Massif des Écrins : découvrez le nouveau refuge du Pavé

Le Pic Nord des Cavales, le Pavé, le Pic Gaspard. Autant de sommets qui font rêver les alpinistes. Avant, ils passaient la nuit dans un refuge en tôles avec de rudes conditions à la clé. Avant, la gardienne vivait dans un confort sommaire avec une chambre qui faisait office d’entrepôt pour la nourriture.

Deux ans de travaux

Désormais, un nouveau refuge est sorti de terre après deux ans de travaux , à une centaine de mètres de l’ancien. Il aura mis deux ans pour être construit et surtout trois pour bien étudier le risque d’avalanches. Il a été inauguré le 27 août dernier.

« C’est avec beaucoup d’émotions que nous inaugurons le refuge du Pavé. Nous avons quand même mis une soixantaine d’années pour nous décider et construire celui-là ! Il a fallu trois ans d’études techniques, un alignement des dossiers financiers et administratifs pour qu’il sorte de terre », se réjouit Nicolas Raynaud, coprésident de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM). Les étés ensoleillés ont aussi permis d’avancer dans les temps, sans que l’hélicoptère soit empêché de voler et les ouvriers de travailler.

Si les dossiers techniques ont mis du temps à déterminer l’emplacement et la forme de ce refuge, c’est à cause de la crainte des avalanches pouvant subitement le raser. « Il a fallu en construire trois pour en garder un » rigole a posteriori Arnaud Murgia, président du parc national des Écrins.

L’ancien refuge démonté en septembre

En effet, le premier refuge avait été rasé par une coulée, avant même son inauguration il y a cinquante-quatre ans. La cabane de chantier construite à l’époque avait servi de refuge… jusqu’en 2023. Elle sera démontée avec l’aide de bénévole du club alpin français en septembre.

Tout au long des travaux, les employés du parc national des Écrins ont veillé à ce que la base chantier n’empiète pas trop sur l’environnement. Les déchets qui peuvent s’envoler, les sacs héliportés moitié remplis, la conformité du refuge avec les plans… autant de surveillance rapprochée pour limiter l’impact des travaux sur cette aire protégée.

Cyril Coursier, technicien du parc dans le Briançonnais, présentait lors de cette journée une trouvaille surprenante datée de la fin d’année 2023 : une nouvelle espèce de diatomées, inconnue jusqu’alors, sorte de microalgues jaunes ou brunes trouvées dans le lac pro-glaciaire du Pavé.

Dans le même temps, FFCAM, la gardienne du refuge Pauline Muller et le Parc signaient la charte pour une gestion exemplaire du refuge sur la zone cœur.

Une construction onéreuse

La construction du refuge du Pavé a été décidée dans le cadre du plan de rénovation, voté en 2017 par la FFCAM, pour moderniser ses ouvrages en montagne. Son montant, situé aux alentours de 2,6 millions d’euros, a été financé par des prêts, la mutualisation des recettes des nuitées des autres refuges, des subventions publiques provenant notamment du fond national d’aménagement et de développement du territoire.

« La tendance inflationniste du prix de matériaux, l’héliportage… ont fait monter le coût global, à environ 85 000 euros la couchette » explique Niels Martin de la FFCAM. « La durée d’amortissement est énorme, presque 40 ou 50 ans, c’est-à-dire que le refuge sera amorti dès qu’il faudra à nouveau le rénover. »

Pauline Muller. Photo Le DL/Ugo Petruzzi
Pauline Muller. Photo Le DL/Ugo Petruzzi
Ce qu’en pense Pauline, la gardienne

Pauline Muller, gardienne du refuge du Pavé, connaît déjà le nouveau refuge. Elle le garde depuis juin 2024. Véritable pile électrique, son énergie déborde pour gérer les 30 nuitées permanentes dans cet environnement de haute montagne, avec son aide-gardienne.

Et il y en a besoin : « Le refuge est complet tout juillet et août. Avec la Bérarde fermée, on est passé du simple au double en termes de fréquentation comme les refuges du glacier Blanc et des Écrins. »

En cette journée d’inauguration du 27 août, il faut non seulement préparer les houmous de betterave, tapenade et autres plats végétariens mais aussi assurer l’accueil du soir.

Elle est secondée par son copain, Robin, qui vient régulièrement lui rendre visite et donner un coup de main. Les deux se réjouissent d’être dans ce cadre somptueux. Ce changement de décor le fait rire : « On dépasse le plus haut sommet des Aravis ! »

Avant, Pauline était gardienne du refuge de la Pointe percée (Haute-Savoie) lui aussi récemment rénové. « C’est le même type de système, je connais bien le fonctionnement de ce type de refuge. On a du solaire thermique pour chauffer, des panneaux solaires pour l’électricité et un ballon tampon alimenté par granulés de bois. » Seul problème qu’elle devra dépasser, l’espace de stockage est exigu : « il va falloir l’agrandir pour accepter les ravitaillements mensuels ».

Une pensée pour Lucie

Lucie Gauthier était l’ancienne gardienne du refuge en tôles du Pavé. Docteure en physique des particules puis accompagnatrice en montagne avant de finalement devenir gardienne du refuge du Pavé, elle était devenue amoureuse du coin.

À 38 ans, elle est décédée le 8 janvier 2024. « Dans ce monde si minéral, on ne pouvait rester indifférent au sourire et à la chaleur de l’accueil de Lucie » écrit ainsi la FFCAM.

Une pensée pour la vallée sinistrée de la Bérarde

Les refuges du parc des Écrins sont vulnérables face aux conséquences de plus en plus désastreuses du réchauffement climatique. « On ne peut pas partager le bonheur du refuge du Pavé sans penser à un village entier qui a tout perdu et dont les habitants ne savent pas s’ils pourront y retourner. »

Arnaud Murgia, visiblement ému, pense à la vallée voisine dont les laves torrentielles ont englouti le village et coupé le refuge du Promontoire du reste du monde. Il se situe juste derrière le col le col du Pavé et n’est plus accessible qu’à pieds.

Article issu du Dauphiné Libéré

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