À deux mois de la saison d’hiver, le front de neige d’Orcières est un immense chantier à ciel ouvert. Il y a des tas de terre, des ouvriers, des engins à la pelle. Un gigantesque terrassement a été opéré. Les skieurs ne vont pas reconnaître leur station.
Le pied des pistes a été revu et corrigé. La pente finale atténuée et les deux téléskis remplacés par un tapis roulant couvert : idéal pour apprendre à glisser. Ce gain de place permettra de séparer les débutants de ceux qui vont prendre le télésiège – ou plutôt les télésièges. Car l’autre grande nouveauté, c’est le télésiège de la Muande. Un appareil à six places qui va desservir l’ouest du domaine, notamment la Camile Ricou, vitrine sportive de la station. Une nouvelle piste bleue dévalera aussi jusqu’au front de neige.
Un camion passe, chargé d’un enchevêtrement de sièges métalliques. Avec l’avènement de Muande, trois télésièges vont goûter une retraite méritée. En parallèle, le réseau de canons à neige a été renforcé. Facture globale : 18 millions d’euros. Un million est payé par la Région, le reste par Semilom resort, qui exploite le domaine skiable en délégation de service public depuis fin 2022.
« On n’a pas arrêté, même cet été »
Les travaux ont commencé dès le lendemain de la fermeture des pistes. « On n’a pas arrêté, même cet été. On est parfaitement dans les temps, pour l’instant. Mais le planning s’arrête quasiment à l’ouverture du domaine, donc on n’a pas beaucoup de marge. » Prudent, Nicolas Colombani, le directeur général délégué de la Semilom. Mais sûr de son fait : « On sera prêt le 13 décembre. »
Voilà pour la partie émergée de l’iceberg. Car c’est tout Orcières Merlette 1850 qui fait sa mue. Le palais des sports est en chantier depuis septembre. Bâti en 1985, le quadra va prendre un sérieux coup de jeune. Le bowling rénové occupera tout le niveau supérieur. Accueil et espace de remise en forme vont descendre d’un étage et faire peau neuve. Façades en bois et pierre, bassins en inox, jets d’eau, isolation et traitement thermique : la piscine aussi va être modernisée.
Le gros de ces travaux fleurira au printemps 2026 ; le palais des sports sera fermé l’été. Pour la commune, la facture a été réévaluée à 13,5 milions d’euros. Auxquels la Semilom ajoute 900 000 euros pour un aménagement intérieur à la page.
Car c’est elle qui exploite aussi le palais des sports. C’est encore elle à qui la commune a confié la base de loisirs avec un hôtel et un camping. Elle toujours qui prévoit de rénover dans deux ans le restaurant d’altitude de Rocherousse. À travers ses filiales, la Semilom diversifie ses activités. « L’objectif, c’est d’avoir une station intégrée, un peu resort , pour offrir un produit “tout inclus” à nos clients », décrypte Nicolas Colombani. Stratégie que semble valider le succès des packages (forfaits de ski avec accès à la piscine et à la patinoire).
« Des budgets importants mais pas déraisonnables »
Le doux bruit des marteaux-piqueurs n’a pas fini de retentir à Orcières. La construction d’un parking central de 659 places pourrait commencer au printemps 2026 sous la place du marché. Un chantier de deux ans estimé à « une quinzaine de millions d’euros » pour offrir plus de places et écarter les voitures du cœur de station.
Fuite en avant ? Folie des grandeurs ? « Ce sont des budgets importants, mais pas déraisonnables par rapport à ce qu’on est capable de conduire », répond le maire Patrick Ricou, qui dit avoir à l’esprit « l’évolution climatique ». Les planètes sont alignées, souligne l’élu, avec une commune prospère, un délégataire qui a 22 ans pour amortir ses investissements, et un triumvirat État – Région – Département qui a foi dans les stations. « Ce sera une belle évolution d’Orcières, qui va nous donner une dimension supplémentaire. On prépare l’avenir avec la diversification des activités, l’aménagement urbain, la qualité des espaces, la performance énergétique. Ça vient sécuriser notre station pour les années à venir. »
Article issu du Dauphiné Libéré
