Ne vous fiez plus au petit autocollant “diesel” au-dessus de la trappe à carburant. Depuis deux hivers, la trentaine de dameuses de l’Alpe-d’Huez roulent au HVO 100 : « Ça veut dire 100 % d’huile naturelle ou recyclée, comme de l’huile de friture par exemple », précise Alain Mathieu, directeur RSE de Sata Group, l’opérateur de la station. Plus de la moitié des engins du pays roulent désormais grâce à ce biocarburant, d’après Domaines skiables de France (DSF).
Ce que ça change pour la planète ? La réponse est floquée en lettres blanches, de l’autre côté de la carrosserie : « – 90 % de CO2 ». Et dans le même temps « moins 65 % sur d’autres particules fines », complète le responsable, qui n’a pas eu besoin de changer sa flotte pour opérer cette transition : « On a pu réutiliser nos cuves [diesel] puisque c’est totalement miscible. En clair, au lieu de remplir avec du GNR, on remplit directement avec du HVO 100. »
Des dameuses électriques, « il y en aura en 2030 »
Un premier pas pour verdir les engins de damage, responsables d’environ 80 % des émissions des gaz à effet de serre dans les stations, estime DSF. L’objectif, à terme, est d’abandonner ce carburant alternatif : « Le HVO, c’est quand même à base d’éléments liés à l’agriculture. Il faut tenir compte des limites planétaires sans jouer sur l’extraction ou la capacité des sols, affirme Alain Mathieu. Si on faisait juste de l’HVO, ça voudrait dire qu’il n’y aurait plus grand-chose à manger pour les animaux et pour nous. »
L’étape d’après, c’est donc la chenillette électrique. Non pas celle que l’Alpe-d’Huez avait testée pendant quatre saisons, sorte de dameuse “hybride”, qui bénéficiait d’une modeste assistance électrique, représentant seulement 10 % de la puissance totale. Projet avorté, en attendant que les fabricants fassent dix fois mieux. Alors à quand le 100 % électrique ? « Il y en aura en 2030, s’avance le responsable RSE de la Sata. La question, c’est dans quelle proportion dans le parc : il y aura forcément un mixte. »
Elles partageront peut-être les pistes de ski avec des engins roulant à l’hydrogène. Prototypes que l’Alpe-d’Huez avait d’ailleurs commandés en 2022. Sans ne jamais donner suite : « Technologiquement, la mise au point n’est pas encore totale pour que l’hydrogène réponde à l’exigence des besoins en terme d’utilisation du matériel », tempère le responsable RSE. Notamment pour des « histoires de puissance ». Pas facile de tracter un engin de plusieurs tonnes, équipé d’une lame et d’un treuil.
L’écoconduite, une piste pour réduire la pollution de ces engins
L’autre piste pour réduire la pollution de ces engins, c’est l’écoconduite. C’est-à-dire, rouler plus lentement et économiser les manœuvres énergivores : « Il faut adapter sa vitesse au travail à faire : trouver un compromis entre l’effort appliqué par la dameuse pour pousser la neige tout en restant dans un couple moteur de zone verte », indique Alain Mathieu, précisant que les saisonniers sont formés chaque année.
Un effort supplémentaire, mais loin d’être suffisant au regard des objectifs ambitieux que se sont fixés les exploitants adhérents de DSF : zéro émission carbone sur les pistes d’ici à 2037. La station iséroise, comme ses voisines des Alpes et cousines des Pyrénées, est suspendue à l’évolution de la recherche et développement des principaux constructeurs.
En attendant, « on anime une feuille de route chaque année pour vérifier si nous atteignons les objectifs que nous nous sommes donnés, précise Laurent Reynaud, délégué général de DSF. C’est le cas sur l’écoconduite. Mais on reste un peu plus loin de l’objectif sur l’établissement du bilan carbone. Il a été fait par beaucoup de sociétés parmi les plus importantes mais reste à travailler pour les plus petites. »
Article issu du Dauphiné Libéré
