« On est arrivé vendredi et quand on est revenu à la voiture on a vu qu’on s’était pris une amende », s’étonnent encore Olivier et Guillaume, venus passer un week-end à Orcières Merlette. Les deux Varois n’avaient sans doute pas fait attention aux (nombreux) panneaux annonçant l’extension du stationnement payant. Le lendemain matin ils sont venus rectifier leur erreur – « s’il faut payer, on paye » – en se garant au parking (nouvellement payant lui aussi) de la Casse blanche : « Un euro pour une heure ? C’est correct, à Cannes c’est dix euros pour trois heures. »
« Les gens l’ont plutôt bien pris »
Fin septembre, le conseil municipal d’Orcières a décidé de rendre payant la plupart du stationnement aux abords des pistes entre le 14 décembre et le 13 avril. Patrick Ricou, le maire, s’attendait à « se faire bien engueuler » mais finalement « les gens l’ont plutôt bien pris ».
« Cette décision est partie d’un constat, rappelle l’édile. Malgré nos efforts il y avait une omniprésence de la voiture dans le centre station qui faisait peser une ambiance un peu stressante. » Clairement, les 3 500 places de la station ne suffisent plus. « C’est déjà arrivé que l’on dissuade les voitures de monter car le stationnement était saturé arrivé en haut », se souvient Patrick Ricou. Sauf que cette année « à Noël et Nouvel An on a eu encore plus de monde, mais ça c’est mieux passé », estime l’élu.
Qui savait où aller chercher de nouvelles places : « La plupart des résidences privées avaient leur parking insuffisamment rempli, voire vide, car c’est un service qu’elles faisaient payer en plus. » Résultat des places privées vacantes et des voitures qui occupent les trottoirs. Un problème moins commun depuis que tout est payant.
« On veut que les socio-professionnels modifient leur comportement »
« On sait que ce levier-là ne suffira pas », constate le maire d’Orcières, qui compte faire construire un parking de 660 places non loin des pistes. Financé en partie par les recettes de stationnement, qu’il chiffre à environ 350 000 euros pour les quatre mois. Payés surtout par les touristes, mais aussi par les saisonniers et les locaux. Patrick Ricou ne le cache pas : il veut faire changer certaines habitudes. « On veut que les socio-professionnels modifient leur comportement en se garant plus loin ou en prenant la navette gratuite dont on a renforcé la cadence. »
Et les propriétaires ? « Si on ne se donne pas les moyens de tirer la station vers le haut, leur patrimoine immobilier va baisser », constate Patrick Ricou. Car, plus que le nouveau parking, l’édile a de nombreux projets pour piétonniser le centre de la station.
Pour cette première année, la commune a fait le choix de loger tout le monde à la même enseigne niveau tarif. Huit euros pour une journée, 250 euros pour les quatre mois. « Moi je m’en fiche car je n’ai pas de voiture, entame Benoît, le barman du Mash Pook. Mais mon patron a trois voitures, donc ça lui fait 750 euros pour la saison sans garantie d’avoir une place. »
Car les abonnés n’ont pas particulièrement de place réservée. Ils peuvent donc théoriquement se retrouver à payer un abonnement sans pouvoir se garer les jours de forte affluence. De quoi dissuader Sylvie, du magasin La boutique de Pounette, de prendre un abonnement : « Pas envie de payer dans le vent. » Alors elle se borne à trouver une place gratuite, et donc éloignée de sa boutique. « Je vais finir par le prendre l’abonnement », concède la commerçante. Qui raisonne à voix haute : « Mais si je le prends maintenant ça fera 250 euros pour un peu plus de deux mois… »
Article issu du Dauphiné Libéré