Enneigement, clientèle étrangère… une saison de ski 2024-2025 déjà réussie ?

Les vacances d’hiver sont déjà dernière nous et on fonce à toute vitesse vers la fin d’une saison qui, quoi qu’il arrive, aura été belle en montagne. L’intersaison de mars et les vacances de Pâques détermineront si la fréquentation des hébergements marchands aura atteint voire dépassé les sommets d’avant Covid.

La hausse des visiteurs étrangers

Selon l’Observatoire de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM) tenu par G2A, au 12 mars, les vacances d’hiver 2025 ont même été légèrement supérieures à celles de l’an dernier dans les massifs, avec 83,7 % d’occupation sur les 4 semaines, en hausse de 0,5 %, les Alpes du sud connaissant une croissance de 3,5 %. En Auvergne-Rhône-Alpes, avec un taux d’occupation de 86,1 %, c’est très légèrement moins qu’en 2024 (-0,3).

Alors que la clientèle française a répondu présent, la hausse des visiteurs étrangers (+10%), comme tout au long de cet hiver, a dopé l’activité. Les Anglais sont toujours fidèles au poste, Néerlandais, Allemands, Scandinaves, Américains et Canadiens faisant plus que compenser le recul des pays de l’Est. Fabrice Pannekoucke, président d’Auvergne-Rhône-Alpes évoque une croissance de 27 % et 17 % sur le marché nord-américain, « avec les incertitudes géopolitiques que l’on connaît ».

À ce stade de la saison, les massifs sont toujours en hausse de 0,1 % en termes de remplissage, avec un taux d’occupation moyen de 74,7 % depuis décembre, 79 % dans les Alpes du nord (+0,2 %), 64,5 % dans les Alpes du sud (+1,5) et 56 % dans les Pyrénées (-2,5 %). En tenant compte des perspectives de fin de saison, Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, entre Alpes du nord, Jura et Massif central, évoque une tendance à 65,4 % de taux d’occupation, soit -0,3 point, selon son baromètre où les données de téléphonie d’Orange flux vision complètent les chiffres du cabinet G2A.

Un enneigement, bien mieux réparti

« Globalement une bonne saison », selon Fabrice Pannekoucke, qui pointe toutefois des disparités, selon les hébergements (hausse pour les hôtels et villages de vacances, mais baisse pour les résidences de tourisme et la location) et les typologies de stations.

Témoin, l’indice de satisfaction des professionnels. S’il culmine à 77 % dans les Alpes du nord, il s’affiche à 59 % dans le Massif central quand, dans le Jura, où l’enneigement a été plus compliqué, 39 % des pros sont satisfaits de l’hiver.

Cependant, l’enneigement, bien mieux réparti que lors des deux dernières saisons, a profité à toutes les altitudes, dans les Alpes et les Pyrénées. Forts de leur garantie neige, les grands domaines sont en avance de 1 % quand les stations, dites de charme, sont en léger retrait, -1 %. Mais ce tableau ne tient pas compte de l’occupation des résidences secondaires (familles, amis), qui, selon le nouveau baromètre d’Atout France sur la montagne pèse un tiers de l’activité en station.

D’où des taux de croissance encore supérieurs pour les domaines skiables, les Écoles de ski ou les magasins de sport qui comptent aussi sur la clientèle locale. Pour Jean-Luc Boch, maire de La Plagne et président de l’ANMSM, le maintien du calendrier scolaire sur 4 semaines en février (régulièrement menacé), « est essentiel ».

Les Menuires. Photo Le DL/Bertrand Riotord
Les Menuires. Photo Le DL/Bertrand Riotord

« Mars est devenu le creux de saison »

Désormais, tous les regards sont braqués sur la fin de saison qui pourra faire pencher la balance. Patron du cabinet G2A, oracle de l’observatoire des stations de montagne, Denis Maurer pointe de nouveaux comportements. « Janvier, moins cher, est devenu très fort, avec 48 % des familles skieuses prêtes à faire manquer l’école aux enfants et c’est l’intervacances de mars qui est devenu le creux de saison ».

