C’était il y a deux ans, le 28 janvier 2021, l’opération marquait le retour des Anglais dans nos stations. La Compagnie des Alpes (CDA), opérant les plus grands domaines de Tarentaise, réactivait l’Eurostar entre Londres et Bourg-Saint-Maurice, via son tour-opérateur en ligne Travefactory. Tous les week-ends d’hiver dans le cadre de ses séjours tout compris, un train des neiges, le Travelski express était affrété et financé par l’exploitant. Une grande première, symbolique, et dont on attendait un effet d’entraînement tant le transport est déterminant dans la lutte contre le réchauffement, puisqu’il pèse 60 % du bilan carbone d’un séjour au ski. Les pistes de Tarentaise étaient à dix heures à peine de Londres, avec un train qui part de Saint-Pancras le matin, et un retour le samedi.
L’an dernier, l’offre était étendue à la clientèle française, avec le Travelski express France au départ de Paris Gare de Lyon, desservant une vingtaine de stations savoyardes en Tarentaise mais aussi en Maurienne, toujours avec une desserte en bus à l’arrivée. Pour proposer son package porte à porte, la filiale de la CDA avait travaillé directement avec la SNCF et un peu aussi avec l’opérateur transalpin Trenitalia pour la Maurienne, à raison d’un train par vallée, chaque samedi, du 24 décembre au 11 mars. Quelque 12 000 skieurs ont ainsi été « proprement » transportés directement vers les Alpes.
Offre limitée depuis Londres
Mais la belle histoire dont on aurait pu espérer qu’elle fasse école pour l’avenir de la destination a tourné court. Et la Compagnie des Alpes indique que malgré ses efforts c’est la SNCF qui n’a pas souhaité reconduire le partenariat. Pour ce qui est de la liaison Eurostar, là aussi l’opération n’est pas reconduite. Contactée, la direction de l’opérateur franco-britannique indique toutefois qu’une nouvelle offre est mise en place par Eurostar.
Une liaison a minima, limitée du 16 décembre au 4 février contraignant le voyageur à un changement de train en gare de Lille. « Le ski train direct était complexe d’un point de vue opérationnel et nécessitait des ressources importantes, en termes de personnel et de flotte. La frontière entre le Royaume-Uni et l’Union européenne présente également de nouveaux défis, et nous sommes très prudents avant l’introduction du système d’entrée-sortie de l’Union européenne et de l’electronic travel authorisation du Royaume-Uni en 2024 » explique-t-on chez Eurostar. Mais tout n’est pas perdu pour demain. « Nous testons une nouvelle approche en exploitant les synergies avec le rapprochement entre Eurostar et Thalys. À long terme, nous nous engageons à augmenter les options pour voyager vers nos destinations de ski. »
Quant à la fin du Travel ski France, la SNCF ne nous a pas répondu. De source proche de l’opérateur public on évoque le manque de matériel roulant ou encore une stratégie de commercialisation directe. En mars le gouvernement n’a-t-il pas annoncé un plan de 100 milliards pour stimuler le ferroviaire ? Du côté de la CDA on ne désespère pas de convaincre l’opérateur de revenir. « On continue à croire en cette solution et à travailler à améliorer la liaison bas carbone vers les Alpes ».
Article issu du Dauphiné Libéré
