Une balade qui se termine avec un concert de piano en Chartreuse, une plancha au bord des pistes aux 7-Laux, la construction d’un igloo pour y passer la nuit dans le Vercors… des animations qui ne manquent pas d’originalité. Et qui sont à l’image de cette saison d’hiver.
Depuis la Covid, un changement des mentalités et des envies
« Depuis la Covid, on a clairement constaté un changement des mentalités et des envies », explique Christopher Hardy, directeur de l’office de tourisme de Chamrousse. « Quand les remontées mécaniques étaient fermées à cause de la crise sanitaire, les gens ont été obligés de pratiquer la montagne autrement et ils ont découvert de nombreuses activités », complète Isabelle Jouvin, chargée de promotion à l’office de tourisme de Villard-de-Lans.
On a donc finalement très peu parlé de ski lors de la présentation de la saison touristique mi-octobre par Isère attractivité. Les gens ne skient pas plus de 3 à 5 heures par jour, selon les différents professionnels interrogés, quand ils étaient sur les pistes la journée entière auparavant.
« Un vrai besoin de se connecter avec la nature »
« Il y a un vrai besoin de se connecter avec la nature, de vivre une expérience, d’avoir un souvenir mémorable », a constaté Christopher Hardy, l’été passé. La fréquentation des randonnées à Chamrousse a d’ailleurs augmenté de 30 % sans parler de la nouvelle tyrolienne qui a tourné sans cesse, entre 60 et 65 passages par jour. Une activité qui mélange paysages et sensations fortes, exactement ce que recherche le public aujourd’hui.
« On est aussi dans l’ère des réseaux sociaux et beaucoup apprécient aussi ces activités et paysages pour les montrer », s’amuse Laura Heurteloup de l’office de tourisme de l’Alpe d’Huez.
Et pour cela, le nouveau parcours sommital du site de la Croix, baptisé “Panoramic park”, de Chamrousse, avec sa vue sur tous les sommets environnants, connaît un certain succès.
Parcours d’orientation, bouées sur neige, disc golf…
Chaque station y va donc de son originalité pour « répondre à la demande », comme l’explique la Communauté de communes du massif du Vercors qui propose par exemple une nouvelle zone « expérience » à Villard-de-Lans avec un parcours d’orientation, des bouées sur la neige et une tyrolienne.
Pas loin d’ici, à Saint-Nizier-du-Moucherotte, on peut désormais s’amuser avec le disc golf. Un jeu qui consiste à lancer son disque dans neuf trous ou corbeilles. Des activités complétées par les traditionnels spas, piscines, bonnes tables…
« On s’est rendu compte que 47 % des skieurs étaient des femmes »
Avec des actions nouvelles et particulières envers certains publics. « On s’est rendu compte que 47 % des skieurs étaient des femmes et qu’elles n’étaient en réalité pas souvent sur les pistes. Elles ne prennent pas toujours le temps de skier du fait de la famille, des enfants à s’occuper, de l’intendance à gérer… », précise Laura Heurteloup. L’ESF a alors imaginé des sorties, appelées “ladies camp” rien que pour elles. « Pas de sport à outrance mais du bien-être avec du ski, des raquettes, du yoga, de l’alpinothérapie… », détaille Laura.
« Faire aimer la montagne pour ce qu’elle est »
À Vaujany, une dizaine de moniteurs a été formée pour accompagner des personnes en situation de handicap qui souhaiteraient s’initier aux sports d’hiver. Un public que l’on voit très peu sur les pistes. « L’idée est de favoriser leur autonomie », précise Armelle Wendling, directrice adjointe de la station. Car l’inclusivité de tous les publics est aujourd’hui au cœur des préoccupations.
Faire de la montagne un espace pour tous… tout en sensibilisant aussi au respect de l’environnement. « On veut désormais faire aimer la montagne pour ce qu’elle est », précise Céline Mateo, directrice de l’office de tourisme Belledonne-Chartreuse. Car si ces activités sont issues d’une demande des clients, les stations sont également bien conscientes que la neige se raréfiant, il faut préparer leur avenir en offrant une alternative au ski.
La saison n’a pas encore débuté mais les premiers indicateurs semblent être bons selon Isère attractivité. Le vice-président en charge du tourisme, Christophe Suszylo, annonce une estimation de +3 % de la fréquentation cet hiver. « 46 % des Français interrogés disent vouloir privilégier la montagne pour leurs prochaines vacances et 75 % veulent rester en France. Ce qui nous permet, avec d’autres éléments, de juger la prochaine saison plutôt favorable », explique l’élu.
« On a tous conscience qu’il faut un tourisme plus vertueux »
Avec un poids de deux milliards d’euros dans le département et 26 800 emplois, les enjeux économiques sont considérables. Et pas seulement eux… Attirer du monde tout en protégeant la montagne, c’est désormais l’habituel jeu d’équilibre auquel le Département doit se livrer. « On a tous conscience qu’il faut un tourisme plus vertueux. Ce sera l’objectif du prochain schéma 2024-2028 », précise Christophe Suszylo qui fait la promotion des 14 lignes de bus pour desservir les principales stations depuis Grenoble. « On pourrait faire mieux car on a le matériel mais ce sont les chauffeurs que l’on ne trouve pas », constate l’élu. « On se rend compte que le bilan carbone des stations n’est pas si mauvais. La pollution vient en majorité des flux de transport », complète sa collègue vice-présidente à la montagne, Nathalie Faure.
Traitement des déchets, damage raisonné, remontées mécaniques moins énergivores… Plusieurs grands chantiers ont été lancés par le Département et les stations. Avec la valorisation de la marche comme à Oz-3300 entièrement piétonne depuis 25 ans ! Mais pour cela, il faut des infrastructures. « On compte beaucoup sur notre vie de village avec ses 500 commerces de service, notamment », précise Isabelle Jouvin, chargée de promotion à l’office de tourisme de Villard-de-Lans. Manière d’inciter les skieurs à laisser totalement la voiture durant leur séjour et de permettre à ceux venus en transports en commun d’avoir tout sur place.
Article issu du Dauphiné Libéré
