Depuis la crue torrentielle dévastatrice du 21 juin, une épaisse couche de pierres et de sable recouvre le hameau de La Bérarde dans l’Oisans. Les images des maisons éventrées, comme de la chapelle, ont eu un écho retentissant en France et au-delà. Pour tous ceux qui ont parfois perdu leur maison et/ou leurs commerces, la dimension est intimement plus douloureuse.
« Pour tous, ce fut violent »
Habitants mais aussi amoureux du site, ils sont nombreux à être réunis au sein de l’association “Les Amis de La Bérarde” créée dans les années 60. Ils sont reconnaissants envers les services de secours « qui ont été exemplaires », touchés aussi par « le nombre de messages incommensurables de soutien ».
Il y a quelques jours, avec d’autres habitants, encadrés par les gendarmes et les sapeurs-pompiers, Lucie Neyraud, également trésorière de l’association, a pu se rendre sur place pour récupérer quelques affaires, voir sa maison, son restaurant, se confronter à cette réalité. « Pour tous, ce fut violent ».
Sur la commune de Saint-Christophe-en-Oisans, le site est interdit d’accès par arrêté préfectoral et de nombreuses études ont été lancées qui détermineront l’avenir du site. Dès à présent, l’association interpelle les services de l’État, le Département, la Région, la Communauté de communes, la commune, les élus… avec un unique message : « Aidez-nous à reconstruire La Bérarde en lieu et place ».
Lucie le dit autrement : « On veut garder le village là où il est », pas à gauche, pas plus bas, pas ailleurs. « Chaque secteur a une identité » : avant le pont, après le pont, le bas, le haut… « En sept siècles, c’est la première fois qu’un tel phénomène se produit ». Certes, il sera un marqueur pour ce village qui, par son implantation au sein du massif des Écrins, est le point de départ des plus belles courses alpines.
« La Bérarde, c’est une grande famille, on se serre les coudes »
Tout en ayant conscience des aléas et des contraintes, « on veut qu’on nous permette de reconstruire, que ce ne soit pas fini », insiste Lucie. De nombreux acteurs sont déjà mobilisés pour imaginer un devenir. « Nous sommes intégrés au débat, notamment avec les services de l’État. Nous revendiquons le droit d’être acteurs de notre futur et demandons à être associés à toutes les réunions organisées par les différentes entités étatiques mais aussi associatives », explique Lucie. « C’est notre village ».
La solidarité est aussi au cœur de leurs actions. Il est possible de participer à une cagnotte en ligne. « La Bérarde, c’est une grande famille, on se serre les coudes ». Dans ce contexte inédit, « on ne veut pas qu’on nous oublie ».
Article issu du Dauphiné Libéré