Depuis le 27 août 2023 et l’effondrement de la falaise du Freney, aucun train n’est entré en gare de Modane depuis la France. Le trafic de fret ferroviaire est à l’arrêt entre France et Italie, les liaisons TER s’arrêtent à Saint-Michel-de-Maurienne avec des prolongations par car, qui peinent aussi à maintenir un semblant de liaison entre Paris et Milan, Lyon et Turin, dans des conditions très dégradées.
Annoncée pour l’automne 2024, la réouverture de la ligne a été repoussée une première fois à la fin de l’année, une deuxième à la fin du premier trimestre, et il semble que ce soit la bonne. Mais voilà que les élus locaux apprennent que sitôt rouverte, la voie sera à nouveau fermée, « sur l’ensemble du tronçon Chambéry-Modane », écrit la Communauté de communes Haute-Maurienne Vanoise (CCHMV), pour deux à trois mois, à l’été 2025. Il s’agirait de terminer les travaux de “régénération” de cet itinéraire.
Une double peine incompréhensible
La CCHMV s’ouvre, sans détour, de ce projet auprès d’Emmanuel Macron : cette fermeture saperait la reprise de l’activité commerciale à Modane, très affectée par l’absence de trains depuis plus d’un an ; elle gênerait l’activité touristique estivale, perturberait à nouveau les déplacements quotidiens des Mauriennais tout juste redevenus normaux, réduirait à néant les efforts de la vallée pour privilégier un accès de la clientèle par le train.
La Maurienne avait apprécié la réactivité de SNCF Réseau, lorsque l’entreprise nationale avait choisi de profiter de l’interruption forcée, depuis août 2023, pour anticiper ses fameux travaux de régénération, à l’origine prévus pour 2025, et ceux de sécurisation du tunnel ferroviaire historique du Mont-Cenis. Elle comprend moins cette nouvelle annonce, d’autant que d’autres solutions existent.
D’autres créneaux possibles ?
La députée (LR) de la 3e circonscription de Savoie Émilie Bonnivard en a livré deux à Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau : retarder d’un mois la réouverture prévue mi-mars pour avancer ces travaux de régénération qui semblent n’être pas terminés, et/ou les décaler en 2026, quand une fermeture d’un mois sera de toute façon nécessaire pour les besoins du chantier de la nouvelle ligne Lyon-Turin. La CCHMV, pour sa part, suggère une mesure complémentaire : procéder aux travaux sur une seule voie à la fois, pour permettre malgré tout un écoulement du trafic.
Ce que demandent avant tout les élus locaux et la députée et conseillère régionale, c’est un peu d’anticipation : « il ne me semble plus envisageable que ces sujets soient traités sans aucune marge de manœuvre, parce que trop tardivement », écrit Émilie Bonnivard. IL en va aussi, estime-t-elle, de la santé des opérateurs ferroviaires, voyageurs et fret : ils « ont besoin de donner de la visibilité à leurs clients, et ce n’est pas en fermant la voie trois mois après l’avoir rouverte qu’ils y parviendront ».
Article issu du Dauphiné Libéré
