Situé sur la route des Grandes Alpes, reliant la vallée du Beaufortain à celle de la Tarentaise, le Cormet de Roselend est un incontournable des cols de Savoie.
Le seul commerçant autorisé au sommet
Incontournable, Lino Gelfi l’est également. Cela fait 34 ans qu’il conseille, ravitaille et “accueille” les randonneurs, motards, cyclistes et automobilistes. À 1 968 mètres d’altitude, il est le seul commerçant à être autorisé à s’installer avec sa remorque remplie de fromages, saucissons, sandwichs et autres boissons… Il est considéré comme “le gardien du Cormet”.
Voilà plus de trois décennies que l’homme de 78 ans passe presque cinq mois de l’année, de mi-mai à mi-octobre, en haute altitude. « Ici, c’est ma vie, sourit l’Italien de naissance. Je suis là 7 jours sur 7, dès 6 heures matin pour fournir les premiers randonneurs et je redescends en début de soirée. »
C’est aussi lui qui s’occupe des toilettes publiques situées à quelques mètres et du ramassage des déchets. Alors le Cormet (qui signifie col en patois), il le connaît mieux que personne. Des récits et anecdotes, il en a plein la tête.
À commencer par ces dizaines de touristes à la recherche du barrage de Roselend. C’était encore le cas, ce jeudi 11 juillet, pour ce couple de Suisses en provenance de Bourg-Saint-Maurice. « Sur internet, on a vu qu’il y avait un lac mais on a dû passer à côté », s’exclament-ils. « C’est un barrage, répond Lino. Vous descendez pendant quatre kilomètres et vous l’apercevrez ». « On ne pourra pas le rater ? ». Impossible !
- Accès : perché à 1 968 mètres, le Cormet de Roselend permet de relier les communes de Beaufort via le barrage de Roselend à l’ouest, et de Bourg-Saint-Maurice via la vallée des Chapieux au sud-est. Il est franchi par la route départementale 925 côté Beaufortain et par la route départementale 902 côté Tarentaise.
- Pour les cyclistes : depuis Beaufort, il faut compter 20,3 kilomètres d’ascension avec une pente moyenne de 6,5 %, et 19,4 kilomètres de montée (5,9 %) depuis Bourg-Saint-Maurice.
- Le barrage : construit entre 1955 et 1962, le barrage de Roselend, situé à 1 553 mètres d’altitude, est l’un des plus célèbres de France. Long de 804 mètres et d’une hauteur de 150 mètres, il possède une retenue de 185 millions de m3. Il fournit de l’énergie électrique pour 450 000 habitants.
- Randonnées : le Cormet de Roselend est le point de départ de nombreuses randonnées permettant de découvrir la vie des alpages. L’une des plus spectaculaires est celle du Rocher du Vent.
- Commerces : Lino Gelfi est l’unique commerçant à être présent au sommet du col. D’autres sont situés, deux kilomètres plus bas, au niveau du Plan de la Lai, mais également à proximité du barrage, juste après le col du Méraillet.
Des paysages de carte postale
Ce barrage, offrant des paysages de carte postale, c’est ce qui attire des milliers de touristes chaque année. Le Cormet de Roselend, c’est aussi le paradis des motards. « En août, on en compte près de 4 000 par jour. Les Allemands sont ceux qui ont les plus belles motos », souligne le commerçant. La contrepartie, c’est le nombre assez élevé d’accidents.
À quoi s’ajoute une problématique : l’absence de réseau téléphonique pour prévenir les secours. « Beaucoup de touristes s’en plaignent. Il faut redescendre au niveau du Plan de la Lai. » Mais Lino Gelfi, habitué des lieux, a trouvé la solution en cas d’urgence. « Il y a une pierre à 200 mètres de là. C’est le seul endroit où ça passe correctement. »
Toute la journée, le Savoyard voit également défiler les cyclistes, plus ou moins connus. « Cette année, j’ai croisé Romain Bardet qui s’entraînait après le Tour d’Italie. On a pu discuter quelques minutes. » Julian Alaphilippe a également été aperçu sur les routes du Cormet. Quand ce n’est pas le peloton du Tour de France… Dans son histoire, il a été franchi à 14 reprises par les coureurs de la Grande Boucle. « Je ravitaille les touristes qui viennent plusieurs jours à l’avance », s’amuse Lino Gelfi.
« 30 centimètres de neige en plein mois d’août »
Le Cormet, c’est aussi un cadre enchanteur, des espaces de verdure, des sommets enneigés et un climat très changeant. « Il y a deux ans, on avait eu 30 centimètres de neige en plein mois d’août, se rappelle-t-il. Deux jours après, il n’y avait plus rien. » La météo est souvent capricieuse : « Les orages sont très violents, avec beaucoup de vent. En revanche, lors des canicules, on est mieux ici qu’en vallée. »
À 78 ans, Lino Gelfi se voit remplir ce rôle de gardien du Cormet encore quelques années, « même si je ne vais pas travailler toute ma vie ». Aujourd’hui, il fait plus que jamais partie du décor.
Article issu du Dauphiné Libéré