Parc des Bauges : comment se protéger de la surfréquentation ?

Un nouveau coup de pub « La campagne… respect ! »

Le parc naturel régional des Bauges avait lancé sa campagne de communication “La montagne… respect !” en 2021, en période post-Covid. La forte fréquentation de certains sites avait entraîné des dérapages. À grand renfort de panneaux humoristiques qui donnent la parole aux animaux, au départ des randonnées, derrière les chalets, près des abreuvoirs, l’opération avait bien fonctionné et avait même été élargie à d’autres territoires.

Cet été, le parc vient de sortir une version pour les urbains avec “La campagne… respect !”. « C’était une demande des socioprofessionnels et des communes de faire passer un message plus adapté aux problématiques rencontrées par les agriculteurs en plaine, dans les vergers, les vignobles », développe Jean-Luc Desbois, directeur du parc des Bauges.

Comme “Achetez local oui, voler non” pour expliquer qu’il est interdit de cueillir les fruits et légumes dans les vergers. Ou encore “Que je sois là ou pas, ne circulez pas dans mon assiette” pour rappeler qu’il ne faut pas sortir des sentiers afin d’éviter de piétiner l’herbe que mangent les animaux. Les affiches, qu’on peut retrouver sur les abris de bus, sensibilisent aussi aux dangers, pour les animaux d’élevage, des déjections canines, des déchets et des barrières mal refermées.

Les deux campagnes ont été construites avec les habitants, les agriculteurs, les associations, les pratiquants de sports, les techniciens et les élus, pour un budget de 22 000 € réparti entre les collectivités et le parc, sur 2023 et 2024.

À La Compôte. Photo Le DL/Tom Pham Van Suu
À La Compôte. Photo Le DL/Tom Pham Van Suu

La présence d’écovolontaires l’été

Depuis dix ans, les visiteurs peuvent croiser des écovolontaires du parc des Bauges sur les sentiers de la réserve naturelle, au mont Colombier, au Semnoz ou sur les bords du Chéran, en juillet et août. Deux équipes de six jeunes, formés par l’Office national des forêts et l’Office français de la biodiversité, sillonnent les sites les plus fréquentés pour informer, sans verbaliser.

« Ils indiquent les plantes que les randonneurs peuvent rencontrer, ils les conseillent sur les lieux où observer un chamois », poursuit Jean-Luc Desbois. « Ils en profitent pour leur parler des pratiques sur le territoire (NDLR : alpages, chantiers forestiers, chasse) et leur faire comprendre les enjeux de respect du parc. » Deux services civiques viennent compléter l’équipe.

Un garde champêtre pour verbaliser en 2025

Parfois sensibiliser ne suffit pas. Les communes du parc souhaitaient passer à l’étape répression. Suite à une enquête auprès des 67 communes concernées, 20 se sont dites intéressées par la présence d’un garde champêtre certains jours, pour assurer une mission de police rurale. Coût pour les communes : 250 € par jour.

« Nous avons donc recruté un agent à temps plein, un ancien gendarme, qui est arrivé le 1er  juillet », précise le directeur du parc. « Cet été, il sera plutôt là comme écogarde, pour sensibiliser et surveiller, le temps d’être équipé (uniforme, voiture, logiciel de verbalisation), formé à l’automne puis assermenté l’année prochaine. Ce ne sera pas le garde champêtre du parc, il sera sous l’autorité du maire de la commune sur laquelle il se trouve. » Il ne sera pas armé.

À École. Photo Le DL/Tom Pham Van Suu
À École. Photo Le DL/Tom Pham Van Suu

Bientôt un guide pour clarifier ce qu’on peut faire ou pas dans le parc

Un audit est en cours depuis plusieurs semaines pour évaluer les connaissances des locaux sur ce qui est autorisé ou non dans l’enceinte du parc des Bauges. « La réglementation est différente selon qu’on se trouve sur un espace protégé ou non (réserve nationale de chasse et de faune sauvage, arrêté de protection de biotope, réserve biologique, etc.). Les gens mélangent un peu tout et on les comprend, ce n’est pas évident », reconnaît Jean-Luc Desbois.

De ce sondage naîtra un guide pratique, à récupérer dans les offices de tourisme, la Maison du parc et sur internet, avec une foire aux questions pour savoir si l’on peut se promener avec son chien à tel endroit, bivouaquer à tel autre.

L’année dernière, un topo avait été édité pour les manifestations en pleine nature, à destination des organisateurs et des communes, pour faire les bonnes démarches, limiter l’impact environnemental et se poser les bonnes questions par rapport aux autres activités. Grâce à cet éventail d’actions, le parc espère concilier tourisme et respect d’un paysage remarquable.

Pourquoi toutes ces interdictions dans la réserve ?

L’Office national des forêts (ONF), l’Office français de la biodiversité (OFB) et la préfecture tiennent à rappeler les règles d’un espace bien particulier : la réserve nationale de chasse et de faune sauvage des Bauges. Une zone de 50 km², soit 5 % du massif des Bauges, dans laquelle faune sauvage et flore sont particulièrement protégées.

Pourquoi ? Parce qu’on y trouve la “zone de recherche”, où les scientifiques observent les 1 000 à 1 500 chamois, les chevreuils, cerfs, mouflons, sangliers, loups, lynx, tétras, bartavelles et gélinottes. Ils capturent régulièrement des chamois pour les suivre, connaître leur zone d’alimentation et étudier l’impact des activités de l’Homme sur eux. « Ce laboratoire est comme une salle blanche où il faut pénétrer avec attention sans apporter trop de saletés », résume François-Xavier Nicot, directeur de l’ONF.

« L’idée de la réglementation n’est donc pas de restreindre la liberté des gens mais de lutter contre ce qui dérange la faune, contre ce qui est considéré comme un intrus dans un écosystème naturel », poursuit-il. « Un chien, même tenu en laisse, va perturber un animal sauvage, par son odeur, ses aboiements, ses déjections. L’animal va le prendre pour un prédateur et fuir, s’épuiser, changer son comportement. »

Et c’est la même chose pour le VTT, le parapente, le trail, le bivouac. Dans cette zone de recherche, le survol à moins de 300 mètres est interdit, tout comme marcher hors des sentiers ou allumer un feu.

Cette réserve nationale compte également une réserve biologique dans laquelle l’Homme n’intervient pas. Ni sentier, ni coupe d’arbre. « Une zone de référence où l’on observe ce qu’il se passe si on ne fait rien », poursuit le directeur de l’ONF.

Un arrêté préfectoral réglemente la réserve nationale de chasse et de faune sauvage des Bauges depuis 2018. Et pour la deuxième année, les agents sont passés en mode répressif. En 2023, l’ONF et l’OFB ont verbalisé 20 contrevenants (sur 1 600 personnes observées), qui sont repartis avec 135 euros d’amende.

Article issu du Dauphiné Libéré

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