Probable ouverture de l’Alpe du Grand Serre cet hiver : « C’est un énorme soulagement » dans la station

Après des jours de brouillard et des semaines de déprime, le soleil a autant illuminé le ciel mortillon fin septembre que les visages de ses habitants. « C’est un énorme soulagement, souffle Lionel Vincent dans son magasin de sport. Après les coups de massue de juin et juillet, on avait travaillé tout l’été avec la boule au ventre. Tous les jours, les clients nous parlaient de fermeture et nous, commerçants, avons fini la saison rincés. »

Le 10 juillet en effet, les élus de la communauté de communes de la Matheysine, la collectivité gérant la station, votaient l’arrêt des négociations avec Sata group en vue d’une délégation de service public (DSP) pour l’exploitation des remontées mécaniques. Terminus fixé ce dimanche 28 septembre. Le lendemain, les salariés des remontées mécaniques avaient donc rendez-vous pour leur licenciement.

« Toute la pression est retombée »

Avant le revirement de dernière minute. L’un d’eux, qui préfère conserver l’anonymat, respire et glisse : « Je ne suis pas de la région et j’avais posé mes valises ici il y a des années car j’étais tombé amoureux du coin. Mais là, je m’apprêtais à partir ces prochains jours ; il n’était pas question d’aller bosser à Grenoble ou plus loin dans une autre station. »

Grâce au projet de reprise de Sata Group annoncé par son patron, Fabrice Boutet, fin septembre, c’est tout un village qui se reprend à espérer. Lionel Vincent reprend : « Avec ma femme, on était en train de passer des commandes pour l’hiver prochain avec un fournisseur et c’est un perchman qui nous a annoncé la bonne nouvelle. Toute la pression est retombée. Car avec cette fermeture, c’est toute une vie qui était remise en question. On se demandait tous comment on allait par exemple financer les études de nos enfants, s’il fallait aller enseigner le ski ailleurs… Cette histoire, où l’humain n’a pas été assez au cœur des élus, elle nous a minés, ça a été beaucoup de fatigue et de nuits blanches. »

« Moi je suis hyper optimiste »

À son comptoir de La Bergerie au pied des pistes, Patricia, elle, y a toujours cru : « Moi je suis hyper optimiste et c’est chouette que ça continue un an. C’est vrai que si ça avait fermé, ça aurait été la catastrophe. » Même sentiment pour Astrid Lescure, éleveuse de chèvres depuis 2020 et employée aux remontés mécaniques depuis dix ans : « Je reste prudente et j’attends encore la confirmation. Mais sans cette double activité, mon modèle économique ne fonctionnerait pas. »

Vaguement au courant de cet aller-retour d’indécisions, Marc, un vététiste grenoblois monté à la journée, apprend la nouvelle, réfléchit un temps puis souligne : « C’est vraiment une bonne chose pour toutes les personnes du coin qui vivent de cette économie. Mais en même temps, il va falloir se faire à l’idée que le ski à certaines altitudes, c’est fini. Moi, je fais de l’alpinisme et les courses estivales que je faisais naguère, on les réalise désormais au printemps, voire au mois de mars. Il faut s’adapter. » S’adapter certes, mais un salarié du domaine skiable nuance : « La question de la transition est complexe mais pour l’instant, seul le ski la paye ».

En terrasse, au coin du zinc ou à l’épicerie, les lendemains restaient toutefois à distance des préoccupations immédiates ce samedi. À l’ombre du Grand Serre, savourer l’instant présent suffisait au bonheur.

Article issu du Dauphiné Libéré

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