La Bérarde en juin, Thame en août.
En deux mois, deux villages ont successivement été rayés de la carte pour la même raison : la rupture d’un lac glaciaire
À la base, la formation d’un lac glaciaire
On distingue plusieurs types de lacs glaciaires.
Le retrait glaciaire et son amincissement sont à l’origine de ceux que l’on retrouve à l’extrémité basse du glacier et sur ses flancs. L’eau vient remplir les cuvettes formées dans le processus. Ils sont donc directement liés au dérèglement climatique.
Mais pour ceux qui peuvent se former en son sein ou à la surface, comme ce fut le cas du lac de Bonne Pierre en amont de La Bérarde, le lien est indirect.
Une menace dure à surveiller
En haute montagne, ces lacs sont nombreux et se sont multipliés à cause du retrait glaciaire. « Mais ils ne sont pas forcément dangereux », précise Christian Vincent, glaciologue à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE) à Grenoble.
« Par image satellitaire, ils sont faciles à repérer, mais il est impossible de savoir s’ils représentent une menace », témoigne-t-il. Pour le déterminer, il faut réaliser des études de terrain complexes, qui demandent des financements. Et chaque situation peut évoluer rapidement.
La solidité des barrages, un enjeu décisif
Massive flooding in Thame of Solukhumbu. Locals fear of glacial lake outburst flood in Everest region. pic.twitter.com/8D31tJRm3w
— Bhadra Sharma (@bhadrarukum) August 16, 2024
Leur dangerosité provient de la fragilité du barrage qui les retient. S’il cède, la vidange peut être subite. Ce seront alors des milliers de mètres cubes d’eau qui se déverseront vers les vallées, entraînant des crues torrentielles.
Et certaines barrières ne sont pas forcément solides. Celles des barrages situés en aval des glaciers se composent de matériaux morainiques, qui peuvent être sans cohésion entre eux
Une épée de Damoclès sur les populations
Le barrage peut alors céder sous la pression de l’eau ou de l’érosion, si le lac vient à déborder. Il en va de même lorsque le glacier prend le rôle du barrage. L’eau peut également s’infiltrer dans des chenaux internes au glacier.
« S’il y a des populations ou des infrastructures en aval, les lacs glaciaires constituent une très grosse menace », reprend Christian Vincent.
La Bérarde, comme Thame, peuvent en témoigner.