Les Trois Sommets : bientôt un Courchevel au Kirghizistan

Un “Courchevel kirghize”, c’est le rêve du président du Kirghizistan, Sadyr Japarov, avec la création du domaine skiable des Trois sommets, de l’été 2025 à 2035 (ouverture partielle en décembre 2026 sur une soixantaine de kilomètres de pistes).

La Société des trois vallées partie prenante du projet kirghiz

« Le président aime beaucoup le ski, ce projet le passionne. Il a la volonté de faire vite », souligne Pascal de Thiersant, président du directoire de la Société des trois vallées (S3V), qui exploite les remontées mécaniques de Courchevel et Méribel Mottaret (dont le Département est l’actionnaire principal). La S3V est en effet partie prenante du projet kirghiz, après avoir été sollicitée par le président lui-même en janvier 2023, lors d’un séjour dans les Trois vallées.

« La S3V a présenté le master plan en avril et, maintenant, va conseiller la société qui construit la station, pour l’achat de remontées mécaniques, de matériel, etc. Le deal, c’est d’accompagner, pas de prendre de responsabilités opérationnelles. »

« Favoriser des stations intéressantes au niveau environnemental »

Ce qui évite d’avoir à détacher du personnel en Asie centrale, à l’exception du démarrage des installations, dans une deuxième phase, quand la première des trois stations (Jyrgalan) aura été créée. Pascal de Thiersant s’est rendu quatre fois au sud du lac Issyk Kul, près de Karakol, avec des partenaires de la S3V : MDP Consulting (pour la maîtrise d’œuvre des pistes) et Sintegra (pour la topographie).

« L’objectif est de favoriser des stations intéressantes au niveau environnemental », insiste le président du directoire de S3V, qui s’est fixé deux règles : une renommée internationale et construire une station environnementalement responsable, avec aussi un volet social et sociétal. « Karakol, la plus grande ville du sud-est, par exemple, n’a pas d’hôpital. Ce projet c’est aussi l’occasion de créer des infrastructures pour la population locale, de donner des débouchés, d’éviter l’exode de la jeunesse locale. En revanche, on n’a pas donné suite à des sollicitations au Japon et en Géorgie. »

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la S3V exporte son ingénierie dans des destinations “exotiques”. « À l’époque, avec Arkhyz, dans le Caucase russe, on avait insisté pour que l’agriculture locale soit mise à contribution. En Arménie, il y a un projet en suspend, mais qui repart : compte tenu de la situation compliquée, nous avons demandé des garanties pour y retourner, avec l’accord de notre conseil de surveillance. Il ne faut pas faire n’importe quoi dans des pays politiquement sensibles. »

En lien avec le Quai d’Orsay

Au Kirghizistan, en plein développement économique avec ses 7,2 millions d’habitants (« pays le plus stable d’Asie centrale, avec une démocratie qui fonctionne », dixit le Savoyard), ce n’est pas le cas. La S3V travaille d’ailleurs en lien avec le Quai d’Orsay ; la diplomatie française misant sur des relations bilatérales autour de trois projets concernant EDF, le flux d’affaires aérospatiales et l’industrie française de la montagne avec les Trois Sommets.

Le président Japarov a d’ailleurs rencontré le président Macron à Paris, en novembre dernier. « Il vient de ces montagnes et veut faire les choses proprement, de manière raisonnable et raisonnée, avec une grande sensibilité environnementale », apprécie Pascal de Thiersant. « Il a aussi compris qu’il fallait faire la chasse à la corruption, et a écarté des gens qui tournaient déjà autour de nous ».

Au-delà des prescriptions pour la construction (le moins de terrassements possible pour les pistes, peu de coupes d’arbres), le président de la S3V a aussi averti de quelques pièges à éviter. « La réussite passe par la maîtrise du foncier pour des ressources récurrentes pour l’État et le contrôle de la destination de l’immobilier pour des lits touristiques à long terme.

Par ailleurs, pour éviter les lourdeurs administratives, il faut une société dédiée pour l’investissement sur ce projet. » Cette société “Courchevel kirghize”, propriétaire de 1 600 hectares, a été créée le 15 juin dernier, mobilisant 165 M€. À terme, ces 300 kilomètres de pistes avec une trentaine de remontées mécaniques et 7 000 chambres viseront 850 000 touristes par an. D’abord des locaux (Kirghizes, Kazakhs), puis des Russes, Chinois, Indiens. Il y a même un projet de ligne de train avec la Chine voisine…

Article issu du Dauphiné Libéré

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