« L’Alpe d’Huez des Pyrénées »: quelle est cette ascension au programme du Tour de France 2025 ?

Au cœur des Hautes-Pyrénées, surplombant la vallée d’Argelès-Gazost, une route solitaire grimpe vers un plateau d’altitude, battu par les vents et ignoré des foules estivales. Son nom ? Hautacam. Une station de ski modeste en hiver, mais une véritable bête de montagne pour les cyclistes. À elle seule, cette montée incarne une forme de défi pur : celle d’un effort sans fard, d’une ascension sans les artifices des grands cols touristiques.

Cette montée peut être considérée comme la deuxième la plus difficile des Pyrénées, côté français, après le col du Tourmalet. « Hautacam, c’est l’Alpe D’Huez des Pyrénées », expliquait il y a quelques semaines Luc Leblanc (premier vainqueur d’étape sur le Tour de France en 1994) à La Nouvelle République des Pyrénées.

Une montée rude, irrégulière, exigeante

La montée vers Hautacam débute réellement à Ayzac-Ost, à quelques kilomètres au sud d’Argelès-Gazost. Elle s’étire, selon tracé du Tour de France 2025, sur 13,6 km pour 1 064 mètres de dénivelé positif, avec une pente moyenne de 7,8 %. Sur le papier, rien d’insurmontable. En réalité, Hautacam est redoutée pour son irrégularité : oubliez les cols pyrénéens au profil bien dessiné, ici la route semble avoir été posée directement sur le relief, sans arrondi ni transition.

Certains kilomètres flirtent avec les 12 à 13 %, tandis que d’autres redescendent brièvement, juste assez pour relancer le cardio. La route semble tester votre mental autant que vos jambes. Un piège pour les coureurs mal préparés, et un terrain de jeu pour ceux qui aiment l’imprévu.

Un col à part, entre isolement et sauvagerie

Contrairement à ses voisins célèbres (Tourmalet, Aubisque, Aspin…), Hautacam n’est pas un col : c’est une montée en cul-de-sac, terminée par une station paisible, perchée à 1 520 m d’altitude. Cette particularité géographique renforce la sensation d’isolement. Peu de circulation, peu d’activité : la route semble exister uniquement pour les cyclistes.

Les premiers kilomètres se déroulent sous une canopée fraîche, jusqu’au village de Labatsus. Puis, au fil de l’ascension, la vue se dégage. Les pâturages s’ouvrent, les estives apparaissent, et les vaches viennent parfois saluer les grimpeurs d’un œil placide. En haut, le paysage devient presque lunaire, fait de pelouses d’altitude et de silence.

Un théâtre du Tour de France

Malgré son isolement, Hautacam a su se faire une place dans la légende du Tour. Depuis son apparition en 1994, elle a été gravie six fois par les coureurs du Tour de France. Chacune de ses apparitions a marqué les esprits :

  • 1994 : première ascension mythique, où Luc Leblanc remporte l’étape devant Bjarne Riis.
  • 1996 : cette fois, Bjarne Riis s’impose à Hautacam. Avec le maillot jaune sur les épaules.
  • 2000 : Javier Otxoa, échappé solitaire, remporte l’étape malgré le retour féroce de Lance Armstrong. Un an plus tard, victime d’un accident de la route, il devient une figure tragique du cyclisme. Ricardo, son frère jumeau, est tué. Javier survit avec de graves séquelles.
  • 2008 : Hautacam redistribue les cartes du classement général. Frank Schleck prend le maillot jaune, Cadel Evans s’effondre.
  • 2014 : Vincenzo Nibali frappe un grand coup sous la pluie, dans une ambiance crépusculaire. Il consolide son maillot jaune et assoit sa domination sur l’édition.
  • 2022 : après sa victoire au col du Granon dans les Alpes lui ayant permis de prendre la maillot jaune, Jonas Vingegaard remporte sa deuxième étape sur cette édition dans les Pyrénées à Hautacam. Ce jour-là, il prend encore plus d’une minute à Tadej Pogacar, assurant ainsi sa première victoire finale à Paris.

 

À chaque fois, Hautacam fait des écarts. Elle ne pardonne ni les jours sans, ni les mauvais calculs.

Tour de France 2025 : l'étape Auch - Hautacam

L'arrivée de la 12e étape du Tour de France 2025 le jeudi 17 juillet aura lieu dans la station d'Hautacam. Après un départ d'Auch dans le Gers, les coureurs entreront dans les Pyrénées et escaladeront le col dol du Soulor et celui des Bordères avant la montée finale. Cette année, l'ascension vers Hautacam est classée hors-catégorie.

Nos conseils aux cyclistes amateurs

  • Pour qui ? Cette montée est réservée aux cyclistes entraînés, ou à ceux qui prennent le temps. Ne cherchez pas le chrono : grimpez à votre rythme, en respectant vos sensations.
  • Quand grimper ? Entre juin et septembre, pour profiter de conditions sèches et de températures acceptables. Évitez les jours de forte chaleur : l’absence d’ombre en altitude peut rendre la fin d’ascension étouffante.
  • Quel braquet ? Un développement compact (du 39×25 au 34×25) est conseillé. Le pourcentage irrégulier impose de quoi mouliner dans les passages les plus raides.
  • Ravitaillement ? Aucun point d’eau entre le départ et l’arrivée. Pensez à vous équiper en conséquence. Un café ou restaurant peut parfois être ouvert à la station, mais ce n’est pas garanti.

 

Bonus pour les acharnés : redescendez et enchaînez avec Luz-Ardiden, le Soulor-Aubisque, ou même un aller-retour vers le Tourmalet depuis Luz-Saint-Sauveur. Le terrain de jeu est infini autour d’Argelès.

Une montée pour se retrouver

Grimper Hautacam, c’est accepter de sortir des clichés. Pas de lacets photogéniques, pas de cyclistes en masse, pas de sommet mythique. Juste une route qui monte, durement, sauvagement, sincèrement. Ici, le combat est intérieur. La montagne est là, mais elle ne dit rien. Elle observe, impassible.

Et lorsque vous atteignez enfin le dernier replat, face à l’herbe rase et au ciel ouvert, un silence s’installe. Pas celui de la foule, mais celui du cœur apaisé. Hautacam se mérite et c’est ce qui la rend inoubliable.

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