Il faut déneiger. Rouvrir et entendre ces bruits familiers, le grincement de la porte, des fenêtres encore engourdies. Rallumer le chauffage, les lumières. Tester les différentes parties techniques du bâtiment. Remettre en eau. Et, au passage, découvrir les conditions de ski. Plusieurs gardiens de refuges d’altitude se sont remis en selle depuis le 15 mars.
Plusieurs établissements du Briançonnais, de l’Oisans et des Écrins sont concernés par le gardiennage de printemps pour la pratique du ski de randonnée, en haute altitude : le refuge de Chamoissière, Adèle-Planchard, le Pavé, la Selle, l’Alpe de Villar-d’Arêne, le Promontoire, l’Aigle, les Écrins, le Glacier Blanc. Certains sont privés, d’autres appartiennent à la Fédération française des clubs alpins et de montagne, ou encore à la Société des touristes du Dauphiné.
« Les conditions sont plutôt bien pour passer les cols »
Guillaume Mercier garde le refuge Adèle-Planchard depuis cinq ans. Pour lui, cette réouverture représente « le début de la saison, le retour dans les refuges, la découverte des conditions là-haut. Je suis monté une première fois en fin de semaine dernière [semaine 10, NDLR]. Les conditions sont plutôt bien pour passer les cols. Ça passe mieux que certaines années. Mais, il y a moins de neige que l’année dernière ».
Adèle-Planchard, le deuxième refuge le plus haut perché du massif des Écrins, se situe à 3169 mètres d’altitude. Il est l’une des premières étapes du tour de la Meije, à skis. Le refuge a été rénové l’année dernière, lors de l’été 2024, période pendant laquelle l’établissement a été fermé au public. « Le bâtiment historique a été conservé, mais il y a eu une rénovation des huisseries, des travaux d’étanchéité, d’isolation et une grande baie vitrée a été ouverte dans la salle principale », décrit le gardien. « On a aussi rajouté un système de chauffage à granulés et des panneaux photovoltaïques. Nous avons gagné en confort. »
Un peu plus bas, au refuge de l’Alpe de Villar-d’Arêne, la gardienne Mélanie Martinot a démarré sur les chapeaux de roues. Elle est déjà sur place, accompagnée d’une dizaine de personnes pour l’aider. « Nous sommes montés lundi 10 mars, par hélicoptère, en même temps que les charges, qui nous permettront de tenir environ 1,5 mois. » Pendant la saison du printemps, ils vont travailler à cinq, du 15 mars au 4 mai. L’équipe sera également épaulée par Talko, un chien formé pour la recherche en avalanche avec Mélanie Martinot, également diplômée et monitrice de ski de randonnée.
« Le déneigement, c’est ça qui est un peu la surprise lorsqu’on arrive là-haut »
Plusieurs travaux ont été menés dans ce bâtiment : « Nous avons changé un poêle à bois, refait une cheminée tombée à l’automne lors d’une tempête. Nous avons installé une pico-centrale l’année dernière. On essaie de refaire une cuisine aussi », note-t-elle.
L’équipe a déneigé, refait chauffer le bâtiment, rangé la nourriture. « Nous sommes en train de finir les derniers aménagements pour que, samedi, les premiers randonneurs puissent dormir convenablement », espérait-elle quelques jours avant.
Cette réouverture nécessite du travail en amont : gérer les réservations, répondre aux questions des clients sur les conditions, préparer le matériel, les denrées. Un héliportage doit se dérouler le 20 mars pour la plupart des autres refuges.
« Généralement, le déneigement, c’est ça qui est un peu la surprise lorsqu’on arrive là-haut », rappelle Guillaume Mercier. Le gardien va monter la veille de l’héliportage, avec des amis qui vont lui apporter leur aide. « L’année dernière, il y avait beaucoup de neige. Cette année, ce n’est pas la neige le souci, c’est plutôt la remise en route de tout le bâtiment, avec les parties techniques, comme la mise en eau », détaille-t-il.
Une quarantaine de refuges dans les Hautes-Alpes
« Au printemps, nous n’avons pas d’eau courante, nous travaillons avec de l’eau de fonte. Nous avons mis en place plusieurs systèmes pour faire fondre l’eau, un peu expérimentaux. Il faudra maintenant les essayer. Si on arrive à limiter les bouteilles d’eau, c’est bien. » Le système de plomberie ainsi que le chauffage électrique vont également être testés : « On espère qu’il n’y aura pas de surprise, mais j’ai bon espoir. Nous étions présents sur le chantier, nous avons testé les systèmes. Mais, l’hiver est passé par là, il peut toujours y avoir des incertitudes », résume-t-il.
Le territoire des Hautes-Alpes abrite plus d’une quarantaine de refuges regroupés dans les secteurs de la Haute Romanche, du Briançonnais, de La Clarée et du Thabor, des Écrins, du Queyras et du Champsaur-Valgaudemar.
Article issu du Dauphiné Libéré