Après six ans de procédure et deux saisons de travaux, le plus haut refuge de France va désormais pouvoir compter sur un nouvel équipement pour son approvisionnement en eau. Un nouveau fondoir a pris place le long du bâtiment perché à 3 835 m sur l’aiguille du Goûter. D’ultimes travaux de plomberie doivent avoir lieu cette semaine avant que cet appareil à faire fondre la neige ne soit officiellement livré à l’exploitant du refuge. « On est très content de voir enfin aboutir ce dossier », reconnaît Niels Martin, directeur adjoint de la Fédération française des clubs alpins de montagne (FFCAM).
En 10 ans, un appareil qui n’a jamais fonctionné comme il le devait
Dès sa mise en service il y a dix ans, le fondoir livré lors de l’inauguration de 2014 n’avait jamais fonctionné comme il le devait. Cet élément clef censé garantir un accès facile à l’eau au bâtiment, comptant 120 couchages, était d’ailleurs l’une des principales causes des nombreux dysfonctionnements rencontrés dans l’exploitation de cet abri ovoïde au look futuriste. De quoi pousser la FFCAM, il y a huit ans, à faire marcher son assurance dommages ouvrages afin de remplacer l’appareil.
Mais les procédures d’indemnisation furent tellement longues que ce n’est qu’en 2022 qu’avec l’aval des assureurs, la FFCAM put lancer les travaux de remplacement. Un chantier de 1,1 million d’euros qui a connu des semaines épiques marquées par une météo très capricieuse fin septembre et début octobre, bouleversant sans cesse le calendrier opérationnel. Par chance, le beau temps fit ensuite son retour et permit aux entreprises mobilisées sur ces travaux atypiques d’avancer et de respecter les délais fixés par la FFCAM.
La gestion du refuge du Goûter devrait être plus facile
Avec un accès facilité à l’eau, la gestion du refuge du Goûter devrait désormais être plus aisée pour son équipe dévouée. « Les trois principaux défis d’un bâtiment situé aussi haut en altitude sont presque toujours liés à l’énergie, l’eau et l’assainissement, rappelle Niels Martin. En changeant l’appareil de cogénération, nous avions déjà réglé le premier problème, mais avec le nouveau fondoir, on espère bien régler les deux autres », confie le directeur adjoint, ajoutant qu’il faudra désormais attendre de voir si les mauvaises odeurs disparaissent maintenant que le système d’assainissement pourra compter sur davantage d’eau, comme c’était prévu au départ.
L’avancée de ce dossier est d’autant plus une bonne nouvelle pour la FFCAM qu’elle s’est heurtée à la commune de Saint-Gervais, l’autorité qui lui a confié la construction et l’exploitation du nouveau refuge du Goûter à travers un bail emphytéotique administratif de 60 ans.
De quoi prolonger l’ouverture du refuge ?
Opposé pour des raisons de sécurité à la fermeture anticipée du refuge, qui, cette année, n’a plus accueilli dans sa configuration gardée les alpinistes à partir du 16 septembre (deux semaines plus tôt que d’ordinaire), le maire Jean-Marc Peillex jugeait que cette fermeture précoce n’était justifiée que par des « intérêts mercantiles ». L’édile saint-gervolain prit même un arrêté afin d’interdire les travaux, finalement suspendu par le tribunal administratif de Grenoble. Cette décision de justice n’a toutefois pas empêché l’élu de refuser au maître d’œuvre l’utilisation d’une base hélicoptère sur sa commune.
La FFCAM a donc dû se tourner vers des lieux de dépose et de récupération de matériel plus éloignés, ce qui a légèrement alourdi sa facture.
Les tensions entre les deux parties pourront néanmoins peut-être s’apaiser à l’avenir, puisque, la question du remplacement du fondoir désormais close, la FFCAM entend proposer aux socioprofessionnels une ouverture prolongée jusqu’à la fin de la première semaine d’octobre dès l’an prochain. Une façon de faire tirer parti des excellentes conditions rencontrées parfois sur la voie normale du mont Blanc en début d’automne.
Article issu du Dauphiné Libéré
