Dès les premières heures qui ont suivi l’éboulement dans les gorges de Ponserand le 1er février dernier, plusieurs élus sont montés au créneau pour demander la construction d’un tunnel, dans le sens montant (Albertville/Moûtiers). À l’image d’Hervé Gaymard, président du conseil départemental : « Il est impératif d’envisager la réalisation d’un tunnel au droit de cette gorge, afin de ne pas compromettre la vie dans la vallée de la Tarentaise ».
Un tunnel pour sécuriser et fluidifier l’accès à la vallée
Même discours pour Vincent Rolland, député de la circonscription et conseiller départemental, qui appelle de ses vœux, depuis plusieurs années, le doublement du tunnel : « L’État, qui est le gestionnaire du domaine de la RN90, se doit de réaliser ce tunnel afin de sécuriser et fluidifier l’accès à la vallée. C’est indispensable pour protéger les vacanciers mais aussi tous les usagers quotidiens. Aujourd’hui, il est inconcevable qu’un territoire, qui abrite par moments plusieurs centaines de milliers de personnes, soit complètement bloqué à cause d’un éboulement. On a évité un drame le premier week-end de février. Les miracles ne se reproduisent pas. Il ne faut pas attendre qu’un accident mortel se produise. Les gorges de Ponserand sont un secteur géologique à risques. L’État le sait mieux que quiconque ».
Et l’élu de prendre l’exemple de la route départementale 1 504, qui passe dans le tunnel du Chat et qui permet de relier l’Avant-pays savoyard et le bassin de Chambéry et d’Aix-les-Bains. « Lorsque cette route est devenue départementale, l’État nous a demandé de faire des mises aux normes dans le tunnel du Chat. Ce que le Département a fait en déboursant plusieurs dizaines de millions d’euros », cite Vincent Rolland, considérant que l’État doit à son tour s’engager financièrement. « Ce n’est pas au Département de donner l’impulsion, ni d’assumer les compétences de l’État ».
Une « réflexion » lancée il y a 25 ans
Le député rappelle qu’une « réflexion avait été engagée par l’État dans les années 2000 » pour envisager un nouveau tunnel dans le sens Albertville/Moûtiers, d’une longueur quasi-identique au tunnel déjà existant (1 300 mètres environ). Mais sans réelle avancée.
« Depuis 25 ans, le dossier n’a, semble-t-il, pas avancé. À l’époque, on parlait d’un investissement de 60 à 80 millions d’euros. Aujourd’hui, je ne saurai pas dire combien cela peut coûter. Mais c’est techniquement faisable. À titre d’exemple, même si ce n’est peut-être pas tout à fait comparable, le tunnel du Chambon en Isère a été prolongé de plusieurs centaines de mètres pour un coût de 20 millions d’euros et un an de travaux », remarque le député, rappelant que « 15 millions d’euros ont été investis ces dernières années » pour sécuriser les falaises autour de Ponserand. « Or, les systèmes de protection actuels ont atteint leurs limites », constate le parlementaire.
En prévision des JO 2030
Pour Vincent Rolland, un tunnel serait la solution idéale pour sécuriser le secteur sur le long terme. Mais peut-être pas la seule solution : « Certains évoquent la possibilité d’installer des casquettes ou des paravalanches. Comme dans les gorges de l’Arly ou vers Champagny-en-Vanoise. Lors des discussions de l’époque, il avait été expliqué que l’énergie cinétique des masses rocheuses pourrait détruire ces équipements de protection. Est-ce qu’aujourd’hui il existe d’autres techniques ou d’autres matériaux plus résistants ? C’est à étudier ».
Si les élus insistent sur la création d’un nouveau tunnel, c’est aussi en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de 2030. « Les infrastructures de transport devront être opérationnelles pour cet événement. Dès le début de la candidature, outre l’amélioration du réseau ferré, nous avions revendiqué la création d’un tunnel dans ce secteur. Évidemment, les JO sont un accélérateur pour les projets. Certes, les délais sont limités d’ici 2030. Malgré tout, comme pour les Jeux de Paris, il sera possible de voter une loi spéciale pour accélérer les procédures ».
Article issu du Dauphiné Libéré