L’escalade de glace à Lans-en-Vercors : une expérience unique à vivre en hiver

Le bruit des piolets perforant la glace, l’atmosphère feutrée par la neige et les rires des grimpeurs. Tel est le décor qui entoure Jehan-Roland Guillot et sa cascade de glace de trente mètres perchée en haut du parc de loisirs de l’Aigle à Lans-en-Vercors.

« L’escalade de glace, on ne peut en faire que très rarement »

Ce vendredi 27 décembre, c’est Romane qui, accompagnée de ses amis, expérimente les différentes voies d’escalade pour la première fois de la saison : « On est dans une ambiance tellement particulière, c’est majestueux et en même temps, on s’amuse énormément. L’escalade de glace, on ne peut en faire que très rarement, alors quand les conditions sont réunies comme aujourd’hui, on profite à fond ! », savoure la jeune grimpeuse de 26 ans avant de débriefer ses premières montées : « Il faut trouver les bons interstices où planter ses piolets, ne pas y aller comme des bourrins. Chaque montée est différente. »

Le groupe peut profiter de huit lignes aux difficultés diverses, permettant à chacun de trouver son plaisir. Une accessibilité sur laquelle s’appuie largement Jehan-Roland Guillot : « En trois minutes de marche, on est au pied d’une cascade qui permet aux gens de découvrir l’escalade sur glace comme aux grimpeurs expérimentés de s’entraîner sans avoir à brasser dans la neige durant des heures. Dans les semaines qui arrivent, j’ai une personne qui vient fêter ses 80 ans en famille, mais aussi un groupe qui vient se perfectionner pour devenir guide. »

Comme pour confirmer les dires du maître des lieux, Maé, 11 ans, enfile un baudrier et se lance dans une ascension sous les yeux de son père Julien : « Elle est impressionnante, elle n’a aucune appréhension. On est déjà venu quelques fois et ça lui a donné le goût de l’escalade qu’elle pratique maintenant en club. »

« La performance et le plaisir viennent avec une attitude détendue »

En début de séance, le guide de haute montagne enseigne les bases, mais cherche surtout à instaurer un état d’esprit propice à l’épanouissement : « Les gens arrivent parfois avec énormément d’appréhension et tout l’enjeu pour moi est de les libérer de ça. La performance et le plaisir viennent avec une attitude détendue et pas par la force. »

Comme tous les sports d’hiver, l’escalade sur glace dépend de la météo et Jehan-Roland Guillot tente de maîtriser les éléments en bichonnant sa cascade artificielle : « Pour permettre aux grimpeurs de se régaler aujourd’hui, je prépare la glace depuis plus de dix jours. Il faut que les températures descendent en dessous de -4 °C ; ensuite, je joue avec les débits d’eau depuis le haut de la cascade pour former la glace. Sur certains secteurs, je suis obligé de tendre des cordes pour que l’eau fige. Les stalactites se forment avant de fusionner en une draperie. Il faut ensuite attendre qu’ils se remplissent avant de pouvoir grimper. »

Ce soir encore, le guide de haute montagne travaillera sa cascade et purgera ses tuyaux pour permettre aux grimpeurs de profiter d’un cadre « idyllique » de jour comme de nuit : « De nuit, c’est encore plus beau, la lumière se reflète sur la glace, on voit les étoiles, le village éclairé… », se remémore Romane qui avait déjà eu la chance de grimper il y a deux ans.