Le 20 février dernier, le groupe Vinci a fêté les 20 ans de la concession de l’aéroport Grenoble Alpes Isère. À cette occasion, Nicolas Notebaert, président de Vinci airports et directeur général Concession de Vinci, a évoqué cet équipement dont la prise de gestion, en 2004, a été une première au sein de la multinationale.
Vous célébrez cette année les 20 ans de la concession d’exploitation de l’aéroport Grenoble Alpes Isère, quelle place occupe cet équipement au sein du groupe Vinci ?
« Une place particulière puisqu’il s’agit de notre toute première exploitation aéroportuaire en France et l’une des premières dans le monde. C’est ici que nous avons commencé à développer notre métier et notre culture pour avoir, aujourd’hui, une véritable compétence opérationnelle et être le premier opérateur privé au niveau mondial. L’an dernier, nos 72 aéroports ont accueilli 318 millions de voyageurs mais nous n’oublions pas que nous sommes leader grâce à ce travail de terrain qui a commencé à Grenoble. »
À une époque, qui plus est, particulière…
« Oui, puisque le contrat de concession a débuté le 1er janvier 2004 et qu’Air France avait alors, déjà, annoncé l’arrêt de la ligne Grenoble-Paris qui a été effectif en octobre de cette année-là. Cela nous a donc obligés à reprendre l’activité d’assistance en escale qu’ils assuraient mais ça nous a aussi permis de travailler, en amont, l’arrivée d’Easy Jet à Grenoble dès le mois de novembre 2004. Et aujourd’hui, nous sommes le premier réseau aéroportuaire pour cette compagnie. »
Grenoble a donc servi de laboratoire ?
« Chez Vinci, un contrat ne sert jamais de laboratoire. Il n’y a pas de petite ou de grande taille, nous apprenons de chacun de nos contrats. Et ici, j’estime que nous avons bien travaillé pour l’Isère qui est un territoire que nous connaissons désormais bien. »
Pour autant, de plus en plus de voix, notamment politiques, s’élèvent contre la présence de l’aéroport et son intérêt pour le Département qui en reste le propriétaire et vous accorde la concession d’exploitation…
« Je tiens tout d’abord à rappeler que nous avons commencé à exploiter l’aéroport sous la présidence socialiste de M. Vallini. Aujourd’hui, nous travaillons avec des élus qui sont respectueux du contrat signé avant eux [la concession actuelle a démarré en 2009, NDLR]. Sur la question de l’environnement, nous avons travaillé à la décarbonation de l’infrastructure avec des bâtiments moins énergivores, des ampoules LED, des véhicules et engins électriques. Dans ce que je considère comme une petite ville, nous avons fait plus que certaines mairies ou métropoles dites “environnementales”. »
Mais c’est surtout sur le trafic que vous êtes critiqués. Avec un aéroport qui est vu par certains comme une sorte d’aspirateur à touristes pour les stations de ski, et pas uniquement iséroises…
« La réalité, c’est que 80 % de notre clientèle vient du Royaume-Uni, 10 % d’Israël et le reste de Scandinavie ou d’Europe centrale. Nous ne sommes pas sur du court-courrier. Aujourd’hui, Grenoble-Paris, ça se fait en TGV et c’est très bien comme ça. Mais la clientèle dont je viens de parler, elle n’irait pas dans les stations de l’Oisans sans l’aéroport. »
Sauf qu’elle ne va pas que dans l’Oisans…
« Elle va aussi, c’est vrai même si cela reste une petite partie, dans la Tarentaise. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, un samedi pendant l’hiver, Genève est saturée, Lyon considérée comme un peu loin et Chambéry avec des caractéristiques techniques qui font que tous les avions ne peuvent y atterrir. Donc, pour l’économie du ski, nous avons besoin de Grenoble. Maintenant, la question qu’il faut poser aux élus isérois, c’est “est-ce que pour le département, l’économie du ski en hiver est importante ?”.
Nous, nous ne sommes que des professionnels qui nous mettons au service d’un projet politique et qui respectons le cahier des charges. Par ailleurs, je précise qu’à Grenoble, qui est une ville dynamique sur le plan économique, nous avons aussi une petite clientèle d’affaires qui a besoin d’un complément à l’aéroport de Lyon. Enfin, je rappelle que nous employons 40 personnes à l’année et jusqu’à plus de 300 en pleine saison hivernale. C’est donc tout un équilibre qui, selon moi, représente bien l’Isère. Enfin, je rappelle que l’aéroport existe depuis 1968. Ce n’est pas comme s’il était question de le construire. Et il n’y a, par ailleurs, pas de conflit d’usage sur les terrains qu’il occupe. »
Pour autant, l’aéroport Grenoble Alpes Isère n’a pas encore retrouvé son niveau de fréquentation d’avant Covid (308 000 voyageurs en 2019, 250 000 en 2023), est-ce que c’est une donnée inquiétante selon vous ?
« Déjà, la saison en cours est bonne et devrait nous permettre d’avoir de meilleurs chiffres cet hiver que l’an dernier. Mais au final, l’objectif, c’est surtout de trouver le trafic pertinent pour payer l’usage de l’infrastructure. Est-ce que les élus dont nous venons de parler ont envie de faire de leur aéroport le “Beauvais d’Auvergne Rhône-Alpes” qu’il faudrait abonder de subventions ? La réponse est non. Donc, ce n’est pas inquiétant puisque nous ne sommes pas dans une logique de guerre économique où il faudrait à tout prix avoir toujours plus de trafic. »
Comment voyez-vous l’avenir de l’aéroport de Grenoble ?
« C’est au déléguant, donc au Département de l’Isère, de définir le programme futur. L’actuelle concession s’achèvera en juin 2026 et nous sommes fiers du travail qui a été effectué par nos équipes. Nous avons équipé l’aéroport d’un nouveau terminal d’arrivées, d’un nouveau système de convoyage des bagages, d’une nouvelle salle d’embarquement avant le Covid. Nous avons fait ce qui était dans le contrat, dans les temps et dans le budget. L’équipement, à notre connaissance, est en bon état et à partir du moment où il existe, je le redis, cela ne coûte pas très cher de l’entretenir. »
Article issu du Dauphiné Libéré