Bivouac, nuit à la belle étoile… Nombreux sont ceux qui ont déjà observé l’exceptionnel ciel étoilé du Vercors. Entre l’altitude et les hauts plateaux inhabités, il faut dire que le territoire s’y prête bien. En juillet 2023, le Parc naturel régional du Vercors obtient le label Réserve internationale de ciel étoilé, délivré par Dark sky international, une association américaine dédiée à la préservation de l’environnement nocturne. Loin d’une simple récompense, ce label est le fruit d’un travail de longue haleine des différents acteurs du territoire.
Emmanuel Jeanjean est chargé de mission transition énergétique au PNR. En charge de la Rice, celui-ci revient sur le travail mené depuis des années contre la pollution lumineuse. « Cela fait une quinzaine d’années que l’on essayait d’accompagner les communes sur le sujet. Cette notion de label permettait de structurer les choses sur le territoire », explique-t-il. Pour être labellisé, il fallait que trois critères particuliers soient remplis : une qualité de ciel nocturne très spécifique, des efforts fait sur le territoire pour la préserver, ainsi que des projets de sensibilisation et d’animations sur ces questions.
Les Hauts-Plateaux du Vercors, zone cœur de la réserve étoilée
« On a dû faire un dossier de candidature très conséquent. Où chaque point d’éclairage public, à peu près 4 100 ici, devait être identifié par exemple. Dans une Rice, il y a une zone cœur, suffisamment grande où la nuit est très noire. Cela se prêtait bien à la réserve nationale des Hauts-Plateaux. Puis une zone périphérique, où il n’y a pas d’obligation de qualité du ciel mais des obligations de rénovation de l’éclairage public et de réduction de la pollution lumineuse. Celle-ci couvre 39 communes », développe Emmanuel Jeanjean.
Pour réduire la pollution lumineuse, le Parc a incité les communes à se rapprocher du syndicat Territoire d’énergie pour rénover leur système d’éclairage public. Pour faciliter les choses plusieurs financements complémentaires ont été mis à disposition, qui ont permis une prise en charge des coûts jusqu’à 80 % pour certaines communes. Taille des lampadaires, optimisation de la surface à éclairer, réduction de l’éclairage, extinction… Les syndicats et les communes avaient tout un panel d’options pour rénover l’éclairage public. Pour ce qui est de l’éclairage privé (commerçants, copropriété, entreprises) plusieurs actions de sensibilisation et d’incitation ont aussi été mises en œuvre. « Outre les effets environnementaux, cette réduction de la pollution lumineuse a aussi permis une baisse considérable de la facture énergétique des villes », selon Emmanuel Jeanjean.
80% des communes du Vercors éteignent l’éclairage public la nuit
Maintenant que la labellisation est obtenue, le PNR se doit de rendre un rapport annuel à Dark sky international. Pour le chargé de mission, « la Rice est plus un commencement qu’un aboutissement ». De nombreuses structures sont engagées pour faire vivre cette réserve de ciel étoilé : le PNR, les syndicats d’énergie et les communes mais aussi la Région et le Département pour le financement, ainsi que des associations d’astronomie et de protection de la faune pour la sensibilisation et les animations. Au sein du Parc naturel régional, c’est 80 % des communes qui éteignent l’éclairage public la nuit. « Et bientôt 100 % », annonce Emmanuel, soucieux d’étendre la zone périphérique à l’ensemble du PNR dans les prochaines années.
En lien avec le PNR de Chartreuse, l’Espace Belledonne et la Métropole de Grenoble, le PNR du Vercors organise depuis quatre ans le Mois de la nuit en octobre. Entre randonnées nocturnes, spectacles et conférences scientifiques, les territoires mettent en avant la sensibilisation à la pollution lumineuse et la protection de l’environnement nocturne.
Article issu du Dauphiné Libéré