San Bernardo fête ses 40 ans : une frontière skiable entre la France et l’Italie

« En hiver, on montait à pied, avec les skis dans le dos, pour traverser la frontière », se rappelle avec le sourire Firmin Gaide, l’ancien maire de Montvalezan. Avec son confrère de Séez Gabriel Murzilli, il a été à l’initiative de la liaison avec l’Italie, officialisé le 4 janvier 1985.

Quarante ans plus tard, le domaine skiable San Bernardo et ses pionniers ont été célébrés le 4 janvier dernier. Michel Barnier, a fait honneur de sa présence, lui qui était président du conseil général de Savoie au moment de l’inauguration du télésiège de Chardonnet.

25 ans d’attente pour relier le domaine skiable à l’Italie

La remontée mécanique relie le col du Petit Saint-Bernard au fort de La Redoute-Ruinée. « Les mains tendues entre le Val d’Aoste et la Tarentaise se sont concrétisées en une amitié, une confiance, une vérité dans les sentiments, qui ont manqué lorsque j’étais Premier ministre », glisse habilement le Savoyard.

Mais tout n’a pas été si simple. La station créée en 1960, a dû attendre 25 ans pour relier son domaine skiable à celui de son voisin italien de La Thuile. Il avait été question de mettre la station des Arcs dans la boucle, mais le projet avait finalement capoté. La réalisation d’une telle liaison a constitué un défi technique et physique sans précédent. Mais c’était sans compter l’engouement et surtout l’engagement de la population, qui n’a pas rechigné à la tâche. L’ensemble des travaux ont coûté à l’époque 10 millions de francs.

« Les skieurs devaient se plier à présenter leurs papiers d’identité »

Même le jour de l’inauguration a demandé aux Tarins et Valdôtains de l’abnégation. « Il faisait un froid de canard, le thermomètre affichait -20 degrés. Mais nous ouvrions un chapitre capital pour l’avenir de notre jeunesse et pour nos intérêts communs », se souvient Firmin Gaide. « Jusqu’en 1995 et l’espace Schengen, des douaniers ont continué à contrôler la frontière, et les skieurs devaient se plier à présenter leurs papiers d’identité », raconte avec amusement Gisèle Gaide, native de Montvalezan et mémoire vivante des prémices de la liaison avec l’Italie. Le col du Petit Saint-Bernard (2 188 m), qui voyait marchands, bergers, et voyageurs l’été, est devenu un point de passage entre les deux vallées, pour les skieurs l’hiver.

Cet exemple de projet commun et d’amitié franco-italienne inspire et dessine le futur de la coopération avec l’Italie selon Fabrice Pannekoucke, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Pour ne pas décevoir les anciens, notre devoir est de prolonger leur ébauche. Je souhaite un pacte pour que les territoires de montagne travaillent main dans la main sur des problématiques communes. Par exemple, les flux migratoires à Lampedusa sont un sujet pour le Val d’Aoste et en deviennent un également pour nous. » Jean-Claude Fraissard, maire de Montvalezan, prône à l’avenir une télécabine pour que la liaison franco-italienne gagne en confort et en sécurité.

Pour les 40 ans de l’espace San Bernardo, l’infrastructure vient de se refaire une beauté pour 9 millions d’euros. Une trentaine de sièges à six places remplace les trois places d’antan et a la capacité d’accueillir désormais 3 000 personnes à l’heure. Le télésiège à double sens rend l’accès à l’Italie plus aisé pour les skieurs débutants qui voient dans une piste rouge, un cauchemar. La nouvelle version réduit l’impact visuel avec moins de pylônes et de sièges, économise 5 à 8 % d‘énergie et réduit les volumes d’huile consommés grâce à un moteur Direct Drive.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus