Quelles sont les règles de base lorsqu’on part faire une activité loin des secours ?
« La règle de base, c’est la prévention. À partir du moment où tu sais que tu vas aller en milieu isolé, c’est de réfléchir à tous les problèmes qui peuvent arriver. Cela dépend de la difficulté de ce qu’on fait, de son état physique, de la météo qui peut changer, de l’isolement en termes de téléphone, de radio… Il y a plein d’éléments qui vont faire que tu vas te poser la question de « qu’est-ce qui peut m’arriver ? ». Et en fonction de ça, tu vas prévoir un « kit pour te démerder » : avoir des piles pour sa frontale, de quoi s’isoler du froid, de quoi réparer son matos… Il y a les choses à prévoir qui font partie du bon sens. Et au niveau de la trousse de secours, le plus important, c’est de prévoir de quoi continuer son activité et ne pas appeler les secours en disant : bah, là, je suis bloqué, je ne peux plus marcher alors que c’est juste des ampoules, ou une simple entorse. »
Comment faire lorsque l’on doit vraiment appeler les secours ?
« Le premier conseil, c’est vraiment de partir à batterie (de téléphone) pleine. Les trois quarts des problèmes, c’est des gens qui appellent (les secours) et ça coupe […]. Pour les gens qui font du ski de rando, ça devrai être aussi important que l’ARVA ! […] Ça peut retarder considérablement les secours. Après, s’entraîner à faire un message clair, savoir quoi dire et dans quel ordre. Donner son nom, dire où on se trouve, préciser les circonstances de l’accident, qu’on comprenne rapidement ce qui se passe, et donner la gravité de la ou les victimes, demander si on peut ou pas raccrocher. […]
Ce qui faut savoir, c’est que tout ça peut prendre facilement 10/15 minutes. Donc, dans un groupe de plusieurs personnes il faut que quelqu’un soit dédié à ça, et si on est tout seul, c’est bien d’avoir un kit main libre. Dans le « démerde-kit », je rajouterais une paire d’écouteurs car ça permet d’appeler les secours tout en continuant à faire des gestes de premiers secours. »
Si tu pratiques la montagne de manière régulière et de manière engagée, il est quasiment obligatoire qu’un jour il t’arrive quelque chose. Ces activités en plein air sont grisantes parce qu’il y a de l’engagement. Docteur Baptiste Verhamme.
(une dimension psychologique très bien expliqué dans le livre « L’éloge de la peur », de Gérard Guerrier aux Éditions Paulsen).
Qu’est-ce qu’on met dans une bonne trousse de secours ?
« L’idéal, c’est vraiment d’avoir une trousse de secours qui s’adapte à l’activité que tu vas faire. Par exemple, tu pars faire une petite rando à la journée avec tes potes, tu ne vas pas prendre de trousse de secours et tu auras probablement raison, car tu vas juste t’alourdir, et presque ça va devenir un boulet. On a tendance à vendre des trucs qui font tout, mais en fait, c’est faux. La preuve, c’est que tu vas le prendre une ou deux fois et après, il va t’encombrer et tu vas le trouver lourd et tu vas plus le prendre. »
Est-ce qu’on peut dire alors que la meilleure trousse de secours, c’est sa tête ?
« Complétement ! Quelqu’un qui se serait posé toutes ces questions, au moment où il aura un problème il réfléchira beaucoup plus vite. Il se sera déjà préparé mentalement. Le jour où ça lui arrivera, il trouvera une solution, il aura les bons réflexes. […] Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas emmener de pharmacie ou de kit dans son sac, mais que le cerveau ne pèse pas plus lourd quand il est rempli de connaissances en premier secours. »
Médecin urgentiste à l’assistance publique de l’hôpital de Marseille, Baptiste Verhamme est aussi de garde au Samu et à bord de Dragon 131, l’hélicoptère de la sécurité civile du département des Bouches-du-Rhône. Entre sa pratique personnelle de la montagne, et les secours réalisés avec son métier, il a voulu sensibiliser le grand-public aux risques d’accidents via son livre « Guide des premiers secours en plein air et en milieu isolé », publié aux Éditions du Chemin des Crêtes.
