Pas moins de 12 tonnes, c’est le poids en charge de la cabine du téléphérique de l’Aiguille du Midi. L’installation est conçue pour transporter 66 personnes pesant 80 kilos. Au plus fort de la saison, la remontée mécanique voit passer 5 000 personnes par jour. Au-dessus de leur tête, ces alpinistes ou ces touristes ne sont maintenus que par un câble de 51 millimètres de diamètre.
« La question n’est pas le poids qu’un câble est capable de porter, mais sa résistance de rupture »
Cela paraît bien peu, d’autant que ce brin d’acier n’est pas d’un seul tenant. « Le câble porteur est composé de 139 fils de 4 millimètres chacun, c’est comme une corde » détaille Emerick Desvaux. Mais le responsable technique de la Compagnie du Mont-Blanc, qui gère quatre appareils de ce genre dans la vallée de Chamonix, a de quoi convaincre sur la solidité du transport par câble. « Sur un téléphérique, on parle de deux câbles, mais c’est le câble porteur qui supporte toute la charge. Et la question n’est pas le poids qu’un câble est capable de porter, mais sa résistance de rupture. »
De part et d’autre, en gare amont et aval, ce câble porteur est ancré. D’un côté, il est enroulé sur une sorte de cylindre en béton de quatre mètres de diamètre pour le retenir, puis fixer dans une sorte de pince appelée mordache. De l’autre côté, il est généralement maintenu par un contrepoids.
« Au sommet de l’Aiguille du Midi, on a 90 tonnes de tension »
Les chiffres du plus haut téléphérique de France sont vertigineux. « Le câble porteur est tendu. Au Plan de l’aiguille, on a 66 tonnes de tension. Au sommet de l’Aiguille du Midi, on a 90 tonnes de tension. »
Les contraintes semblent énormes, pourtant on est encore très loin d’une possibilité de casser.
« La charge de rupture est à, exactement, 314 tonnes. Donc les 12 tonnes transportées, avec la cabine, le chariot et les clients, c’est très minime », souligne ce spécialiste des câbles à la Compagnie du Mont-Blanc.
À l’Aiguille du Midi, les câbles porteurs ont été changés entre 2001 et 2004 (ils étaient d’origine), mais ont une durée de vie de 30 à 50 ans. Les efforts et les contraintes ne portent pas que sur ce seul filin métallique. Les deux cabines sont tirées par le câble tracteur. Celui-ci fait 40 millimètres de diamètre. « C’est ce câble-là qui passe dans les poulies, mais il ne supporte pas le poids et il n’est pas tendu. Sa résistance de rupture est de 139 tonnes », précise Emerick Desvaux.
« L’Aiguille du Midi est en maintenance permanente »
À ces certitudes, les câbles des remontées mécaniques sont contrôlés périodiquement. Inspections visuelles, magnétoscopie pour détecter les défauts internes, ces vérifications sont régies par les autorités selon un calendrier précis. « On ne craint pas une rupture de câble par fatigue, usure ou corrosion » avance l’ingénieur, mais la foudre peut faire des dommages sur le câble tracteur.
L’appareil de détection des anomalies passe une fois par an sur les câbles porteurs, mais toutes les 200 heures sur le câble tracteur, ce qui revient tous les dix jours l’été. « L’Aiguille du Midi est en maintenance permanente, cela se fait la nuit » confie le responsable technique. Il faut par exemple, à échéance, déplacer de quelques mètres la cabine sur le câble tracteur, afin que la pince ne marque pas d’une empreinte les torons d’acier du câble.
Article issu du Dauphiné Libéré