Bouchons vers La Clusaz et Le Grand-Bornand : un plan de transport en préparation

Plus de 200 km de pistes de ski à 30 km d’Annecy, bien sûr les Aravis sont le terrain de jeu idéal des citadins. En plus d’attirer une foule de vacanciers internationaux.

Mais voilà, les embouteillages pour accéder au front de neige les week-ends de très beau temps sont presque aussi célèbres que le nom des stations. Au point de détourner une partie de la clientèle du bassin annécien vers des domaines plus éloignés, mais au trafic routier moins saturé.

Sur les réseaux sociaux, les publications ironisant sur le sujet fleurissent. Une station savoyarde s’est même offert une campagne d’affichage pub, vantant le même plaisir… « sans les bouchons. »

Des routes sous-dimensionnées 

« C’est le point noir des Aravis, un véritable problème que l’on doit résoudre, on en a conscience », pointe Didier Thévenet le maire de La Clusaz, aussi vice-président aux mobilités à la Communauné de communes des vallées de Thônes (CCVT).

Et il sait de quoi il parle. Jusqu’à 9 000 véhicules entrant dans le village de La Clusaz ont été comptabilisés un samedi matin de cette saison. Pour 3 000 places de parking. C’est cinq fois la population de la commune. Si le domaine skiable est dimensionné pour absorber l’afflux, qui enregistre jusqu’à 18 000 skieurs par jour, routes et parkings ne le sont pas.

Les stations et les élus locaux ont multiplié les études et les actions pour espérer fluidifier le trafic qui touche aussi (et surtout) les habitants des Aravis dans leurs trajets domicile-travail au quotidien. En moyenne, 15 000 véhicules par jour empruntent la route Annecy-Thônes (RD909). Avec des pics à 20 000. En sachant que 60 % du trafic à destination des stations arrivent via cet axe.

La Clusaz
La Clusaz

Comment y remédier ?

Le transport par câble est souvent vu comme la solution miracle. Ils ont été nombreux à imaginer des cabines se baladant au-dessus de la vallée des Aravis. Mais cette fois, le projet est enterré. En 2022, la CCVT a voulu chiffrer le projet. Une vraie étude de faisabilité sur la réalisation d’un ascenseur valléen entre Annecy et Le Grand-Bornand et La Clusaz a été menée.

Sur le papier, un premier tronçon reliait Annecy-le-Vieux, à Thônes, en survolant le mont Veyrier. Puis un second hissait les visiteurs de Thônes à l’entrée de Saint-Jean-de-Sixt, avec un dédoublement, en Y, direction du Grand-Bornand d’un côté et de La Clusaz de l’autre. Ce qui incluait un changement de benne à Saint-Jean-de-Sixt.

« Les techniciens nous ont alertés sur le manque de performance sur cette partie : la durée de parcours et les difficultés techniques. Au vu de la longueur, il fallait au moins une gare intermédiaire vers Alex », détaille le président de la CCVT Gérard Fournier-Bidoz.

D909, à l'entrée de Thônes. Image Google Street View
D909, à l'entrée de Thônes. Image Google Street View

Des contraintes qui s’amoncellent pour le câble

L’étude s’est donc concentrée sur l’itinéraire reliant Thônes aux stations. Le survol des habitations est apparu comme une grosse difficulté technique. Puis, le coût : 180 millions d’euros, hors parking relais à Thônes et acquisitions foncières.

Sans compter les charges d’exploitation évaluées entre 5 et 10 millions d’euros par an (selon un usage saisonnier ou annuel). Pour un temps de parcours peu performant, une fois de plus : 30 minutes pour atteindre Le Grand-Bornand depuis Thônes.

Et dernier écueil, le taux de report modal des usagers, qui auraient préféré le câble à la voiture, estimé à 15 %. Trop faible.

Une ligne de bus express, avec voie dédiée, à l’étude.

Point de téléporté, ni de tram d’ailleurs, trop onéreux et pas adapté à la densité de population, reste donc le bus. Si une liaison régulière régionale existe déjà (Y62-Y63), elle n’est pas assez concurrentielle pour évincer l’option voiture. Et, les jours d’affluence, le car est comme tout le monde bloqué dans les embouteillages.

C’est pourquoi une ligne express de bus à haut niveau de service, avec une voie dédiée sur une partie du trajet Annecy-Thônes, voire Les Villards-sur-Thônes, est actuellement regardée de près. Désormais pilotée par la Région, l’étude en cours est la conclusion d’un travail mené par la CCVT , le Grand Annecy et le Département il y a quatre ans.

L’esprit ? Davantage de bus et un itinéraire plus direct. Cette ligne express depuis les gares d’Annecy, Pringy et les Glaisins serait couplée à un renforcement des lignes gratuites Aravis bus , de la CCVT, permettant de rejoindre les fronts de neige, mais aussi de circuler dans et entre les stations. Ces dernières, à fort cadencement, font déjà le plein. 50 000 voyageurs ont été transportés pendant les vacances de Noël.

Embouteillage route des station des Aravis, en direction de Thônes, la Clusaz, le Grand Bornand Photo Jennifer Parisot
Embouteillage route des station des Aravis, en direction de Thônes, la Clusaz, le Grand Bornand Photo Jennifer Parisot

JO 2030 : le salut du projet ?

L’étude en cours va étudier les possibilités d’élargissement de la voie sur la plaine d’Alex, particulièrement du pont de Dingy à Thônes, d’un passage facilité des ronds-points et d’un parking relais vers Alex pour désengorger l’entrée de territoire. Bref ce qui peut être fait et à quelles conditions.

Un projet « indispensable » pour Didier Thévenet. L’approche des JO 2030 dans les Alpes, donne de l’espoir à la réalisation du projet, selon les élus de la CCVT. Là où la Tarentaise a sa double voie comme legs des Jeux d’Albertville en 1992, les Aravis verraient dans cette ligne express de bus en voie dédiée la vitrine de l’héritage durable des JO sur leur territoire.

La RN 90, route de la Tarentaise.<br />
Photo Tom Pham Van Suu/le DL
La RN 90, route de la Tarentaise.
Photo Tom Pham Van Suu/le DL
Et les parkings ?

▶   Des stationnements en projet au Grand-Bornand et à La Clusaz grâce aux JO

À la densité de circulation, s’ajoute la problématique du parking en stations. À La Clusaz comme au Grand-Bornand, on compte sur les JO pour voir la capacité de stationnement gonfler. Dans ce cadre, un projet d’agrandissement du Salon des dames est en cours à La Clusaz afin d’inciter les visiteurs à emprunter les navettes gratuites dans le village. Il s’agirait de passer de 450 à 800 places. La Clusaz compte au total 3 000 places, gratuites et payantes, de stationnement actuellement. Au Grand-Bornand, un parking couvert payant devrait aussi voir le jour en centre-ville, dans le cadre des JO.

▶   Tous les stationnements doivent-ils devenir payants ?

Pour rendre le bus plus compétitif que la voiture, faut-il rendre tous les parkings payants ? « Doit-on faire payer les parkings à proximité des fronts de neige pour favoriser l’utilisation des navettes et désengorger les villages, c’est une réflexion que nous devrons avoir ensemble à La Clusaz, au Grand-Bornand et à Manigod », estime Didier Thévenet, vice-président aux mobilités à la CCVT et maire de La Clusaz.

Article issu du Dauphiné Libéré

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