Fin de journée aux Arcs.
Le soleil décline doucement et les derniers skieurs zigzaguent, parfois à l’aveuglette, sur les derniers mètres des Grands Mélèzes. L’ambiance est à la fermeture, les cuisses chauffent, et la station d’Arc 1800 n’est plus très loin.
La neige, elle, a bien vécu sa journée. Ramollie par le soleil, bosselée par les passages répétés, elle offre un terrain de jeu un peu chaotique. Et pourtant, au petit matin, tout aura disparu : place à une piste impeccable, striée de belles lignes parallèles. Magie ? Non, damage. Le travail des équipes de Thomas Mercier, chef d’orchestre du secteur Arc 1800 et Peisey-Vallandry.
« Un skieur emmène 1 tonne de neige chaque jour »
C’est une heure après la fermeture des pistes que le dameur en chef prend son poste. En file indienne, les machines sortent du centre technique des Deux Têtes d’Arc 1600 et s’engagent sur la piste bleue de Mont Blanc. La descente est très bosselée. « En général, un skieur emmène 1 tonne de neige chaque jour. Sachant qu’il peut y avoir jusqu’à 25 000 skieurs par jour, on vous laisse faire le calcul », s’amuse Thomas Mercier. Lui et ses confrères doivent ramener la neige accumulée des côtés vers le centre de la piste.
Et il faut faire vite. « On commence par les parties basses pour travailler la neige avant le regel », explique Thomas Mercier. Difficulté supplémentaire : l’humidité de la neige dite de printemps. « Toute la journée, le soleil vient taper sur la couche neigeuse qui se gorge d’eau et devient donc plus sujette au regel. Dans une heure ou deux, on ne pourra plus en faire une piste lisse », observe Thomas Mercier.
À ces mots, le dameur en chef arrête le véhicule. Il actionne la marche arrière puis, quelques mètres plus bas, redémarre vers l’avant. Devant notre incompréhension, le trentenaire sourit : « Je suis repassé, ce n’était pas très droit ».

La neige de printemps, un damage différent
Autre particularité de la neige de printemps : sa granularité. Et suivant la saison, la tâche qui incombe aux dameurs de Thomas Mercier n’est pas la même. « Au début de la saison, on vient compacter une neige fraîche plus aérée. En fin de saison, la neige est granuleuse donc le but est de resolidariser le tout », analyse le dameur en chef.
Thomas Mercier porte enfin une attention particulière à « l’albédo », la réflexivité des rayons du soleil sur la neige. Explications : « Plus on avance dans la saison, plus l’indicateur est élevé. La neige est, disons, “sale”, tend à capter la lumière du soleil et chauffer ».
Mais damer au printemps a aussi son lot d’avantages. « Les journées s’allongent donc on peut profiter de la vue », déclare le dameur. Avec parfois, en prime, un coucher de soleil.