En Auvergne-Rhône-Alpes les réservations sur mars sont en recul de 3,5 points. « Mais la dynamique reste encourageante » nuance Fabrice Pannekoucke, qui mise sur les réservations d’ultra-dernière minute, l’achat d’impulsion et l’effet météo-bulletin enneigement. Le retour ces jours-ci de conditions hivernales pourrait redonner des ardeurs.

Quant aux vacances de printemps, tardives, elles pèsent moins de 5 % de l’hiver. Et les niveaux de réservation sont très bas cette année, mais en hausse en Auvergne-Rhône-Alpes. La période étant pourtant propice aux familles françaises en quête de promos.

Quoi qu’il arrive, pour Denis Maurer, « la montagne l’hiver conserve son attractivité » et cet exercice se hissera à des niveaux dignes de 2019, avec depuis le covid de nouvelles tendances : la quête de garantie neige qui se traduit par la prise d’assaut des hauts domaines, ou de bons prix dans l’hébergement, qui a fait de janvier une extension des vacances. « Et une bonne résilience sur les fêtes de Noël, période sur laquelle les clients réservent qu’il y ait de la neige ou non ».

Pour les domaines skiables, une hausse de 6 %

C’est le chiffre symbole d’une saison qui signe la revanche de la moyenne montagne après deux hivers en manque de neige : 1,2 M€ de chiffre d’affaires, +25 % de recettes. Soit le bilan d’une station ressuscitée, l’Alpe du Grand Serre (Isère), dont l’exploitant provisoire SATA Group sera candidat à la délégation de service publique qui sera lancée d’ici l’été pour assurer sa survie. « On n’est pas loin du record d’1,4 millions, bien au-dessus de l’objectif et de l’équilibre » se félicite Fabrice Boutet, directeur général de la SATA, véritable compagnie de l’Oisans, dont les deux mastodontes, les Deux-Alpes et l’Alpe d’Huez ont encore progressé cette saison, par rapport à 2024, déjà au sommet. « Sans les problèmes de report des stations alentour et avec plus de fluidité ».

Même topo en Haute-Savoie, où la Compagnie du Mont-Blanc progresse encore avec son poids lourd Chamonix (+6 % en recettes, +2 % en journées skieurs), mais bat aussi ses records sur ses sites de moyenne altitude : +12 % à Megève, +16 % aux Houches.

Affluence record  pour certaines stations

Selon Domaines skiables de France (DSF), le syndicat des opérateurs, au niveau national, la fréquentation des pistes s’affiche en hausse de 6 %. Le nombre de journées/skieurs est même en croissance de 7 % par rapport à la moyenne des trois dernières saisons. Dans les Alpes, tous les massifs, Savoie, Haute-Savoie, Isère, Drôme, Alpes du sud sont en hausse.

Alors, 2024/25 vers des sommets pour les remontées mécaniques quand certains annoncent la mort du ski ? Anne Marty, la présidente de DSF, reste prudente. « En chiffre d’affaires sans doute (1,8 milliard l’an dernier), mais en journées skieurs, il faudra attendre la fin de saison pour faire les comptes ».

Le pic de 59 millions de journées skieur de 2008/2009 semble inaccessible, tout comme celui de 2013, deuxième exercice de référence (57,8 millions). Mais l’hiver 2022, celui de la reprise Covid, avec 54 millions de journées skieurs semble être en ligne de mire. Certaines Pyrénéennes annoncent aussi un niveau d’activité inédit comme Font Romeu.

Mais des secteurs ont aussi tiré la langue, dans le Jura, les Vosges ou les Alpes-Maritimes même si la situation n’avait rien à voir avec les deux saisons précédentes. En Savoie, dans le massif des Bauges, la station Aillons-Margeriaz a décidé d’arrêter le ski sur son secteur à 1000 m d’altitude.

Article issu du Dauphiné Libéré

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