Sur la route des stations de l’Oisans : un feu qui cristallise les colères

La N85, une route qui mène aux stations de l'Oisans

À partir du 30 novembre et l'ouverture des stations de ski de L'Alpe d'Huez et des Deux Alpes, vous allez être à nombreux à emprunter la N85 pour rejoindre les domaines skiables de l'Oisans.

En direction des stations, les bouchons, notamment pendant les vacances scolaires, y sont fréquents sur plusieurs kilomètres entre Le Pont-de-Claix et Vizille.

Dans le sens des retours, circuler sur la N85 peut aussi s'avérer compliqué. Au quotidien, sans les vacanciers, un feu de circulation dans le sens Vizille-Grenoble cristallise la colère des usagers.

Le problème existe depuis des années, mais la colère a désormais atteint un point culminant. Certains appellent « à la désobéissance civile », d’autres tout simplement à la destruction du feu de la discorde. Car si l’on sait qu’il n’est évidemment pas seul en cause, le feu tricolore installé en 2018 au pied de l’autopont, à l’entrée de Jarrie (en direction de Grenoble), est devenu l’équipement à abattre. « Les temps de trajets habituels pour rejoindre Grenoble (à 19 km de là) sont passés de 30 minutes à 1 h 30, voire 2 h » écrit Timothée Salpietro, à l’origine de la pétition avec sa voisine Justine Gillart. « Il y a des matins où, pour faire le trajet entre le rond-point de l’entrée de Vizille et le feu, nous mettons 1 h 30 » ajoute-t-il.

« Pour éviter les bouchons dans cette zone à risques »

Pourquoi un tel ralentissement, dans une agglomération où les feux sont légion ? Tout simplement parce que celui de Jarrie n’est pas comme les autres. Il s’agit d’un « feu de régulation, installé en application du PPRT (Plan de prévention des risques technologiques), pour éviter les bouchons dans cette zone à risques » explique la préfecture. Autrement dit, un feu qui se déclenche lorsque la circulation est dense, et qui passe du vert au rouge selon la fréquentation du secteur. On peut ainsi compter parfois une dizaine de voitures autorisées à circuler puis, au feu vert suivant, seulement deux voitures qui ont le temps de passer !

« Le PPRT inclut la définition d’un périmètre de 1 km autour des usines. C’est un secteur où nous n’avons pas le droit de laisser se former des embouteillages, tout simplement. Cela permet de limiter le nombre de personnes impactées en cas de problème » explique Tanguy Serard, chef du district Chambéry-Grenoble à la Direction interdépartementale des routes Centre-Est (Dirce).

Photo Le DL/Isabelle Calendre
Photo Le DL/Isabelle Calendre

Un feu de circulation guidé par un algorithme

Comment fonctionne le feu de Jarrie ? « C’est simple : il est guidé par un algorithme. Un système de capteurs est installé sur la route, au niveau du carrefour du Saut du Moine (Champagnier), à plusieurs centaines de mètres de là. Il mesure le nombre de voitures, leur vitesse, et si elles sont arrêtées. Si le débit est insuffisant, pas assez fluide, le feu s’adapte en amont, à Jarrie, et limite les flux ».

Un fonctionnement, reconnaît Tanguy Serard, « particulièrement frustrant, puisque les automobilistes arrêtés à Jarrie ne voient pas, loin devant, la congestion qui justifie leur feu rouge ». Mais, quelle que soit la colère née de ce rouge, celui-ci est légitime, assure le responsable : « On n’a pas intérêt à laisser un bouchon s’installer. Ce serait dangereux, et de toute façon s’il s’installe, les cycles d’arrêts seront ensuite bien plus longs. Car l’algorithme vise à assurer les cycles les plus courts possibles ».

Certains s’étonnent toutefois de ne pas voir le même type de feu dans tous les autres sites PPRT en France… « C’est normal : les feux sont propres à chaque site, selon la géographie des lieux, et le type d’usine concerné. Elles ne présentent pas toutes les mêmes risques » répond le responsable.

Visiblement, autour de Vizille, l’autopont, la circulation sur ce secteur (porte de l’Oisans et de la Matheysine) et la nature des activités de la plateforme, justifient un équipement qui, s’il se veut vertueux, n’est malheureusement pas ressenti comme tel par les usagers…

« Nous ne pouvons pas avancer sans l’État »

Leurs oreilles ont sifflé ces dernières semaines, avec des automobilistes ulcérés de perdre autant de temps dans les transports – une situation aggravée par l’expérimentation de l’alternat dans la Combe de Gières. Mais les élus du secteur l’assurent : ils ont alerté l’État, à de multiples reprises. « Un courrier signé des maires de Champagnier, Champ-sur-Drac, Jarrie et Vizille a d’ailleurs été adressé au préfet le 11 juin dernier, demandant une amélioration des dessertes et des offres de mobilité pour nos communes », explique Catherine Troton, maire de Vizille. « Nous n’avons eu aucune réponse ».

Sylvain Laval, président du Smmag et vice-président de la Métropole, regrette que l’étude de vulnérabilité globale lancée par la Métro et le Smmag, et présentée en janvier 2023 en comité de pilotage, n’ait pas été suivie de faits. « L’État nous disait que tout était bloqué sur ce secteur, que l’on ne pouvait pas augmenter les flux. Notre étude a montré que l’on pouvait mettre en place des choses pour augmenter l’offre de mobilité (gare de Jarrie, bus…), sans dégrader l’aménagement PPRT ni aggraver le risque. Nous l’avons transmise au préfet, qui a dit ne pas pouvoir se prononcer. Il a fait remonter à l’administration centrale… et nous n’avons eu aucun retour ! ». Résultat : « Nous sommes en attente. Tout le monde se tourne vers nous, mais nous ne pouvons pas avancer sans l’État ». Le futur nouveau préfet est prévenu !

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus