« Il faut faire un effort d’imagination », concède Damien Girardier, directeur du site à la Compagnie du Mont-Blanc, pour apprécier totalement le résultat. Depuis samedi 3 février, la nouvelle télécabine du Montenvers, sortie de Mer, accueille des skieurs et alpinistes plutôt épatés par le résultat de ce très long et complexe chantier d’altitude , même s’il reste de nombreux travaux d’aménagement pour rendre sa superbe au point de vue sur la Mer de la glace.
La météo a mis son grain de sable dans la machine
Barrières de chantier, cheminement en gravier, cabane de chantier des ouvriers, placoplatre et finition en gare d’arrivée, réalisation du restaurant panoramique en travaux : le cadre est encore loin du résultat escompté, la faute à 80 jours d’intempéries, sans compter qu’il faut maintenant démonter l’ancienne mécanique de 1988.
L’ensemble reste malgré tout plus que convaincant
Le changement de remontée mécanique , repositionnée dans l’axe du massif du glacier, transforme l’attrait pour le site touristique. La perspective est totalement différente, avec en toile de fond les Grandes Jorasses. Surtout, sans les centaines de marches, l’accès à la grotte de glace va redevenir un must, dès sa réouverture d’ici une dizaine de jours.
Ce début février, les premiers amateurs de grand ski ont pu profiter de la nouvelle installation, après une descente de la Vallée Blanche. Les 14 kilomètres d’itinéraire se terminent désormais sans la galère des escaliers, même si déjà, quelques pas sont nécessaires pour remonter jusqu’au seuil de la télécabine.
Le glacier continuera de reculer
« Il y a 18 mois quand on a attaqué les travaux, le glacier était au niveau des fondations de la gare de départ », explique Damien Girardier. Aujourd’hui, il faut déjà remonter une vingtaine de marches. Le recul du glacier continue. « L’accélération est monstrueuse, on est hors modèle des études glaciologiques, mais on a toujours dit : on distingue la fonte du glacier, du repositionnement de l’appareil pour maintenir un accès à la Vallée Blanche et aux refuges ».
La Compagnie du Mont-Blanc ne nie pas l’avenir, elle veut préserver un accès. « Oui il faut se dire que dans dix ou quinze ans, sans doute, il faudra marcher une demi-heure pour aller au glacier. Ce n’est pas un drame en soi. Ce qui est important, c’est de maintenir ce lien avec le massif du Mont-Blanc. Oui on aura encore envie d’aller au refuge du Couvercle, au refuge de Leschaux, au refuge de l’Envers des aiguilles ».
Cet été, les alpinistes devraient apprécier le site du Montenvers revisité. Le chantier va se prolonger jusqu’au mois de juin, malgré déjà 11 000 tonnes de matériel monté par train. L’avènement de ce projet sera aussi teinté d’émotion pour les ouvriers et les équipes. Aucun n’a oublié la perte le 27 juillet 2022 de deux collaborateurs sur l’accident du téléphérique de chantier appelé blondin. Rémi et Gaëtan travaillaient pour la société MBTM, mais la Compagnie du Mont-Blanc les a faits siens. Leur mémoire est maintenant liée au renouveau du Montenvers.
Article issu du Dauphiné Libéré
