Il ne s’en lassera jamais. Après avoir marché jusqu’au-dessus des nuages, sa terre natale s’étend à perte de vue. Au premier plan, les cornes arrondies des bouquetins couronnent un paysage à couper le souffle. « Ce rendez-vous avec la nature, c’est fantastique. J’ai toujours été extrêmement attiré par la montagne, j’y trouve des surprises permanentes. À l’échelle de ma vie, j’ai vu le glacier Blanc reculer d’1,2 kilomètres et d’au moins 70 mètres d’épaisseur. Les glaciers fondent, mais cela me rassure de voir que les animaux sont encore bien présents. »
Depuis la première fois où il tient une caméra dans les mains, Christophe Rosanvallon filme les Hautes-Alpes, sa nature et ses hommes. Ce qu’il aime, c’est la notion de choix et la réflexion autour de ce que verront les spectateurs à l’écran : le cadre. C’est aussi « l’idée de cordée, le besoin d’être ensemble pour se soutenir et être plus fort ». Car Christophe Rosanvallon n’est pas un solitaire. Il est l’enfant « mauvais élève » qui terminait toujours avec le prix de camaraderie. « Les gens me disaient, t’es trop sympa, mais t’es nul. Moi, je m’en foutais, ce que je voulais, c’était rendre service. »
« La peur de sa vie » lors d’un reportage avec Alain Robert
Aujourd’hui, il a plus de 3 000 films à son actif, dont des centaines de vidéos de triathlon. « J’adore les tournages engagés » souffle celui qui a failli y rester et eu « la peur de sa vie » lors d’un reportage avec Alain Robert, dit l’homme araignée, lequel s’était lancé dans une ascension extrême et en solo dans les gorges du Verdon.
Mais parmi ses plus beaux souvenirs, il garde celui, « lunaire », des expéditions en spéléologie pour filmer trois glaciers souterrains dans la fiction-documentaire Dévoluy, de l’ombre à la lumière. S’il n’est pas alpiniste, il s’entraîne en ce moment pour tourner dans les Écrins un documentaire avec le club alpin français qui vise à « donner envie aux jeunes de faire de la haute montagne ».
Alex Hugo, un tournant dans sa vie
Cet été, il participera aussi au tournage de deux épisodes d’Alex Hugo sur les trois tournés dans les Hautes-Alpes. Un tournant dans sa vie survenue 12 ans plus tôt. Avec le directeur d’Air Libre Prod, ils étaient parmi les premiers à s’intéresser aux drones pour le cinéma. C’est au duo qu’il forme avec Benoît Regord que les amateurs des intrigues policières résolues par Samuel Le Bihan doivent les panoramas grandioses qui font le succès de la série. Le premier pilote l’image de la caméra accrochée au drone, le second l’appareil volant.
Toujours avec la notion de cadre, et, encore, l’idée d’équipe et de cordée. « On se régale à valoriser un maximum les paysages. Et quelle fierté quand nous arrivons à tourner une descente le long d’une cascade de 200 mètres pour créer l’énigme. » Il n’est pas non plus rare que la série face appel à ses fines connaissances du territoire pour trouver l’endroit idéal d’un département qu’il connaît « par cœur ».
« Au début, je n’avais pas conscientisé qu’avec les métiers que je faisais, je pouvais avoir un impact sur la valorisation des Hautes-Alpes » confie Christophe Rosanvallon, car en plus de sa casquette de vidéaste, il est aussi formateur et animateur.
« Notre isolement est devenu une chance »
Depuis 22 ans, il est le « facilitateur » lors du forum Ocova organisé aux Orres. Depuis 11 ans, c’est aussi lui qui anime le stand des Hautes-Alpes au salon de l’agriculture. Une chose est sûre, Christophe Rosanvallon n’est jamais autant dans son élément que lorsqu’il parle de son pays. « Je pense que notre isolement par rapport à l’autoroute est devenu une chance. Notre département est très attrayant parce qu’il est dans l’air du temps, qu’il n’est pas pollué et extrêmement varié ».
Parmi ses derniers projets, Christophe Rosavallon a co-réalisé avec Danielle Racanière et l’association P’tit Ruisseaux Prod un long-métrage pour retracer l’histoire méconnue de la Résistance haut-alpine durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les six personnages du récit se trouve l’histoire de son grand-père, qui fut lui aussi, en son temps, un homme de lien.