En Ardèche, la dernière station gérée par des bénévoles fête ses 50 ans

Chaussures de ski aux pieds, les skis dans les bras, les élèves du collège de Lamastre s’apprêtent à se lancer sur les pistes. Quelques jours avant l’épisode neigeux qui a investi les sommets ardéchois, le domaine nordique liberté du Mont Gerbier de Jonc est pris d’assaut, ce mercredi 5 février. En quelques minutes seulement, presque tout le matériel est dévalisé par les jeunes ardéchois. « Équiper un groupe de cette taille est un vrai défi pour nous », sourit Vincent Peyronet, avant de partir en quête d’une paire de chaussures en taille 37.

Une naissance en 1974

C’est que la petite station, gérée par les bénévoles du foyer ski de Sainte-Eulalie, association multisport du plateau ardéchois, a des petits moyens.

Le foyer a vu le jour en 1974, quelques années après les Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble, en 1968. À cette époque, le ski de fond connaît un essor fulgurant dans la montagne ardéchoise et plus d’une vingtaine de foyers de ski de fond se mettent en place. Il est désormais le seul à gérer 10 kilomètres de pistes de ski de fond et de raquettes en Ardèche, et ce, grâce à ses bénévoles.

« À sa création, les pistes de ski partaient du village de Sainte-Eulalie, mais nous nous sommes installés plus haut en 1990, créant l’espace nordique liberté, pour gagner en altitude et avoir plus de neige », raconte Alexandre Dupont, président de l’association depuis 2018. Chaque hiver, sept propriétaires de parcelles acceptent de les mettre à disposition gracieusement. Le reste de l’année, certaines redeviennent des pâturages.

Si la structure a survécu pendant toutes ces décennies, c’est également grâce à Régine Bouchet. En 1990, alors qu’elle est la gérante du restaurant portant son nom, véritable institution située en bord de route, elle accepte que l’association occupe le sous-sol du bâtiment. Dans ces 40 mètres carrés, les bénévoles se débrouillent pour faire vivre la station. Une fois les portes rouges franchies, il faut d’abord traverser l’entrée, abritant cartons et matériels divers, pour accéder à l’espace de location de l’association. Derrière, près de la chaudière générale du bâtiment, les chaussures de ski utilisées la veille finissent de sécher sur l’étendoir.

Le forfait est à prix libre

« C’est l’une de nos astuces nous permettant d’avoir très peu de charges et ainsi de proposer des petits prix », présente Alexandre Dupont. Les tarifs de location sont ainsi très avantageux. Seulement quelques euros pour louer le matériel à la journée pour un adulte, et le forfait est à prix libre, à déposer dans une petite boîte aux lettres pour soutenir la structure.

Le foyer compte aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents. « Nous salarions seulement ceux qui s’occupent de la location et qui dament les pistes. Ce sont les tâches les plus chronophages et parfois ingrates », détaille le président. Cet hiver, Vincent Peyronet qui est salarié pour s’occuper des clients et du matériel.

De l’autre côté de la route, dans le garage de Régine, attend patiemment la dameuse, approchant, elle aussi, les 50 ans. « Si un jour elle nous lâche, je ne sais pas comment on fera », ajoute le président, haussant les épaules.

La première édition du Trail des violettes en juillet

Depuis de nombreuses années, l’association a diversifié son activité pour ne pas trop subir les aléas de la neige et proposer du sport toute l’année. « En 2024, elle est arrivée en mars ! Donc, heureusement que nous proposons d’autres sports », sourit Alexandre Dupont.

Au printemps, certains bénévoles troquent leurs skis pour le vélo, la course à pied ou encore l’escalade. Et alors que le foyer de Sainte-Eulalie a célèbré ce samedi 15 février son 50e hiver, il se lance de nouveaux défis, notamment la création d’un atelier de réparation de vélo et l’organisation de la première édition du Trail des violettes, le samedi 12 juillet. Un programme idéal pour garder une forme olympique.

Quand le ski alpin était pratiqué dans ces villages

Il y a encore quelques années, les vestiges de la pratique de ski alpin étaient encore visibles dans le village de Sainte-Eulalie. Vingt ans après l’arrêt de l’exploitation de la station, les treize pylônes des téléskis ont été démantelés en octobre 2020, devant de nombreux témoins. La commune, berceau du ski en Ardèche, accueillait deux petits téléskis installés près du Gerbier de Jonc. Le premier, de 700 mètres de long, avait été installé en janvier 1964 et le second, dix ans plus tard.

Ouverte en 1963, la station de l’Areilladou, située à Mézilhac, fut dotée, elle aussi, d’un premier téléski conduisant les skieurs à 1 404 mètres d’altitude puis d’un second, en 1973, pour desservir la piste verte. Jusqu’en 2008, l’Areilladou fut, avec la Croix-de-Bauzon et Sainte-Eulalie, une des trois seules stations ardéchoises tournée vers le ski alpin, accueillant dans son centre d’hébergement des centaines de classes de neige.

De nos jours, avec l’absence récurrente de neige à cette altitude, la station s’est définitivement tournée vers d’autres horizons. En 2018, des travaux colossaux ont été entrepris pour réhabiliter le bâtiment. Une quinzaine de chambre, deux gîtes indépendants, un parc à vélos et un centre de bien-être ont vu le jour.

À noter également qu’un téléski, celui du Cuzet, avait vu le jour du côté de Borée, dans les Boutières, en 1963. Il avait cessé de fonctionner dans les années 1980, faute d’enneigement. L’équipement a été démonté en 2016.

Article issu du Dauphiné Libéré

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