Vous êtes là, confortablement installé sur le télésiège, les yeux rivés sur la montagne, et voilà qu’une question existentielle vous traverse l’esprit : est-ce que je passe plus de temps à descendre les pistes ou à attendre que le télésiège m’emmène au sommet ?
Pas de doute, vous n’êtes pas seul à vous poser la question. Après tout, pourquoi avoir acheté ce forfait ski si on ne passe pas la majeure partie de son temps à… skier ?
La réponse n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire.
Pourquoi il va falloir que vous soyez indulgent
Quand on se penche sur la question, tout se complique assez rapidement, entre :
- la vitesse du skieur (qui elle-même va dépendre du dénivelé de la pente, de sa difficulté, du monde présent sur cette piste qui peut ralentir notre skieur)
- la vitesse du télésiège
- le temps d’attente qui varie selon l’afflux de skieurs
Et bien, le calcul devient un véritable casse-tête. Alors, pas de panique, on va démêler tout ça avec un peu de méthodologie, et c’est ici qu’entre en jeu le télésiège des Marmottes 1 à l’Alpe d’Huez.
Pourquoi ce choix ? Parce qu'il s’agit d’un télésiège débrayable classique, utilisé dans de nombreuses grandes stations. L’Alpe d’Huez, l’une des plus fréquentées, nous permet de prendre en compte des temps d'attente réalistes pour la haute saison (voire un peu longs).
De plus, la descente sous ce télésiège suit une pente régulière, sans trop de variations techniques, ce qui simplifie les calculs de temps de descente. Ce télésiège n’est ni trop rapide, ni trop lent, et son fonctionnement assez standard fait de lui une référence parfaite pour analyser la situation moyenne que rencontrent de nombreux skieurs.
D’abord, le temps de descendre
Commençons par le début, la descente. Disons qu’un skieur moyen file à une vitesse de 35 km/h (d’après l’application Slope Track, qui a analysé les performances de milliers de skieurs, donc autant dire que ce chiffre a de la crédibilité).
Sur une piste de 2200 mètres comme « Marmotte 1 », la vitesse du skieur va permettre de calculer un temps de descente relativement précis. En gros, pour ces 2200 mètres, le skieur mettra environ 3 minutes et 46 secondes à tout descendre. Rien de bien surprenant ici, mais cela donne une première idée du temps que l’on passe effectivement à skier.
Ensuite, le temps sur le télésiège
Passons maintenant au télésiège. Ah, ce moment où l’on se dit qu’on va pouvoir souffler un peu, profiter du paysage et se rendre compte que le télésiège va moins vite que les skieurs qui le croisent.
Prenons un modèle comme celui des Marmottes 1 à l’Alpe d’Huez, un télésiège débrayable à six places, qui fait un trajet de 2228 mètres, avec un dénivelé de 528 mètres. Il roule à une vitesse de 5,5 m/s, et pour atteindre le sommet, il faut compter environ 6 minutes et 46 secondes. Un bon moment pour se reposer, ou pour se rappeler pourquoi on a payé ce forfait…
Enfin, le temps d’attente
Et là, c’est le moment où tout se joue : l’attente. Parce que, soyons honnêtes, il y a des jours où l’on passe plus de temps à regarder les autres skieurs qu’à glisser soi-même.
En haute saison, l’attente moyenne pour un télésiège comme celui des Marmottes 1 tourne autour de 9 minutes. C’est déjà un petit moment de tranquillité… mais un petit moment quand même. Et c’est là qu’apparaît un véritable déséquilibre entre la montée et la descente.
File d'attente pour le télésiège.
Photo Stéphane Pillaud / le Dauphiné Libéré Photo Stéphane Pillaud
Le verdict : entre attentes et glisse, l’équilibre est difficile
Si l’on additionne les 9 minutes d’attente et les 6 minutes 46 secondes de montée, on arrive à environ 15 minutes et 46 secondes pour atteindre le sommet. Voilà pour la partie remontée.
Et maintenant, si on compare à la descente de 3 minutes et 46 secondes, on réalise que la balance penche nettement en faveur de l’attente. En effet, pour chaque minute de descente, le skieur passe environ quatre minutes à attendre ou à remonter.
Alors, que retenir de tout ça ? Si l’on se base sur cet exemple, à peine 19% du temps total passé sur la montagne est effectivement dédié à skier.
Bien sûr, tout dépend des conditions : peu d’attente en début de journée, des pistes plus longues, et ce ratio s’améliore. Mais pour le skieur moyen, il va falloir accepter cette réalité : le ski, c’est avant tout une grande école de patience.
Ce n’est pas dramatique, mais cela illustre bien que le ski, ce n’est pas seulement de la vitesse et de l’adrénaline. C’est aussi un mélange d’attente, de contemplation et… de vin chaud en terrasse. Parce qu’après tout, chaque minute d’attente est une occasion de profiter de l’atmosphère de la montagne.