Léo Taillefer : parapentiste l’été, champion de freeski l’hiver

À Val-d’Isère, le soleil est radieux, peu de nuages dans les airs et un vent modéré. Les conditions sont idéales pour un vol en parapente. Sur la route de la télécabine, Léo Taillefer aperçoit son ami “Fredo”. Il s’arrête à sa hauteur. « Tu manques vraiment aucune occasion d’aller voler ! », lui lance ce gérant d’hôtel avalin. Prétexte du jour : une interview. « Faisons-la dans les airs », sourit Léo Taillefer à notre endroit.

Des dizaines de milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux

En bas du télésiège qui mène au site du Rosaire, le parapentiste en herbe choisit instinctivement la cabine où déjà deux personnes sont assises. Tout sourire et pas un brin farouche, il discute avec Martine, une Parisienne habituée de la station été comme hiver. Elle ne le reconnaît pas. Pourtant à Val-d’Isère il est connu comme le loup blanc quand sur les réseaux sociaux, Léo Taillefer cumule plusieurs dizaines de milliers d’abonnés sur ses vidéos en ski libre, skate et parapente.

La montée en cabine permet, l’espace d’un instant, d’en connaître un peu plus sur cet homme aux nombreuses casquettes. Champion de freeski, “pilote” de parapente, skateur mais aussi coach sportif, vidéaste et menuisier… La liste est longue et risque encore de s’allonger. « Si tout se passe bien, j’entamerai à la rentrée une formation pour devenir moniteur de parapente à Chamonix », envisage Léo Taillefer.

Et l’élève prend aussi la place du maître. Le champion de freeski a fondé en 2021 sa propre école de free ski pour jeunes Avalins en quête de sensations fortes. « La Freeski Academy forme à cette discipline, qui n’était pas enseignée ici, alors qu’on a un formidable terrain de jeu ! » Léo Taillefer entraîne notamment Noah Peizerat, 4e sur le circuit junior mondial de freeski, qu’il appelle affectueusement « mon poulain ».

Mais l’énergique trentenaire n’a pas le temps de dérouler l’entièreté de son curriculum vitæ. La cabine est arrivée au sommet. De là, une vue imprenable sur la (très) haute vallée de la Tarentaise avec Val-d’Isère au premier plan, le lac du Charvet au deuxième plan et les monts parés de leur faible couverture glaciaire de la Vanoise et des Alpes grées en arrière-plan. Ce spectacle, Léo Taillefer s’en émeut : « Quand j’étais gosse, on pouvait encore glisser sur les glaciers. Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique c’est trop dangereux ! C’est triste de voir tout ça disparaître d’années en années sous nos yeux. »

« Le parapente est ma thérapie »

Pour lutter à son niveau en faveur du climat, le champion est un ambassadeur de l’association “Protect Our Winters” qui donne la parole aux habitants de la montagne pour imaginer des solutions durables. Objectif : influencer les élus locaux. Mais aujourd’hui, Léo Taillefer dit avoir levé un peu le pied. « Le matin, je me levais, j’étais angoissé. Ça devenait lourd à porter », confie-t-il.

Une forme d’éco-anxiété qu’il soigne à sa façon. « Le parapente est ma thérapie. C’est ma dose de dopamine quotidienne pour faire le soir de beaux rêves », confie celui qui est également vice-président de l’association de parapente “Les Aigles de Val-d’Isère”, un sourire en coin. Mais cette hyperactivité l’été s’explique aussi sportivement : « Sans ski l’été sur les glaciers, je fais du parapente ou du skate pour garder les mêmes mouvements que la glisse toute l’année et ne pas perdre la main. » Ne pas perdre les jambes surtout. Et en parlant de guiboles, il est l’heure de s’élancer dans les airs. Se jeter dans le vide. Ne plus penser à rien. Juste profiter.

La descente ne dure que quelques minutes que déjà il pense à son prochain vol prévu le lendemain. Léo Taillefer fera voler en parapente un homme qui compte demander sa compagne en mariage sur la piste d’atterrissage. Pour cet allergique de la routine, l’occasion n’est que trop belle pour voler à nouveau et vendre encore un peu de rêve autour de lui.