Depuis l’hiver 2022 – 2023, le gasoil non routier des dameuses de Grand Massif Domaines Skiables (GMDS), comme dans toutes les dameuses de la Compagnie des Alpes (CDA), a été remplacé par du HVO 100.
HVO 100 ?
Derrière ses trois initiales se cache un biocarburant fabriqué à partir d’huiles végétales durables comme l’huile de friture recyclée. Les frites consommées à l’occasion d’une pause rapide au sommet des pistes ne sont pas encore celles qui fournissent une alternative sans contrainte technique au gasoil non routier, pour les engins de damage, mais un grand pas a tout de même été franchi.
L’utilisation des dameuses représente l’activité la plus lourde dans le bilan carbone de GMDS, les remontées mécaniques fonctionnant avec des moteurs électriques alimentés par des contrats d’électricité verte. Le HVO 100, ce biocarburant permet donc à Grand Massif Domaines Skiables de décarboner à 80 % le damage tout en conservant les mêmes conditions d’utilisation, de conduite, d’autonomie, de performance par temps de froid, qu’avec du gasoil non routier.
Le grand intérêt du recyclage du biocarburant
Céline Roux-Vollon, chargée de projets environnement au sein de GMDS et référente biodiversité à la Compagnie des Alpes, précise aussi la particularité de ce choix environnemental dans une réflexion poussée. « Nous ne voulons pas de verdissement de notre activité avec du biocarburant de première main ». Elle détaille en rappelant que l’objectif est de ne pas utiliser du biocarburant conventionnel, issu d’une production agricole qui peut aussi participer à la déforestation. L’intérêt est donc d’approvisionner les dameuses avec un biocarburant issu de déchets ou résidus, un biocarburant dit renouvelable. Le biocarburant des dameuses de la Compagnie des Alpes est donc de seconde main. « Cette seconde main permet également de décarboner beaucoup plus » poursuit-elle puisque le bilan carbone de la production de ce biocarburant n’est pas à cumuler au sein du bilan carbone du domaine skiable. Cette démarche répond donc en grande partie à l’objectif numéro 1 de Grand Massif Domaines Skiables pour limiter ses pressions sur l’environnement à l’horizon 2030.
Une solution à court terme
Pour aller plus loin sur ce point – la réduction des émissions directes de gaz à effet de serre dues au damage – l’utilisation de ce biocarburant renouvelable est en cours d’élargissement à la flotte routière de véhicules à moteur thermique du domaine skiable. Mais le gestionnaire avertit par la voix de Céline Roux-Vollon : « L’huile est un carburant transitoire ». En gros, l’approvisionnement européen ne sera pas suffisant, à terme, pour répondre à toutes les demandes du marché. Ce biocarburant, fourni par une entreprise Suisse le fabriquant en Hollande, est plus difficile à trouver que le biocarburant de première main. La matière première, l’huile de seconde main, est en effet disponible en quantité plus limitée.
Alors Grand Massif Domaines Skiables, par l’intermédiaire d’un accord de financement développement détenu par la Compagnie des Alpes, pense déjà à l’électrification des dameuses. Le vrai Graal pour les domaines skiables.
Le 19 mars prochain, une dameuse électrique Kässbohrer arrivera à La Clusaz. Ce modèle sera destiné aux pistes de ski de fond dans le domaine des Confins. Avec une autonomie d’environ trois heures, cette dameuse est adaptée à des circuits plats ou vallonnés. Son prix de vente n’est pas encore fixé mais sera légèrement plus haut qu’une dameuse standard : entre 300 000 et 400 000 €. Pour le directeur général de Kässbohrer ESE France : « On est au démarrage. Cette dameuse est en test même si elle est aboutie. Est-ce qu’on sera capable de faire des machines avec des autonomies de sept heures ? Je ne sais pas. L’électrique ne répondra pas à tout ça c’est sûr ».
Article issu du Dauphiné Libéré
