Si la conquête de l’Ouest s’est passée à dos de cheval, celle de l’est du Revard ne pouvait se dérouler autrement. Alors, aussi prête que déterminée à conquérir les sommets de la Savoie, je me rends aux Déserts, à la recherche d’une monture capable de me suivre dans un tel projet.
Arrivée devant la petite cabane appartenant au centre équestre Volte Face de La Féclaz, je m’arrête devant deux plaques fièrement épinglées au-dessus de l’immense porte d’entrée. Éditées par la Fédération française d’équitation, toutes deux certifient le bien-être des animaux dans le centre. En voilà une bonne nouvelle, il sera bien plus simple de conquérir Les Déserts sur le dos d’un destrier en pleine forme.
Élise Dubois, monitrice, m’attend à côté de l’entrée. Derrière elle, quatre personnes, toutes impatientes de se mettre en selle, attendent d’être assignées à l’un des 12 chevaux qui somnolent au soleil. Plaçant ses mains sur les hanches, elle observe les animaux derrière les verres de ses lunettes de soleil, à la recherche de ma monture. « Pour toi, ce sera Poldra. Tu verras, elle est adorable », annonce-t-elle tout en me montrant du doigt une jument aux crins noirs.
Une petite évaluation pour commencer
Une brosse dans la main, un cure pied dans l’autre, nous prenons le temps de faire connaissance. Tel un premier rendez-vous, notre contact se fait d’abord prudemment. Puis, après quelques coups de brosses, c’est le coup de foudre. Je ne peux plus me passer de Poldra, et elle… Bon, elle pourrait sûrement se passer de moi, mais ma nouvelle amie n’a pas l’air dérangé à l’idée de passer l’après-midi à mes côtés. Après une trentaine de minutes à se faire cajoler, il est enfin l’heure de se mettre en selle. Malheureusement, on me demande de laisser mon revolver à côté de mes affaires personnelles.
Pour commencer et adapter le parcours à nos niveaux, quoi de mieux qu’une petite évaluation ? Pour ce faire, rien de plus simple : Élise nous demande de faire tourner nos chevaux dans un manège fermé. « Bon, ce n’est pas trop mal », conclut la monitrice, ses mains toujours calées sur ses hanches. Sans doute une position adoptée par les cow-boys à laquelle je devrais me plier afin de me fondre dans la masse…
Une balade pour redécouvrir la nature
Mais avant même que je ne cherche un nom de cavalier faisant frémir mes ennemis, Poldra s’active déjà, impatiente d’emprunter les chemins forestiers. Cela fait quatre ans qu’Élise s’occupe des balades l’été, elle connaît donc les sentiers comme sa poche. Alors à chaque tournant, nous avons le droit à un petit cours de géographie. « L’hiver, ce sont les pistes de skis ici ! » s’exclame-t-elle tandis que mon attention se fait absorber par des paysages montagneux à couper le souffle. « Découvrir la nature à cheval, ça nous offre une autre approche. C’est comme si on était directement connecté à elle », ajoute-t-elle. Je ne peux que la rejoindre.
En plus de quelques leçons sur la faune et la flore du coin, la femme de 30 ans nous raconte des anecdotes sur nos montures. Nuage, la jument de 5 ans montée par Lucas, un étudiant ingénieur qui se rêve déjà cavalier professionnel, a notamment « les idées bien en place depuis son plus jeune âge ».
Calme comme un cheval
La monitrice parvient à rassurer les plus stressés. Entre les hurlements des enfants s’amusant sur la via ferrata, les VTT doublant à toute vitesse ou les aboiements des chiens se promenant sur les sentiers, Poldra et ses amis ne semblent pas dérangés le moins du monde. Et dans les passages techniques, je pourrais lâcher les rênes qu’elle s’en sortirait toute seule. En somme, il n’existe pas une monture plus parfaite pour cette conquête de l’Est.
Lorsque la balade se termine, je ne peux m’empêcher de ressentir un petit pincement au cœur à l’idée d’abandonner ma nouvelle amie. La Fédération française d’équitation ne m’avait donc pas menti : « Le cheval, c’est trop génial ! »
Article issu du Dauphiné Libéré
