Incivilités : une « petite bombe à retardement » pour le ski de fond

Pour la première fois de son histoire cinquantenaire, Haute-Savoie Nordic va lancer cet hiver une campagne de lutte contre les incivilités et pour le respect des sites de ski de fond et de ceux qui s’en occupent.

“À chacun son espace” sera décliné sous forme d’affichage dans les domaines nordiques volontaires. Une formation à la gestion des conflits va également être proposée aux pisteurs-secouristes, qui sont en première ligne pour affronter les comportements délétères d’une partie des usagers de la montagne.

Ski de fond
Ski de fond

« La volonté d’enfreindre les règles »

Tout comme les alpagistes observent impuissants des randonneurs pénétrer sans aucune gêne dans leurs enclos, Haute-Savoie Nordic dresse des constats alarmants.

Une “hausse des comportements individualistes, agressifs, la volonté d’enfreindre les règles […] L’affirmation de la volonté d’une montagne libre, sans payer, appartenant à tous, une montagne sans contraintes dès la sortie de la voiture ou du parking.”

« Du personnel qui rechigne à venir travailler »

« C’est un sujet majeur pour toute la filière qui encadre l’outdoor et un vrai enjeu pour nous : on a déjà du personnel qui rechigne à venir travailler » affirme Matthieu Desprat, le directeur de l’association qui regroupe 25 domaines nordiques du département de la Haute-Savoie.

Il n’hésite pas à parler de « petite bombe à retardement » pour le ski de fond, confronté au risque de voir des propriétaires de parcelles privées sur lesquelles sont tracées les pistes en refuser l’accès, et des conseils municipaux « prendre des arrêtés de plus en plus durs. »

Le revers de la médaille des années Covid

De quoi s’agit-il ? D’incidents devenus tellement fréquents qu’ils ont incité Haute-Savoie Nordic à lancer, au printemps 2024, un groupe de travail chargé de plancher en urgence.

L’association n’a pas de chiffres pour étayer les faits qui lui sont rapportés. « C’est un constat empirique, mais c’est une réalité » souligne Matthieu Desprat.

La hausse des incivilités est -en partie- le revers de la médaille des années Covid, qui ont vu des citadins avides de grand air affluer en montagne. « Ils n’ont pas les codes et nous, nous n’avons pas été bons » estime le directeur de Haute-Savoie Nordic.

Certains incidents sont banals, mais aggravés par la surfréquentation pendant les belles journées enneigées d’hiver : c’est le piéton ou le promeneur en raquettes, qui ne sait pas lire un balisage et qui marche sur les pistes réservées au ski nordique, ruinant le travail des pisteurs et mettant les skieurs en danger.

Prévention et pédagogie

D’autres sont plus inquiétants : quand un contrevenant, promeneur, vététiste ou même automobiliste en 4×4, se montre agressif avec l’employé qui lui fait remarquer qu’il n’a rien à faire ici.

Les domaines nordiques proches de grands bassins de population, comme Chamonix, les Glières ou le Semnoz, sont ceux qui, selon l’association, rencontrent le plus de problèmes. Concrètement, Haute-Savoie Nordic veut faire de la prévention et de la pédagogie, « pour rappeler que chaque activité a son domaine et sa signalisation. »

Un bilan sera fait au printemps 2025 et permettra l’an prochain de créer des outils, panneaux ou visuels, adaptés aux besoins.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus