« Nous sommes un cas d’école car nous sommes l’un des rares territoires naturels où il y a autant de pastoralisme et de tourisme : quasiment toute la forêt (à 80 % privée) est traversée par des pistes de ski nordique, ce qui en fait le premier territoire nordique français », résume Sandra Ferrari, maire des Déserts. « Avec un bassin de vie de 820 500 habitants à moins d’une heure de route. »
« Nous sommes des climato-convaincus »
La station familiale fait travailler 350 habitants et génère un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. Le ski représente encore une grosse partie de l’économie : 50 % de l’activité des hébergeurs, 80 % de celle des commerçants. « Nous sommes des climato-convaincus, on s’adapte depuis une vingtaine d’années, détaille Nicolas Guerraz, commerçant et hébergeur, président du Groupement des acteurs économiques de La Féclaz. Mais le système “4 saisons” ne peut pas se faire en un claquement de doigts. Si on arrête le ski sans penser transition, il n’y aura plus de restaurants, plus d’hébergements et plus personne ne voudra vivre ici. »
Autrement dit, La Féclaz a besoin du modèle neige pour faire sa transition (l’économie du ski soutient les activités d’été), mais doit chercher des solutions pour réduire la voilure. Car, selon l’étude Climsnow , en 2040, la moyenne devrait tourner autour de 60 jours d’enneigement, quand l’équilibre économique de La Féclaz se situe aujourd’hui entre 90 et 100 jours. « L’idée n’est pas d’arrêter totalement le ski mais de se tenir prêt à ouvrir s’il y a de la neige, et de faire autre chose s’il n’y en a pas », résume Sandra Ferrari.
La Féclaz a déjà commencé à se diversifier l’hiver, avec les pistes de luge, les chiens de traîneaux, le ski joëring, les raquettes, et l’été avec le VTT, le lac de la Chevêchette, les balades à cheval. Mais aussi le lancer de haches, le swincar et bientôt un projet de la luge sur rail, couplé au projet culturel du chalet Lang, qui attend toujours d’être remonté.
« Passer d’une économie sportive à une économie du bien-être »
Les hébergeurs rénovent leurs biens pour offrir des prestations plus haut de gamme et attirer le tourisme d’affaires. « Nous devons aussi construire des logements pour garder les habitants à l’année et pouvoir être plus agiles dans la gestion de la station, souligne Sandra Ferrari. Ça implique que l’État se penche sur la question du travail saisonnier en moyenne montagne pour que les gens du pays ne s’en détournent pas. Il manque aussi des politiques publiques d’accès à la pleine nature, pour l’aménager correctement et éviter les conflits d’usage. »
Pour Adrien Perret, de Bauges bike académie, « il faut faire revenir les colonies de vacances, et donc investir pour remettre les bâtiments aux normes », et ne pas communiquer que sur le côté sport extrême de la montagne. « En vélo, ce qui marche bien, c’est la balade, sans forcément emprunter les remontées mécaniques ni les itinéraires de descente, qui emmène toute la famille, des petits-enfants aux grands-parents. » Ce que défend également la maire des Déserts : « Il faut passer d’une économie sportive à une économie du bien-être ».
Article issu du Dauphiné Libéré