Douche froide au sortir de l’été. Mi-septembre, on apprenait que faute d’accord avec la SNCF et Eurostar, le Travelski de la Compagnie des Alpes (CDA), en provenance de Londres et de Paris, qui a acheminé l’an dernier jusqu’à 12 000 skieurs par train direct dans une vingtaine de stations savoyardes resterait à quai cet hiver.
« Des trains peu remplis »
Le transporteur franco-britannique, qui maintiendra malgré tout une offre a minima en direction de la Tarentaise (changement à Lille), invoquait les contraintes administratives à la frontière liées au Brexit.
Quant à la SNCF, pour les TGV privatisés par Travelski, le tour-opérateur de la CDA, en direction de Bourg-Saint-Maurice et de la Maurienne, elle justifie la fin de l’opération en ces termes : « Le niveau des réservations fut très faible, avec des trains peu remplis. SNCF Voyageurs n’a donc pas souhaité renouveler le contrat. »
Une explication que ne comprend pas le gestionnaire de domaines skiables. « C’est le principe de l’affrètement. Nous achetions un train. Qu’il soit vide ou complet, l’équation économique restait la même. Et surtout notre opération s’inscrivait dans la durée », indique Guillaume de Marcillac, directeur général de Travelski.
Un appel à candidature européen lancé
Piquée après ce coup d’arrêt, deux ans après le lancement de l’opération, la CDA n’entend pas en rester là. Avec son tour-opérateur, le premier exploitant des stations françaises entend rebondir dès 2024/25 pour « accélérer le déploiement international de la stratégie ferroviaire à destination des stations des Alpes françaises. »
Début novembre, la filiale de la CDA a lancé un appel à candidature européen pour proposer à sa clientèle une offre récurrente de mobilité décarbonée en train depuis la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique (Paris, Londres, Amsterdam et Bruxelles) sur la période 2024 – 2027. Une desserte depuis l’Espagne est aussi envisagée.
« Rester ambitieux sur le sujet »
Sandra Picard, directrice Responsabilité Sociale et Environnementale de la CDA précise : « Nous souhaitons rester ambitieux sur le sujet, d’autant que la deuxième année de l’expérience du Travelski express nous semblait prometteuse et que les habitudes sont longues à changer ». Guillaume de Marcillac insiste : « On a vu chez nos clients, leur besoin d’accompagnement pour quitter la voiture, à laquelle ils sont très attachés, et venir au train, en levant les freins logistiques, notamment le transport de bagages ».
Cet appel à candidature s’adresse à tous les opérateurs européens susceptibles de mettre à disposition des trains, complets ou pas entre mi-décembre et mi-avril. La Compagnie des Alpes garantira à l’opérateur un volume en prise ferme.
Proposer une nouvelle offre dès l’hiver 2024-2025
Par ailleurs, des discussions de partenariat sont ouvertes avec d’autres acteurs du tourisme des Alpes françaises, au-delà des domaines sur lesquels la CDA opère (Tignes, Val d’Isère, Les Arcs, La Plagne, Méribel, Les Menuires, Grand massif, Serre Chevalier) souhaitant développer des offres de mobilité décarbonée. « Le projet vise à lancer une mise en marché de ces nouvelles offres dès la saison hiver 2024-25 ».
60 % du bilan carbone d’un séjour au ski dépend du transport
L’enjeu est de taille pour les sports d’hiver, puisque plus de 60 % du bilan carbone d’un séjour au ski dépend du transport. Selon l’association nationale des maires de stations de montagne, 89 % des Français utilisent leur voiture pour se rendre sur leur lieu de vacances en altitude.
Article issu du Dauphiné Libéré