À flanc de montagne, entre les oliviers et les falaises calcaires, serpente une route tranquille qui relie la mer aux cimes : le col de la Madone de Gorbio. Perché à 925 mètres d’altitude, ce col méconnu du grand public est pourtant l’un des terrains d’entraînement les plus prisés par les cyclistes professionnels. Son nom ne figure sur aucun grand palmarès, il n’a jamais été franchi par le Tour de France, et pourtant, il est devenu une référence dans le monde du vélo. Pourquoi cet itinéraire discret est-il si populaire parmi l’élite du cyclisme ? Plongée dans l’ascension d’un col aussi exigeant que symbolique.
Un col discret aux portes de la Méditerranée
Situé dans l’arrière-pays de Menton, aux confins des Alpes-Maritimes, le col de la Madone tire son nom du petit village de Gorbio et d’une chapelle nichée en son sommet, dédiée à la Vierge. Pour y accéder, la route s’élève depuis la mer sur un peu plus de 13 kilomètres, depuis Menton jusqu’au col. Le tracé est sinueux, régulier, mais jamais monotone : pentes entre 6 et 8 %, lacets étroits, vues plongeantes sur la Méditerranée, tunnels, murs rocheux, forêts de pins et panoramas saisissants sur les Préalpes.
C’est un col « à l’ancienne », sans aménagements spectaculaires, sans centre d’accueil ni foule estivale. On y croise plus souvent des chamois que des voitures. Et c’est précisément ce calme, cette simplicité, qui séduit les cyclistes aguerris.
Un terrain d’entraînement de l’élite mondiale
Le premier à en faire un terrain de prédilection fut Lance Armstrong dans les années 90. À l’époque, il vivait à Nice, comme bon nombre de professionnels attirés par la douceur du climat azuréen. Armstrong utilisait la Madone pour évaluer sa forme : chronométrée de bas en haut, cette ascension devenait un test grandeur nature. Il y fit même référence dans ses biographies comme étant son juge de paix personnel. Une bonne montée de la Madone était pour lui le signe qu’il était prêt pour le Tour.
Depuis, le col est devenu un standard parmi les pros installés entre Monaco, Nice et la Riviera italienne. Chris Froome, Geraint Thomas, Richie Porte, Primoz Roglic, Tadej Pogacar, et bien d’autres y sont passés. Certains y roulent incognito, d’autres en profitent pour peaufiner des réglages de vélo ou préparer leurs entraînements spécifiques.
Aujourd’hui encore, Strava regorge de segments chronométrés sur la montée, et les temps réalisés par les pros y sont analysés à la loupe par les fans.
1. Tadej Pogacar, 23 minutes et 52 secondes (24,8 km/h)
2. Richie Porte, 24 minutes et 23 secondes (24,3 km/h)
3. Mattia Gaffuri, 25 minutes et 18 secondes (23,4 km/h)
4. Mike Woods, 25 minutes et 40 secondes (23,1 km/h)
5. David Gaudu, 25 minutes et 41 secondes (23 km/h)
6. Antoine Berlin, 25 minutes et 49 secondes (22,9 km/h)
7. Adrien Maire, 25 minutes et 52 secondes (22,9 km/h)
8. Clément Champoussin et Pavel Sivakov 25 minutes et 54 secondes (22,8 km/h)
10. Ben O'Connor, 25 minutes et 55 secondes (22,8 km/h)
Un profil idéal pour les tests de performance
Techniquement, la Madone coche toutes les cases d’un col d’entraînement optimal. Voici pourquoi :
- Longueur et régularité : 13,3 km d’ascension avec un pourcentage moyen de 6,7 %, sans rupture brutale. Idéal pour un effort au seuil.
- Conditions météo favorables : à basse altitude et orienté sud, le col reste praticable toute l’année. Même en hiver, la route est souvent sèche et accessible.
- Peu de circulation : à part quelques locaux et cyclistes, la route est calme, ce qui permet de se concentrer sur l’effort.
- Accessibilité : à moins d’une heure de Nice ou de Monaco à vélo. Les cyclistes pros peuvent s’y rendre sans transport.
C’est un « col laboratoire » : un test fiable, reproductible, et surtout discret. C’est cette régularité dans l’effort qui permet d’évaluer la forme physique sans artifice.
Des paysages sublimes pour les amateurs
Si le col attire les professionnels, il est aussi une merveille pour les cyclosportifs, randonneurs et amoureux de nature. La montée offre un enchaînement de paysages typiques de la Méditerranée alpine : d’abord les citronniers et les palmiers de Menton, puis les forêts de chênes verts et de pins d’Alep, les falaises de calcaire blanc, les villages perchés comme Sainte-Agnès ou Gorbio, et enfin les vastes horizons sur la vallée du Paillon.
Au sommet, une petite aire de repos permet de contempler la ligne bleue de la mer et, par temps clair, la silhouette de la Corse. Aucun bruit, si ce n’est le vent ou le chant d’un rapace. Une récompense à la hauteur de l’effort.
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Un col hors du temps, loin du spectacle
Contrairement à l’Izoard, au Tourmalet ou au Galibier, la Madone de Gorbio n’est jamais devenue un décor de carte postale. Elle n’a pas été « marketée » par le Tour de France. Pas de caravanes publicitaires, pas de fresques au sol, pas de virages baptisés du nom d’un champion. Et c’est peut-être ce qui la rend unique : ici, on roule pour soi, pas pour les caméras.
C’est cette discrétion, cette authenticité, qui plaît autant aux pros qu’aux amateurs éclairés. On grimpe la Madone pour la pureté de l’effort, pour la beauté du cadre, pour le silence.
Un col culte à découvrir
Le col de la Madone de Gorbio n’a pas besoin de gloire médiatique pour être mythique. Il est de ces lieux que l’on se transmet entre initiés, comme un bon sentier ou une ligne de crête secrète. Il fait partie de l’histoire du cyclisme moderne, à sa manière discrète mais incontournable.
Que vous soyez coureur, grimpeur, randonneur ou simple amoureux des montagnes du Sud, la Madone vous attend. Elle ne se donne pas facilement, mais elle récompense toujours.