« Aujourd’hui, les aspirations ont changé », analyse Christophe Suszylo, le vice-président de l’Isère en charge de l’attractivité et du tourisme, à l’occasion de la présentation de la saison hivernale 2024/2025.
« Ralentir son rythme et se ressourcer »
Face au dérèglement climatique, Isère attractivité affiche une volonté politique clairement plus décarbonée, pour être en accord avec la désaisonnalité de ses activités touristiques. « Si le ski demeure l’activité prisée et le moteur principal de nos stations, le temps des vacances en montagne, c’est aussi expérimenter des sensations engageantes physiquement pour ralentir son rythme et se ressourcer », expose Christophe Suszylo.
Cet hiver, l’Isère n’aura jamais autant diversifié son offre pour répondre à ces nouvelles attentes, plus nature, pour pratiquer cette montagne autrement. Et paradoxalement, jamais non plus le niveau d’investissements n’aura été aussi fort que dans ces massifs en transition.
Le « autour du ski » est une priorité
Tous les regards sont braqués sur la prouesse technique de Sata Group Aeon, qui avec son nouveau téléphérique 3S du Jandri pour accéder au glacier des Deux Alpes, dont l’ouverture est prévue en décembre, se place comme l’un des premiers investisseurs dans les Alpes françaises. Ce qui révèle que le ski, au-delà de 2 500 m, n’est pas fini. Au total, la saison dernière, les domaines skiables ont réalisé 162,9 M€ de recettes et enregistrés 5,1 millions de journées skieurs.
Et plus bas, quand la neige ne tombe plus ou moins ? La menace n’est pas que climatique, elle devient économique. Les stations de moyenne montagne n’ont plus le choix de la transition quatre saisons. Le « autour du ski » est devenu une priorité. Et l’Isère entend bien surfer sur « cette quête de nature et d’authenticité, de simplicité. Des marqueurs forts », soulève le premier de cordée d’Isère Attractivité.
L’Isère deuxième département avec le plus de dénivelé
Comment devenir ce territoire inspirant pour l’évolution du tourisme en montagne ? L’Isère a trouvé la formule, « ça commence par changer d’altitude ». Et son atout : être le deuxième département français avec le plus de dénivelé, 3 954 mètres. « Aujourd’hui, tout se vit entre 134 m, les bords du fleuve Rhône et 4 088 m, le pic Lory dans les Écrins » a lancé Christophe Suszylo.
Du hors ski à toutes les altitudes
La transition était parfaite pour les stations qui ont pu dérouler leurs nouveautés et incontournables de l’hiver. En résumé, la tendance est à la « reconnexion » à soi ou avec sa famille. On cherche une destination montagne pour ralentir, se dépasser mais pour mieux se retrouver. Si les stations confortent leurs activités neige, elles tentent aussi de développer et déployer des équipements et des animations hors ski et à toutes les altitudes. Chamrousse, en décembre, inaugure sa nouvelle luge sur rail et renforce son domaine nordique de l’Arselle pour en faire un camp de base.
Prendre de la hauteur ne suffit plus
Prendre de la hauteur ne suffit plus, les journées ski tournent en dessous de quatre heures, la clientèle vient à la montagne pour pouvoir faire du yoga au sommet des pistes d’Oz, partir en raquettes pour observer les chamois aux Deux Alpes ou sous les étoiles pour éveiller ses sens au col de Porte, bivouaquer sur la glace aux lacs Robert à Chamrousse, participer à une rando piano à Saint-Pierre-d’Entremont en Chartreuse, téléca’diner au soleil couchant à Vaujany ou marcher dans les pas des pisteurs pour comprendre les coulisses d’un domaine skiable…
Une diversification des séjours qui séduit puisque l’hiver dernier, l’Isère a enregistré 7 millions de nuitées, soit près de 60 % de son activité touristique.
C’est en 1955 que la station est inaugurée. Un rêve construit dès 1951 par la Société pour l’aménagement du massif d’Allevard (Sapama), créée par une poignée de passionnés du Ski club allevardin. Ils avaient acheté un fil à neige, premier remonte-pente transportable en attendant des jours meilleurs nommés Collet d’Allevard.
C’est cette belle histoire que la saison 2024/25 va célébrer en mode rétro glisse. Monoski, ski ballet et acrobatique vont débarquer sur les pistes. Et puis pour les 70 ans, la Grande Odyssée (course de chiens de traîneau) se met à la portée des enfants qui auront leur course rien que pour eux.
Le Jandri, star des remontées mécaniques
Niveau d’investissements, Sata Group Aeon tape très fort cet hiver. C’est dans l’Oisans que l’on a le plus investi dans la montagne : 148 M€. L’exploitant de L’Alpe d’Huez, des Deux Alpes et de La Grave décroche le titre de premier investisseur dans les Alpes françaises. Cet hiver 2024/25, s’annonce canon pour son DG, Fabrice Boutet.
Cet hiver, l’endroit où être pour le ski, c’est l’Oisans ?
« Je ne vais pas vous dire le contraire ! On a de vraies et belles nouvelles propositions tant dans le confort, dans la rapidité à atteindre nos sommets que dans la capacité à accueillir l’ensemble de nos clients ».
Plus qu’une remontée, le Jandri, à vous entendre, c’est une expérience ?
« C’est une première mondiale, imaginée pour traverser les 50 prochaines années. Sept pylônes au lieu de 17 sur 6,4 km, c’est une prouesse technique inégalée à ce jour. Et puis avec une capacité de 3 000 pers/h, on réduit le temps d’attente et le trajet, 17 minutes au lieu de 40 pour atteindre 3 200 m ».
Ce 3S boucle un long chantier restructurant du domaine de près de 3 ans ?
« On aura refait la télécabine de Super Venosc, trois télémix Les Diables, Belle Étoile et Vallée Blanche, un secteur abandonné où l’on a créé une piste verte, et revu toutes les zones d’apprentissage sur le bas de la station ».
Au tour de l’Alpe d’Huez maintenant ?
« 120 M€ vont être engagés sur l’ensemble du domaine. On a attaqué le chantier de la télécabine du Pic Blanc. La colonne vertébrale de l’Alpe d’Huez, à l’image du Jandri pour les Deux Alpes. Cette remontée va être entièrement repensée. Toute la mécanique a été rénovée. Cet hiver, on s’attaque à la modernisation de gare 1, les deux autres suivront l’hiver prochain pour faciliter l’embarquement, et de nouvelles télécabines 54 au lieu des 51 (de 20 places dont 10 assises) viendront remplacer les anciennes ».
Article issu du Dauphiné Libéré