Le charme du paysage se dévoile le long des 28 km de rails exploités par le Train de l’Ardèche. À bord de la voiture panoramique, ce matin de juillet, des familles avec enfants mais aussi des chiens, qui sont les bienvenus. Ils font partie des 100 000 visiteurs par an qu’attire le train. Le vélorail fait déplacer 50 000 personnes. L’attraction séduit aussi des étrangers avec près de 25 000 croisiéristes annuels.
Jadis, un itinéraire stratégique
Cette portion entre Saint-Jean-de-Muzols et Lamastre fait partie du réseau du Vivarais de près de 200 km qui reliait l’Ardèche et la Haute-Loire entre 1891 et 1968. « Un enjeu stratégique », précise Pierrick Géranton, directeur du Train de l’Ardèche. À l’époque, le train transporte essentiellement des marchandises (vivres dont la châtaigne et les produits de l’élevage mais aussi du bois pour les mines) et des hommes dont des élèves. « Certains voyageurs qui ont entre 70 et 90 ans aujourd’hui, l’ont pris lorsqu’ils étaient écoliers », souligne Pierrick Géranton. La ligne a aussi permis de développer l’agriculture et les territoires. Aujourd’hui, le musée en gare de Tournon/Saint-Jean permet de retracer cette histoire.
Une vingtaine de trains classés monuments historiques
Entre 1969 et 2008, la portion du Mastrou a été ouverte pour le tourisme, avant une fermeture administrative. En 2010, le Département veut relancer l’attraction. Le groupe Kléber Rossillon est retenu pour l’exploitation, il remet en service le vélorail en 2011 et le train en 2013. Les trains qui circulent sont tous anciens (entre 1890 et 1940, 1980 pour certains autorails) et une vingtaine est classée monuments historiques. Certains sont ardéchois mais d’autres viennent de Bretagne et de Suisse. Ils sont désormais entretenus dans l’atelier de Lamastre. Les locomotives Mallet (châssis articulé pour les courbes) construites en 1903 et 1932 ont été conçues spécialement pour la ligne et sont le fruit de l’invention de l’ingénieur franco-suisse Anatole Mallet.
➤ Le Mastrou (28 km entre Tournon/Saint-Jean-de-Muzols et Lamastre) est le trajet complet à la journée. Il est aussi possible d’emprunter : Le Lamastre express (aller en autorail et retour en train vapeur dans la matinée), le Boucieu vapeur (14 km jusqu’à Boucieu-le-Roi) et le train des gorges (8 km jusqu’à Colombier-le-Vieux).
➤ Trains thématiques : des vins (samedi 5 août et 2 septembre), western tous les mercredis soir (du 26 juillet au 23 août), du marché (tous les mardis du 18 juillet au 22 août).
➤ Quatre parcours vélorail de 8 à 20 km sont proposés.
➤ Réservation conseillée. Train de l’Ardèche, 111, route du Grand Pont, à Saint-Jean-de-Muzols. Tel.04.75.06.07.00 et www.trainardeche.fr
De la culture et de l’art en plus de la vue
Il n’y a pas que les locomotives et les wagons qui sont remarquables. Le tracé de la ligne est sinueux pour respecter les 164 courbes du paysage dont 52 en rayon très serré. La voie est métrique pour mieux circuler (écartement de 1 mètre contre le standard actuel de 1,44 m). Le long du parcours, 187 ouvrages d’art se dévoilent : viaducs, tunnels, ponts, murs de soutènement. Parmi les plus remarquables, le grand pont, non loin de la gare de départ, dont la construction s’est achevée en 1483. À l’époque son arche était la plus grande d’Europe. Mais aussi, le tunnel de Mordane, long de 256 m, est taillé dans le roc des roches métamorphiques. Enfin, le pont des étroits marque l’entrée de la partie la plus encaissée des gorges du Doux. Le paysage au départ fait de gorges évolue au fil du voyage vers des plaines et châtaigneraies. Le tout bercé par le sifflement du train.
Prolongez le plaisir à pied comme à vélo
La découverte touristique peut se prolonger en dehors du train en choisissant de venir pédaler sur les vélorails et pourquoi pas découvrir le village de caractère perché de Boucieu-le-Roi ou en dégustant les produits locaux au marché de Lamastre. Les plus sportifs peuvent aussi embarquer à bord du train avec leur vélo (5 900 accueillis par an) pour effectuer une boucle en empruntant l’une des voies douces qui ont pris la place des rails redonnant une nouvelle vie à ce tracé.
Article issu du Dauphiné Libéré