Les Bronzés font du ski : le planté de bâton, le télésiège, le cochon… ce qu’il s’est vraiment passé dans les scènes cultes

Le film commence par l’arrivée « tonitruante » dans la station de Bernard et Nathalie, Gérard Jugnot et Josiane Balasko récupérant leur appartement de la Daille, encore occupé.

Jean Dubois alias Buddy, le guide-moniteur qui encadrera le tournage en haute montagne, avait prêté sa R20, avec laquelle le couple sans gêne emboutit une voiture sur le parking. « Je ne me souviens plus si c’est celle sur laquelle on a pissé ». Car il en fallait une deuxième identique, celle de Monsieur Météo, Gilbert Seldman (Bruno Moynot) pour la scène où Jugnot se trompe de voiture et urine sur la serrure gelée de ce voisin souffre-douleur. C’est la famille Bozzetto (parents du surfeur olympique Mathieu), gérant le garage Renault local, qui l’a fournie.

Planté de bâton : 11 impacts dans la combinaison du moniteur !

Fernand Bonnevie, devenu le moniteur le plus célèbre de France, depuis qu’il a eu pour élève Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), a refusé d’être doublé dans la fameuse scène du planté de bâton. L’équipe avait placé une plaque de liège sous sa combinaison. Mais Michel Blanc a dû s’y prendre à plusieurs fois pour lui planter son « arme » dans le dos. Témoin, les onze impacts dans la combinaison que Serge, le fils de Fernand, conserve religieusement chez lui.

Le cochon dans une malle, pour finir en saucisson

Le cabinet de Jérôme, le médecin, a été aménagé dans un appartement dont les propriétaires ne savaient pas qu’il accueillerait un cochon. Le personnage incarné par Christian Clavier non plus, découvrant « Copain » allongé sur sa table d’auscultation. « On avait acheté le cochon, on s’était acoquiné avec un vétérinaire qui l’avait anesthésié et nous avait prévenus : c’est comme dans Cendrillon. Passé une certaine heure il va se réveiller et redevenir citrouille », témoigne le réalisateur Patrice Leconte. « Par sécurité on l’avait ficelé et transporté discrètement dans une malle de costume. On n’avait pas l’accord de la copropropriété et il pesait 100 kilos. » Mais les minutes passent et la bête sort de sa léthargie. Ses spasmes effrayent Clavier qui ne surjoue pas quand il ponctue la séquence d’un « Bouffez-le votre cochon ! » devant ses propriétaires le couple Guilain. « Il avait la trouille » dixit Leconte. Quant à Copain, ne pouvant rejoindre ses congénères après le tournage il a fini en saucisson.

Un Clavier peut en cacher un autre

Stéphane Clavier. Photo Le DL/Thierry Guillot
Stéphane Clavier. Photo Le DL/Thierry Guillot

C’est la veille pour le lendemain que l’acteur Roland Giraud, appelé à la rescousse suite à une défection, incarne « Monsieur Camus », le « mari de la Bordelaise », que Popeye a rendu cocu et qui vient s’expliquer sur le stade de slalom, au pied de la piste Oreiller Killy. 1h30 de présence bénévole. Suffisant pour décontenancer le bellâtre qui en oublie son chronomètre. Et va décevoir son copain Jérôme qui le lendemain se fait « piler » au critérium des médecins. Ce n’est autre que Stéphane Clavier, frère de Christian et moniteur de ski, qui le double pendant l’épreuve. Une véritable course dans laquelle le tournage s’est immergé.

La solitude de Michel Blanc sur le télésiège

Jamais il ne pourra rejoindre en altitude celle avec qui « il doit conclure », le poissard Jean-Claude Dusse. Au point que le conducteur du télésiège éteigne l’appareil sans le voir. « Ce fut dur pour Michel. Il a passé des heures de nuit là-haut, il faisait un de ces froids, -15 ! Et on devait changer l’emplacement des caméras » raconte le réalisateur. « Par un système de cordes, on lui faisait passer des grogs, du potage. Mais le hic c’est que Michel Blanc a le vertige, dès qu’il monte sur un tabouret. » C’est un ami de Stéphane Clavier qui le double lors du saut amorti par la poudreuse. Reste son cri dans la nuit : « Quand te reverrais-je ? »

Balasko freestyle

C’est le moment où la dépose en hélico hors-piste commence à virer au cauchemar. Nathalie se déboîte l’épaule lors d’une gamelle. Elle avait prévenu avant de s’élancer : « La neige elle est trop molle pour moi et c’est trop dur ». Josiane Balasko est d’abord doublée par une monitrice, dont on a rembourré la combinaison pour qu’elle prenne les formes généreuses de l’actrice. Sauf que la doublure ne fait pas l’affaire. « Elle faisait exprès de tomber, on n’y croyait pas du tout, raconte Leconte. Finalement on a laissé Josiane qui débutait en ski se vautrer lamentablement dans la neige, et la scène est excellente. »

Fondue et refuge : fous rires paralysants !

