Ressource en eau et neige de culture : une étude pionnière à Valloire

On connaissait Climsnow, le modèle créé par Météo France, l’Institut de recherche pour l’agriculture, l’environnement et l’alimentation (Inrae) et le cabinet Dianeige. Ces experts du climat et de l’aménagement du territoire peuvent désormais évaluer la fiabilité de l’enneigement à l’échelle d’une station et l’intérêt d’investir dans la neige de culture. Il restait un angle mort : quid de la ressource en eau impactée par le climat au milieu et à la fin du siècle ?

Photo Le DL/Thierry Guillot
Photo Le DL/Thierry Guillot

« La neige sans l’eau c’est une hérésie »

Un modèle existe et il a été présenté le 18 septembre à l’assemblée générale des directeurs de services de pistes (ADSP), à La Clusaz. Eric Viallet son président est bien placé pour en parler puisque Valloire, la station dont il dirige le domaine, a été pilote. « L’enjeu dépasse les domaines skiables mais concerne bien l’industrie touristique d’une station ». Et donc tous les usages à commencer par l’eau potable à disposition d’une population démultipliée en haute saison.

« La neige sans l’eau c’est une hérésie » explique le directeur des pistes de la station savoyarde. La réflexion est apparue lors des discussions entre la SEM Valloire, l’exploitant du domaine, et la commune au moment de lancer des investissements de neige de culture. L’étude commanditée par la communauté de communes Maurienne Galibier a été réalisée conjointement par Météo France et EDF, avec une ingénieur hydrologue. Elle s’inspire du modèle du producteur d’électricité pour la construction de ses barrages et la prévision de leur remplissage. De quoi donner une vision consolidée de ce que sera la ressource à l’échelle de la station en 2035-2055 et 2080-2100.

À Valloire, la neige de culture consomme 0,01% de la ressource

Pour établir ces prospectives, il a fallu établir la ressource actuelle et son évolution depuis 30 ans. « Le rapport porte sur cinq points de prélèvement, dont l’eau potable, la neige de culture et la confluence du ruisseau avec l’Arc » indique Eric Viallet. Et il s’avère que la consommation pour produire de la neige pèse 0,01 % de la ressource totale disponible. Bien évidemment l’étude confirme que les périodes de fontes vont changer, intervenant plus tôt au printemps. « Mais les volumes d’eau annuels ne vont pas varier. Ce qui change c’est le rythme et la temporalité des pluies. L’étude à Valloire est plutôt optimiste même s’il y a des sujets de réflexions. »

Et dans les scénarios climatiques les plus pessimistes (RCP 8.5, jusqu’à 5,5° de plus), des tensions pourraient survenir non pas en hiver mais fin août début de septembre, entre sollicitation par la fréquentation touristique pour l’eau potable et remplissage des retenues. « Le cadre de l’étude est reproductible mais évidemment les résultats varieront selon la géographie et la topographie. Valloire n’est pas une vallée glaciaire, mais a de gros réservoirs d’eau. »

Une commune comme Chamonix (Haute-Savoie) qui a lancé une étude comparable, avec un cabinet spécialisé. D’autres devraient suivre.

Article issu du Dauphiné Libéré

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