Avouez, vous aussi, vous y avez aussi déjà pensé.
Vous êtes en haut du domaine, vous avez les jambes en compote et les joues fouettées par le froid. La piste, que vous avez déjà descendue une dizaine de fois, vous paraît soudainement beaucoup plus pentue. La neige est molle, et le plaisir de la glisse se transforme en torture.
Et là, l’idée fuse : « Et si j’appelais les secours ? » Après tout, j’ai bien payé quelques euros de plus pour l’assurance…
Vos droits :
Disons-le tout de suite, oui, techniquement, vous avez le droit, si vous les appelez, les pisteurs viendront et cela sera sûrement pris en charge par l’assurance du forfait (comptez en moyenne 500 euros pour un secours, mais cela varie selon les moyens déployés et les zones).
« Nous ne prenons pas de risques. Si un secours est sollicité, nous viendrons et nous assurerons une prise en charge jusqu’au bout », assure Éric Viallet, président de l’Association nationale des directeurs de pistes (ANDP). La fatigue augmente considérablement le risque d’accidents, et mieux vaut éviter de finir le séjour de ski à l’hôpital.
Mais attention à ne pas en abuser. Et c’est finalement là que réside toute la complexité de la question. Pour répondre, Éric Viallet doit ainsi jouer les équilibristes.
D’un côté, ne pas donner à ceux qui ont une petite flemme l’envie de forcer le trait pour s’offrir un tour de motoneige gratuit. De l’autre, ne pas dissuader les skieurs qui sont au bout du rouleau d’appeler les secours, car en faisant la descente de trop, ils pourraient se blesser. La distinction n’est pas si facile à faire.
Dans le doute et sans abus, mieux vaut-il appeler
« Nous ne sommes pas tous égaux face à l’angoisse, la douleur ou la fatigue. En tant que pisteur-secouriste, nous avons tous pris en charge des skieurs qui souffraient de fractures plutôt graves et qui n’exprimaient quasi rien, et à l’inverse, des skieurs qui n’avaient pas grand-chose et qui exprimaient une douleur à 8 / 10… », témoigne le directeur.
Quoi qu’il en soit, « le pisteur qui fait un raccompagnement n’est pas disponible pour un arrêt cardiaque, ni une fracture du fémur », souligne aussi Éric Viallet. Pour éviter de se blesser, et d’avoir une mort sur la conscience, le mot d’ordre est de s’écouter et « d’éviter la descente de trop. »
Si vous commencez à avoir moins de vigilance, les jambes qui commencent à flageoler et que le virage à venir vous fait peur, c’est le moment de raccrocher les skis. Et tant pis si votre bande de copains insiste comme des gros lourdauds, vous pourrez les narguer depuis une terrasse avec votre verre de vin chaud
Le cas spécial du hors-piste
À noter aussi, pour les plus aventuriers d’entre vous, si vous êtes partis hors du domaine skiable, là c’est encore différent. C’est le secours en montagne qui intervient, et les secours sont pris en charge par l’État.
Reste là aussi à ne pas en abuser. Pour rappel, selon l’article 322-14 du code pénal, communiquer ou divulguer une fausse information faisant croire à un sinistre et de nature à provoquer l’intervention inutile des secours est passible de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Article issu du Dauphiné Libéré