Imaginez un ciel d’un bleu éclatant, le soleil vous inonde de sa lumière du matin au soir, et la neige étincelle sous vos pieds. À l’Alpe d’Huez, ce n’est pas qu’un rêve, mais une réalité bien ancrée. Bénéficiant d’un ensoleillement exceptionnel de 300 jours par an, la station iséroise porte fièrement son surnom de « l’Île au Soleil ».
Mais comment expliquer ce surnom ?
Un microclimat d’altitude
Située à 1 860 mètres d’altitude, sur le versant sud du massif des Grandes Rousses, l’Alpe d’Huez bénéficie d’une exposition idéale, plein sud. Cette orientation lui permet de capter les rayons du soleil pendant de nombreuses heures, allant de 7h30 en décembre à 11h en avril. Il n’est pas rare que, par beau temps, les skieurs se retrouvent à glisser sous un ciel bleu parfait, tandis que certaines vallées en contrebas sont noyées dans une mer de nuages.
D’ailleurs, Le Pic Blanc, sommet emblématique de la station, permet même de contempler 1/5e du territoire français par temps dégagé, ce qui arrive donc souvent. Cependant, ce qui semble être une simple caractéristique de la station cache des phénomènes climatiques bien plus complexes.
Un îlot au-dessus des nuages grâce à l’inversion thermique
Dans les Alpes, la géographie joue un rôle essentiel dans la formation de microclimats et c’est ce qui se passe autour de l’Alpe d’Huez, située à la fois sur un relief assez élevé et bien exposé. Un phénomène qui s’explique en fait par une inversion thermique.
Lorsqu’un air froid, souvent chargé d’humidité, se bloque en fond de vallée, il crée une « mer de nuages » qui empêche la lumière de passer et plonge les vallées sous un voile gris. L’air froid, étant plus lourd, descend dans la vallée, tandis que l’air chaud reste en altitude, créant une sorte de séparation thermique. Cette masse d’air stable empêche l’évaporation de la brume et la dissipation des nuages, qui stagnent dans les zones les plus basses, surtout lors des journées de beau temps.
« Quatre fois plus de soleil qu’à Grenoble » ?
Ainsi, si vous êtes à l’Alpe d’Huez, vous vous retrouvez au-dessus de cette mer de nuages, dans un microclimat ensoleillé, tandis que Grenoble et les vallées environnantes souffrent d’une grisaille persistante. D’ailleurs les différences d’ensoleillement entre Grenoble et l’Alpe d’Huez sont plus que prouvées et un exemple frappant a été donné lors d’un épisode particulièrement ensoleillé entre fin novembre et début décembre.
En seulement quelques jours, l’Alpe d’Huez a enregistré 2 379 minutes d’ensoleillement, soit près de quatre fois plus que la station météo de Grenoble Saint-Geoirs, qui n’a enregistré que 674 minutes qui était alors à seulement 47 % d’ensoleillement de la normale.
Du soleil… et une bonne nouvelle pour l’enneigement ?
L’ensoleillement à l’Alpe d’Huez ne se limite pas à son aspect touristique. Il a aussi un impact sur les conditions de neige et de ski. En plus de cette inversion thermique qui contribue à la formation de cette mer de nuage que surplombe l’Alpe d’Huez, la station bénéficie d’un autre effet physique : le refroidissement radiatif.
Comme expliqué dans un précédent article (Mythe ou réalité : fait-il vraiment plus froid par beau temps ?), lorsque le ciel est dégagé en hiver, la chaleur accumulée durant la journée s’échappe plus rapidement vers l’atmosphère, entraînant des nuits particulièrement froides.
C’est pourquoi, à l’Alpe d’Huez, les journées sont souvent douces sous le soleil, mais les températures chutent brutalement une fois la nuit tombée, ce qui veut dire pour l’enneigement du domaine que celui-ci tend à être plus préservé par le froid ambiant qui règne sur la station, un paradoxe qui contrebalance l’exposition face sud du domaine (qui, en principe, dégrade la qualité de la neige).