Pourra-t-on encore skier en 2050 aux 7 Laux et au Collet d’Allevard ?

Pourra-t-on encore skier en 2050 ? Cette question-là, toutes les stations de ski se la posent sous l’effet du changement climatique. Avec Climsnow, Les Sept Laux et le Collet d’Allevard, ont, mi-février, eu un début de réponse lors du conseil communautaire du Grésivaudan. Une séance inédite qui s’est ouverte sur une présentation très attendue des résultats de l’étude Climsnow commandée par Le Grésivaudan.

L’étude Climsnow comme base de travail

Le territoire cherche à se projeter d’ici 2050 et évaluer la fiabilité de l’enneigement de ses stations communautaires. Alors aura-t-il ou non dans les prochaines décennies intérêt à investir dans la neige de culture ? L’étude Climsnow lui offre des pistes de réflexion scientifique. Aux élus et exploitants des domaines de s’en emparer, mais cela méritait une sérieuse explication de textes de la part des experts du climat et de l’aménagement de la montagne qui l’ont menée.

Mi-février, les 30 minutes de vulgarisation étaient plus que nécessaires et devront être encore approfondies. Parce que le modèle créé effectivement par Météo France, l’Institut de recherche pour l’agriculture, l’environnement, et l’alimentation (Inrae) et le cabinet Abest (anciennement Dianeige) voilà 10 ans reste complexe.

Le chiffre : 8,5

Il s’agit du coefficient d’un des scé­narios établis par les clima­tologues du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le RCP 8.5. C’est le pire. Et c’est celui sur lequel se base l’étude Climsnow. Le RCP désigne des trajectoires possibles de concentrations de gaz à effet de serre. En clair si ce RCP8.5 se réalisait, le monde serait plus chaud de 5 ou 6 °C en 2100. Le scénario noir pour le climat.

Les 7 Laux. Photo OT Belledonne-Chartreuse
Les 7 Laux. Photo OT Belledonne-Chartreuse

Pour simplifier, imaginez un simulateur de conditions d’enneigement capable de s’adapter aux projections climatiques à partir des derniers scénarios du Giec, et cela depuis une échelle mondiale jusqu’à du très local : le massif de Belledonne.

Près de 190 stations françaises sont déjà passées sous les radars de Climsnow. Autant dire que l’outil s’est affiné. Et « cet un outil d’aide à la décision » insiste Xavier Tranchant, du cabinet Abest et porte-parole du consortium Climsnow, est un solide appui parmi tous les scénarios climatiques, et notamment les plus pessimistes.

Toutes les spécificités du territoire ont été étudiées

L’objectif de Climsnow est d’apporter des éléments tangibles à cette montagne aménagée qui s’interroge sur les trajectoires qui s’offrent à elle, concernant l’évolution de son enneigement naturel et artificiel. Sur la base d’un historique de conditions d’enneigement observées entre 1986 et 2015, elle s’adapte à chaque domaine skiable et massif. C’est tout l’intérêt. Toutes les spécificités du territoire ont été étudiées : son altitude, son exposition, ses niveaux de pente, sa météo, son damage pour pouvoir analyser en finesse les chutes de neige naturelle, leur évolution dans les années à venir mais aussi pour se projeter sur l’enneigement artificiel, donc la capacité des stations à produire de la neige sur des secteurs identifiés.

Le Collet-d'Allevard. Photo Le DL/Stéphane Pillaud
Le Collet-d'Allevard. Photo Le DL/Stéphane Pillaud

En 2050, le ski sera possible mais sous conditions

Est-ce que l’on skiera encore en 2050 aux Sept Laux et au Collet d’Allevard en 2050 ? Les études et projections 3D présentées par Carlo Carmagnola, chercheur à Météo France montrent que le ski sera possible mais sous conditions. « Sur les parties basses lors de saisons défavorables (et elles seront plus fréquentes) il faudra compter sur la production de neige pour assurer la viabilité de la saison ». Donc il faudra installer plus de canons à neige, remonter des fronts de neige, démonter des équipements… Et avoir une sacrée agilité pour jongler avec les périodes de froid indispensables pour assurer un manteau neigeux.

Point positif, les acteurs concernés ont désormais un outil d’aide à la décision pour orienter leur stratégie sur du long terme : 25 ans, en économie, c’est une sacrée chance. Le comité stations et l’observatoire environnemental peuvent travailler sur ces bases solides. Quid de la ressource en eau maintenant. La neige sans eau, mission impossible. Le Grésivaudan est un réservoir naturel, mais il agite les conflits d’usage. Et ces tensions ne vont pas baisser. Cet enjeu de l’eau dépasse les domaines skiables. D’où cette prochaine étude climeau pour conforter les stratégies futures d’aménagement.

Article issu du Dauphiné Libéré

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