« Des moments où tu te mords la lèvre et tu tiens le coup. Il ne fallait pas grand-chose pour que ça pète ». Leconte a le souvenir de passages compliqués à tourner tant les acteurs, Thierry Lhermitte et Christian Clavier « l’œil qui frise » sont au bord du fou rire. On le voit à leur rictus, quand Maurice Chevit, alias Marius, fabricant de perruques, qui met son fil dentaire dans la fondue, raconte sa blague sur le « bouc roux » confectionné pour de Gaulle. Et dans la soirée au refuge. L’Italien à la mandoline, était devenu la risée de la bande, pendant que les ébats expansifs de ses camarades dans le dortoir étaient censés provoquer la gêne dans le réfectoire. Bruno Moynot en rit encore : « Il en faisait des caisses avec sa mandoline ! »

La gnôle : un crapaud en plastique

Trouvant refuge chez des paysans savoyards, l’équipe se voit obligée de boire cette liqueur d’échalote relevée au jus d’ail agrémentée d’un crapaud séché. En réalité la bestiole est en plastique et donne un goût bizarre à l’eau dans la bouteille. Chazel s’effondre, Jugnot s’époumone, Blanc se colle une tartine sur le front, Popeye s’accroche à son épaule et Clavier a un haut-le-cœur : « Ça déboucherait une chiotte ». Une improvisation gestuelle quand les dialogues sont très écrits. Leconte et son chef opérateur pleuraient de rire. La scène « culte » était initialement prévue pour le Père Noël est une ordure (Elle figure d’ailleurs dans la pièce). Après le gâteau Klug et les doubitchous de Sofia, douceurs roulées sous les aisselles, inspirées par les origines slaves de Josiane… Balaskovic, Preskovic, le voisin casse-pieds apportait son alcool imbuvable venu de l’Est. Normal que son interprète, Bruno Moynot, qui, dans le Bronzés, fait la pluie et le beau temps à la télé, se régale du breuvage. Et déclare au bord de l’extase : « C’est goûtu, ça a du retour. »

Dépose en héliski : la réalité rejoint la fiction

C’est la séquence phare. La dépose en hélicoptère en pleine montagne, avec vue imprenable sur la dent du Guignol et la coulée du Grand Bronze (Ne cherchez pas sur une carte). Elle s’est d’abord tournée à près de 3000 m d’altitude sous la Grande Sassière, à la frontière italienne, en face de Tignes. Et dès le premier jour l’équipe s’est fait surprendre par le jour blanc puis les nuages. Le guide Jean Dubois, alias Buddy se souvient d’une entreprise hasardeuse. « J’avais 20 personnes et l’hélico n’a pas eu le temps de venir récupérer tout le monde en rase-mottes sous le brouillard ». Certains en Moon Boot descendront une partie à pied jusqu’au vallon. Les plus nuls à ski, Blanc, Balasko, Chazel s’engouffrent dans la dernière rotation de la machine. Mais Jugnot, Lhermitte et Clavier suivent Buddy dans la gorge de Nant Cruet. « C’était le printemps, la neige était transformée avec le soleil et la zone était avalancheuse. On a pris des distances de sécurité. Puis j’ai attendu la fin d’après-midi que ça regèle. On n’avait pas de matériel pour passer la nuit dehors » explique le guide. Et à la nuit tombée le reste de l’équipe attendait leurs camarades naufragés à la route, près du lac du Chevril, et du barrage de Tignes, avec du thé et du rhum. « Ça se passe aujourd’hui et s’il y a un blessé je vais au tribunal » rigole Buddy.

La gourmette n’est pas tombée de haut...

Rien de périlleux en revanche pour le dénouement dans les barres rocheuses, où Popeye assure à bout de corde ses compagnons implorant Bernard de se délester de sa gourmette. Le passage a été tourné tout près des pistes de Val d’Isère, au fond du vallon du Manchet. Un endroit pas impressionnant du tout. Jugnot se trouve à maximum 2,50m du sol. Il lui suffisait de sauter… De bien moins haut que Jean-Claude Dusse sur son télésiège

30 minutes coupées

« Le premier montage faisait 2 heures. Trop long pour une comédie ! ». Intraitable Patrice Leconte. « Que voulez-vous, le producteur nous a fait rajouter tellement de choses… » Résultat le réalisateur a dû couper 30 minutes, perdues à jamais puisqu’à l’époque le numérique n’existait pas. Le laboratoire chargé de conserver les bobines les a détruites. « Aujourd’hui ça ferait les bonus d’un DVD », observe Patrice Leconte. Il y a cette scène un peu scatologique dans le prolongement de l’alerte reçue par Jérôme, le médecin, pour aller soigner Copain, le cochon. Il confie Pépette, le chien de Gigi à Popeye. Une fois dans la benne, l’animal est pris de flatulence et empeste l’habitacle. « Il pète très fort et ça pue » Et les regards suspicieux se tournent vers Thierry Lhermitte. Un passage en restaurant d’altitude est aussi passé à la trappe. Comme une séquence où Jugnot se baigne à poil dans une piscine chauffée à l’hôtel, ignorant que les autres le voient depuis le sauna dont une baie vitrée donne sur le fond du bassin. « Ça ne marchait pas très bien », admet Leconte.

Exit Martin Lamotte

Petit regret en revanche, puisque Martin Lamotte, qui jouait Miguel, le chef de l’artisanat dans le premier opus, a disparu du film. Il incarnait le gérant d’une discothèque, le Mephisto, la boîte de l’époque à Val d’Isère. « On a passé trois nuits dans le froid à se geler » se souvient le réalisateur qui maintient : « Aucune scène hilarante n’a été mise au panier ».

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