Côté vacances, l’été s’annonce bon en France, particulièrement dans le Sud-Est. La montagne se hissant au 2e rang des destinations. Mais les professionnels devront composer avec le pouvoir d’achat et la tentation de l’étranger…
Le tourisme français a bien entamé 2025. La montagne, malgré un mois de mars compliqué, sort d’une belle saison , et le littoral a pris le relais. D’après le baromètre EasyVoyage, 55 % des vacanciers français mettent le cap vers la mer ce printemps. Avec cinq week-ends à rallonge, rarement calendrier n’avait été si propice. Témoin, le 1er mai, des bouchons monstres pour parvenir aux plages de Camargue.
+25 % de réservations pour la Drôme
Côté tourisme vert, Drôme et Ardèche, en pointe sur le secteur, enregistrent déjà une hausse à deux chiffres à Pâques et pour les ponts de mai, malgré une météo mitigée. Et pour l’été, tous les indicateurs sont à la hausse, avec un prometteur +25 % de réservations pour la Drôme.
Un optimisme que confirme le baromètre du Cabinet G2A conseil, établi fin mars. Sept Français sur dix partiront cet été (contre six l’an dernier) et près d’un sur deux a déjà réservé. La part des indécis diminue, mais hélas 10 % de nos compatriotes ne changeront pas d’air, pas même dans la famille ou chez les amis.
Si la mer capte toujours les deux tiers des vacanciers (64 %), la montagne avec 14 % des intentions de départ (9 % en 2024) s’ancre au deuxième rang des destinations estivales, devant la campagne et surtout au détriment de la ville qui chute. Effets durables de la période Covid ? Pas seulement. « La croissance des massifs est une tendance au long cours qui remonte même avant les crises. Les gens ne partent pas moins mais font des arbitrages permanents » explique Denis Maurer, patron de G2A.

« Une station comme Tignes est un modèle »
On parle de grand air, de distanciation, de retour à la nature, mais le principal avantage concurrentiel de la montagne reste le prix. « Sur le plan économique, c’est le territoire le plus intéressant. À 300 euros, vous pouvez louer un appartement sympa quand ça monte à 2000 euros à la mer ». Dans les résidences de tourisme et villages vacances, le FNRT, le syndicat de la branche, on note un écart de 30 % de prix. Du côté de Protourisme, autre vigie du secteur, Didier Arino salue les efforts de diversification en montagne, « une station comme Tignes est un modèle », mais aussi de la commercialisation d’opérateurs comme le club Med pour mieux vendre l’altitude.
L’observatoire Protourisme est lui moins optimiste sur le taux de départs des Français sur l’ensemble de l’année, relevant un léger tassement après les années record de 2022 : 62 % contre 67 %. « Mais rien de grave et la situation varie selon les régions » selon Didier Arino qui pointe la hausse des départs de Français hors de nos frontières. « Un des retours aux classiques avant Covid, avec le succès du Maghreb ».
Mais les visiteurs étrangers sont eux dans une bonne dynamique, soutenant pour l’heure la croissance. Et les régions du Sud-Est devraient être les grandes gagnantes. On assiste au retour de vieux réflexe d’avant Covid. « Les gens cherchent le soleil et le mauvais temps l’été dernier a impacté l’ouest et les refuges fraîcheurs », estime Didier Arino.
Plutôt août que juillet
Du soleil mais pas trop brûlant. Pour Denis Maurer, les clientèles du nord de l’Europe risquent de se détourner de l’Espagne, grande concurrente, au bénéfice du sud de la France, où les canicules sont plus supportables. La Côte d’Azur croît de 3 % par an depuis trois ans.
Côté comportement, même si les Français ne semblent pas disposés à sacrifier leurs vacances, ils regarderont à la dépense. « Les prix ont augmenté de 27 % en quatre ans et le pouvoir d’achat n’a pas crû dans les mêmes proportions » observe Didier Arino. Les vacanciers privilégieront encore août à juillet. Et l’écart se creuse. La deuxième semaine d’août devient la plus réservée et la dernière, naguère calme, est prise d’assaut.
Quid des Américains ?
Côté réservations, à noter une double tendance: à l’anticipation très en amont ou en dernière minute. Ce qui profite à la montagne. En cas de canicule sur le pays, au vu de la météo à quinze jours, l’altitude est souvent le bon plan B. Pour l’heure nos deux régions sont bien placées. En Auvergne-Rhône-Alpes, les carnets des meublés enregistrent une belle avance et G2A observe une hausse de 1 % sur l’hébergement marchand. Pour le sud, c’est encore plus. Le locatif semble progresser encore en France, quand le camping retrouve un peu des couleurs (+1 %). Les résidences de tourisme progressent aussi, plus encore à la montagne (+3 % en juillet, +2 % en août) qu’à la mer (+2 juillet et -0,5 %) selon la FNRT.
François de Canson, président d’ADN, association française des agences touristiques régionales, mise sur la clientèle internationale au fort pouvoir d’achat. Les Américains en tête. « Ils ne devraient pas subir d’effet Trump ». Les arrivées aériennes en provenance du Nouveau monde sont en hausse de 6 % ce printemps. Didier Arino sent lui un ralentissement de la croissance des visiteurs d’Outre-Atlantique et redoute de voir pointer chez ces voyageurs le sentiment de la « honte d’être américain » qui pourrait constituer un frein au départ.
Article issu du Dauphiné Libéré