Secrets de tournage : l’Everest recréé au Mont-Blanc pour « L’Ascension »

“L’Ascension” est toujours un film disponible sur Netflix. On revient aujourd'hui sur cette histoire vraie avec un article publiée dans Le Dauphiné Libéré le 25 janvier 2017 au moment de la sortie en salle de ce film.

Inspiré du livre « Un tocard sur le toit du monde »

Il sort aujourd’hui sur les écrans et on n’a pas fini d’en entendre causer. À l’Alpe d’Huez, au festival du film de comédie, il a raflé la mise et le président du jury, Omar Sy a chaviré de bonheur. Tu parles que ce film lui parle. L’ascension va parler au plus grand monde, tant il rapproche les êtres et les univers, du béton du 9-3 aux neiges éternelles. Le héros, un jeune black de la Courneuve, part gravir l’Everest en bidonnant son CV pour épater sa belle. Incarné avec brio par Ahmed Sylla, valeur montante de la scène humoristique de la veine stand-up, il a bien des points communs avec Nadir Dendoune, dont le livre « Un tocard sur le toit du monde » a inspiré cette œuvre. À commencer par son inexpérience intégrale de l’alpinisme.

Synopsis du film

« Pour toi, je pourrais gravir l’Everest !» Samy aurait mieux fait de se taire ce jour-là... D’autant que Nadia ne croit pas beaucoup à ses belles paroles. Et pourtant… Par amour pour elle, Samy quitte sa cité HLM et part gravir les mythiques 8848 mètres qui font de l’Everest le Toit du monde. Un départ qui fait vibrer ses copains, puis tout le 9-3 et c’est bientôt la France entière qui suit avec émotion les exploits de ce jeune mec ordinaire mais amoureux. À la clé, un message d’espoir : à chacun d’inventer son avenir, puisque tout est possible.

Tournage dans le massif du Mont-Blanc

Pour les besoins du film, l’acteur principal n’est pas peu fier d’avoir atteint le camp de base de l’Everest (5300 m) au prix d’un trek où l’oxygène se raréfie. Le réalisateur, Ludovic Bernard, ex-assistant de Besson et Kassovitz, a mis la barre très haut pour son premier long-métrage, revendiquant la plus haute fiction jamais tournée, « avec des plans jusqu’à 6000 m ».

Quid des scènes de très haute altitude, au-delà et jusque dans la périlleuse zone de la mort, où l’être humain est condamné à dépérir s’il s’éternise ? Le film restant une comédie, on se doute qu’il débouche sur un happy end et qu’il était impossible de simuler à 8000 m les péripéties vers lesquels il tend.

C’est donc dans le massif du Mont-Blanc que l’équipe du tournage a passé une partie du mois de mai dernier – autant qu’au Népal – pour réaliser les scènes des camps d’altitude. Ce n’est pas la première fois que les flancs du toit des Alpes prêtent leur décor pour incarner des montagnes exotiques. Il y eut le Caucase pour un James Bond, les Andes pour La Mort suspendue, l’Afghanistan pour L’Homme qui voulut être roi, un lieu imaginaire dans Les Rivières pourpres…

Pour être au plus près de la réalité, la production a fait appel à un spécialiste de l’Himalaya comme conseiller technique. Le guide Michel Pellé fut dans les années 90, avec son compère Philippe Grenier, le premier à conduire une cordée en professionnel au sommet de l’Everest. Habitué des tournages en altitude, il a même joué dans Belle et Sébastien.

Photo DR
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Cet Everest-là est en fait l’aiguille du Goûter

C’est lui qui a imaginé les différents plateaux pour représenter les camps de l’Everest autour du refuge des Cosmiques, accessibles par le téléphérique de l’aiguille du Midi. Ainsi le col sud a été reconstitué au col du Midi, le camp 3 sous l’arête des Cosmiques et le franchissement vertigineux sur une échelle de l’Ice fall, la cascade de glace du glacier du Khumbu, a été finalisé dans une crevasse du bassin d’Argentière.

C’est dans ce même secteur qu’une des lames du glacier a servi de décor à l’hilarante scène où le héros, chaussant pour la première fois des crampons, est testé sur son aptitude à gravir un mur de glace avec ses piolets. L’acteur Ahmed Sylla a dû s’employer car il n’a quasiment pas été doublé. Un cascadeur étant sollicité une seule fois, lorsqu’il est poussé par son guide en haut du mur. Michel Pellé, au gabarit proche, le double deux fois notamment pour le plan aérien sur l’arête finale où le héros doit, malgré le vent, se tenir debout. Cet Everest-là est en fait l’aiguille du Goûter, sur une crête proche du refuge éponyme à 3830 m… Soit 5018 m plus bas que le véritable Everest, mais déjà une cote éprouvante pour qui n’a pas le pied et le poumon montagnards.

Photo Le DL/Etienne Bouy
Photo Le DL/Etienne Bouy

« Ahmed a été au top »

L’aventure faillit tourner court, lors des scènes du camp 1. L’hélicoptère a déposé l’équipe de tournage, soit une quarantaine de personnes, au sommet de la vraie vallée Blanche à 3600 m, lorsque le temps s’est mis à changer. « On va se faire enfermer », a prévenu Pellé alors que le réalisateur Ludovic Bernard espérait mettre en boîtes encore quelques prises. C’est alors que le plateau et les tentes igloo furent enveloppés dans les nuages, devenant inaccessible pour l’hélicoptère. Il faudra plusieurs heures aux guides pour ramener leurs naufragés, épuisés et inexpérimentés, vers le refuge en caravane terrestre dans une couche de neige profonde, retrouvant le chemin au doigt mouillé et au flair autant qu’au GPS. Cet épisode servira de leçon à la production pour les scènes suivantes qui seront tournées en proximité directe du refuge.

Le guide Michel Pellé salue la bravoure de l’acteur principal : « Ahmed a été au top ». Le montagnard a été amusé par l’image quelque peu écornée prêtée au guide dirigeant l’expédition commerciale, interprété par Nicolas Wanczycki, déjà vu à la télé dans Tunnel 2 et Les Revenants. Et se dit fier de l’illusion d’Everest donné à l’écran. Les spécialistes du Mont-Blanc seront certes à l’affût de la dent du Géant et de la face nord des Droites que l’on devine furtivement, parfois en arrière plans. Mais bluffés par le plan panoramique à 8848 m, donnant à voir les vrais sommets satellites du toit du monde, à commencer par le Lhotse (8516 m). Il aurait été tourné par un sherpa qui a réellement gravi l’Everest et à qui une caméra a été confiée. Les sherpas, ces autres héros du film salués par le prometteur Ahmed Sylla.

Un succès au Festival de l'Alpe d'Huez et au cinéma

Présenté lors du 20e édition du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, "L'Ascension" a fait son effet début janvier 2017. Après avoir reçu une ovation lors de sa projection, il a reçu le Prix du public et le Grand prix du Festival. par le jury présidé par Omar Sy. Le film avec l'humoriste Ahmed Sylla et l'actrice avignonnaise Alice Belaïdi a aussi bien fonctionné dans les cinémas. Il totalise 1 136 827 entrées en France en 2017.

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