier

4. Fermer des sites

Enfin, l’optimisation des moyens passe par la fermeture d’un site : celui de Menthières au-dessus de Valserhône, avec ses trois pistes et trois remontées mécaniques. Le SMMJ a souvent maintenu le site fermé les derniers hivers, par manque de neige, de personnel ou de moyens. Un projet de reprise de la petite station familiale, par une association (La Menthérante), se dessine. Une gestion qui ne pourra pas garder le télésiège, juste les téléskis du bas et le tapis débutants.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus