Mont-Blanc : un pic estival de plus en plus précoce pour les refuges de haute montagne

Les refuges du Couvercle et de la voie normale du mont Blanc ont été les derniers à accueillir des alpinistes en septembre, quand d’autres ont déjà quitté leur navire dès la fin juillet, comme aux Grands Mulets. Ses professionnels fixent leur période d’ouverture en fonction des conditions rencontrées autour de leur refuge. Chacun a son calendrier et dégager une tendance générale de fréquentation sur la saison se révèle difficile. Un dénominateur commun à ceux ouverts dès la fin mai est à mettre en évidence, car ces derniers ont tous observé un début d’été canon.

« L’affluence de juillet-août n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était dans les années 90 »

Au refuge des Cosmiques, la fin mai et juin ont été excellents, voire épuisants pour les deux nouvelles gardiennes Anna Bernicot et Isabelle Vogelgesang. Leur refuge à 3 613 mètres d’altitude a fait le plein dès lors que la voie des trois Monts s’est révélée être en très bonnes conditions. Un démarrage tonitruant qu’a également observé Christophe Lelièvre au Couvercle. « L’an dernier, avec la fin du chantier de rénovation , nous n’avions pu ouvrir le refuge que fin juin. Je n’avais donc plus trop de repères pour toute la période qui précédait, et j’ai été surpris. J’étais en sous-effectif. L’an prochain, j’embaucherai quelqu’un de plus à cette période », explique le montagnard persuadé que les bonnes conditions rencontrées à ce moment-là dans le couloir Whymper et sur d’autres courses de neige y sont pour quelque chose.

Dans ces deux refuges, comme sur ceux de la voie normale du mont Blanc, la fréquentation a été ensuite bien plus éparse. « L’affluence de juillet-août n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était dans les années 90, note le passionné à la tête du Couvercle, mais ce n’est parfois pas plus mal. Les clients et nous sommes contents de pouvoir profiter de moments plus calmes. » Un constat qui confirme en tout cas le décalage de la saison d’alpinisme estivale induit par le changement climatique.

Le refuge du Couvercle. Photo Le DL/Baptiset Savignac
Le refuge du Couvercle. Photo Le DL/Baptiset Savignac

Toujours au refuge du Couvercle, le nombre de nuitées semble avoir baissé si on le compare à la période d’ouverture de l’année dernière. « Il n’est pas impossible qu’on ait l’an dernier bénéficié de l’effet de nouveauté », juge celui qui remarque également avoir de moins en moins de randonneurs, en raison de l’accès, « plus aérien », permettant de rejoindre son refuge et celui de la Charpoua. Les nombreuses échelles à gravir expliquent peut-être que la mue de la cabane de la Charpoua n’ait pas attiré de monde outre mesure, en dehors des alpinistes chevronnés.

Connaissez-vous le refuge de la Charpoua, l’un des plus vieux et des plus petits des Alpes ?

C'est un lieu mythique des Alpes. La première cabane a été construite à plus de 2 800 mètres d'altitude en 1903. 119 ans après, le refuge de la Charpoua a été totalement rénové. À la fin du mois d'août, il a fêté sa fin de saison en même temps que sa reconstruction lors d'une inauguration en grande pompe.

La météo n’a pas toujours été favorable. « En juillet, pas mal de clients ont renoncé à monter face au risque d’orage l’après-midi », indique la gardienne du refuge du Requin Amélie Tuvéri. Comme presque tous les refuges du massif, son nombre de nuitées a légèrement baissé par rapport à 2022, été où la sécheresse avait rendu la montagne infréquentable, par moments et par endroits. L’exploitante du Requin est toutefois heureuse d’accueillir une clientèle « qui prend plus son temps ».

Encore une saison galère pour le refuge d’Argentière

Après avoir subi la période Covid et une longue fermeture imposée après une intoxication soudaine au monoxyde de carbone , Béatrice et Frédéric Laurenzio ont encore connu une saison compliquée cet été au refuge d’Argentière. Même si cette dernière ne représente environ que 500 nuitées (contre 3 000 lors de leur période d’ouverture printanière), le bilan n’est pas très positif. Et pour cause, la foudre qui a frappé le relais téléphonique des Grands Montets a privé le refuge et l’ensemble de son bassin de réseau. Sans téléphone, les réservations n’ont pas pu se faire, et, même si l’office de la haute montagne indiquait le contraire à ceux qui le demandaient, beaucoup ont cru que le couple de gardiens n’était pas en mesure de les recevoir.

Photo Le DL/Antoine Chandellier
Photo Le DL/Antoine Chandellier
La voie normale du mont Blanc attire toujours autant

Sur la voie normale du toit des Alpes, l’été a été plutôt bon à en croire Antoine Rattin, le gardien coordinateur des trois refuges de l’itinéraire. La neige tardive tombée mi-mai a quelque peu retardé la mise en route des bâtiments mais a offert d’excellentes conditions aux premiers candidats au mont Blanc.

« Dès le premier soir, nous étions complets, explique celui qui constate le retour en masse des étrangers. Ils ont représenté cet été 50 % de la clientèle, comme en 2019. On a accueilli des Japonais, des Australiens et même des Iraniens. Des nationalités qu’on avait perdu l’habitude de voir », ajoute le gardien et guide.

Si dans l’ensemble tout le monde respecte la règle de la réservation obligatoire, une petite minorité continue toutefois de monter sans. « En plus de mettre en danger tout le monde, ce sont les mêmes qui multiplient les incivilités à l’encontre du personnel ou de la montagne », s’agace-t-il, saluant toutefois le travail de contrôle effectué par les gendarmes du PGHM et la brigade blanche , mais aussi le sérieux et l’implication des équipes des trois refuges.

Si pour Antoine Rattin, l‘itinéraire n’a rien perdu de son attractivité, il reste néanmoins très dépendant de la météo. « Quand on entame la saison, sur le papier, tous les créneaux sont bloqués. Mais lorsqu’arrive le mauvais temps ou que le couloir du Goûter se dégrade, les annulations se multiplient ». 

À défaut d’avoir été cette année confronté à un arrêté municipal de fermeture , le coordinateur a dû faire face à un autre problème. « Nous sommes tenus d’avoir 10 % de professionnels au refuge, mais en août, les compagnies locales ont arrêté de commercialiser la voie normale. Il a donc fallu que l’on passe des heures au téléphone pour confirmer la venue des guides indépendants. »

Article issu du Dauphine Libéré

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