Les Saisies et Valmeinier ont adopté le biocarburant HVO cet hiver : c’est l’heure du bilan

Après deux hivers de réflexion, la Semval (qui gère la station de Valmeinier) a basculé ses huit dameuses du GNR (gasoil non routier) au HVO cette saison. Le HVO (huile végétale hydrotraitée) est un biocarburant nouvelle génération sans pétrole (différent du E85) produit à partir d’huiles végétales, déchets et résidus, qui permet de réduire jusqu’à 85 % les émissions de CO2 et une diminution moyenne de 25 % des polluants réglementés.

« Dans le cadre de sa démarche environnementale, le Département , notre actionnaire majoritaire, a mis en place des actions et nous l’a suggéré », explique Anthony Vacherand, directeur de la Semval. « Nous nous sommes renseignés auprès des constructeurs et d’autres stations pour savoir s’il y avait des difficultés particulières. En tant que station moyenne, on ne pouvait pas se permettre de risques d’exploitation, ni de casse, ni de faire des tests de développement. Notre damage est optimisé, mais on suit avec attention ce que font la Compagnie des Alpes ou l’Alpe d’Huez sur l’électrique et l’hydrogène. »

Une transition écologique immédiate

Malgré le coût financier (environ 11 % de plus que le GNR), la station mauriennaise a opté pour un carburant plus écoresponsable et une solution accessible pour une transition écologique immédiate. La conversion ne nécessitant aucune modification technique sur les moteurs, ni vidange des cuves et garantissant les postes de 7 heures de damage. « Notre parc est récent, renouvelé régulièrement (une machine par an), il n’y avait pas besoin de rétrofit », avoue Jean-Sébastien Joly, chef des pistes.

« Avoir un parc de dameuses à jour, c’est la première des choses à faire, malgré les + 20 à 30 % depuis le Covid : la dernière, avec treuil et GPS, c’est 560 000 € », poursuit Anthony Vacherand. « Nous voulions apporter notre contribution et avoir un impact sur nos émissions de CO2. Le damage, c’est la première empreinte carbone sur l’exploitation. Avec le HVO, nous avons une solution à notre portée, financièrement aussi (NDLR : un surcoût de 23 000 € sur la saison). »

Alors que le premier bilan est satisfaisant ( « on n’a pas noté de surconsommation flagrante, mais il faudra voir sur plusieurs hivers »), Valmeinier poursuit une démarche proactive pour faire face aux défis futurs : projet de microcentrale sur le réseau de neige, campagne de panneaux photovoltaïque pour l’autoconsommation… « Il faut anticiper pour trouver les solutions les plus adaptées d’un point de vue technique et écologique, pour la faune locale, les clients, pour nous. Notre milieu est sensible », conclut Anthony Vacherand.

« Le HVO était l’action la plus simple à mettre en place »

Aux Saisies aussi, tout ce qui tournait au diesel est passé au HVO : dameuses, flotte de bus, VL 4×4. « Suite à l’obtention du Flocon vert, nous avons recalculé notre impact carbone à l’échelle du territoire et par société. Le HVO était l’action la plus simple à mettre en place », résume Michael Tessard, directeur de la SPL domaines skiables des Saisies, accompagnée par un bureau d’études et le retour d’expérience d’autres stations.

« L’impact a été immédiat, il y a juste un coût financier supplémentaire, mais nous étions déjà au XTL pour limiter les particules fines. » Au niveau des navettes, la station beaufortaine fait figure de précurseur. « Nous avons testé l’électrique, mais nos routes ne sont pas plates ! Lorsque nous avons renouvelé notre marché de huit navettes, les constructeurs n’ont répondu qu’avec du thermique. » Même les inquiétudes quant à l’approvisionnement en carburant alternatif, avec de plus en plus de demandeurs, ont été levées. « Nous mettons les deux principaux fournisseurs en concurrence à chaque livraison et n’avons subi aucune rupture d’approvisionnement cet hiver. »

Aux Saisies, le HVO n’est qu’une mesure transitoire. « Nous sommes sur la dernière année de contrat de notre dameuse hybride, qui donnait vraiment satisfaction aux chauffeurs, notamment au niveau puissance. Mais il y a eu un souci de fiabilité sur une pièce, on ne peut pas se le permettre sur une machine qui fait 800 à 1 000 heures dans l’hiver », insiste Michael Tessard. « On veut donner l’exemple à l’échelle de notre territoire, interpeller les clients pour qu’ils fassent aussi les efforts, comme tout le monde devrait le faire. À la montagne, nous sommes les premiers touchés par les effets du réchauffement climatique. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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